François Biltgen a juré, lundi, devant ses pairs d’exercer ses nouvelles fonctions de juge à la Cour de justice de l’UE en toute impartialité et en toute conscience et promis de ne rien divulguer du secret des délibérations d’une des rares institutions de l’Union européenne à la crédibilité intacte.
Engoncé dans son costume, l’ancien ministre CSV de la Justice – et des Cultes (entre autres) –, qui avait démissionné au printemps dernier pour se consacrer à la préparation de son examen de passage devant le «comité 255» des experts chargés de contrôler ses compétences en droit européen, donnait l’impression d’être un premier communiant devant les juges.
La vedette de la soirée, ce n’était pourtant pas lui, mais celui qu’il va remplacer jusqu’à la fin de son mandat jusqu’au 6 octobre 2015: Jean-Jacques Kasel, juge luxembourgeois démissionnaire. Le président de la Cour Vassilios Skouris lui a rendu un hommage appuyé, alors que la carrière de M. Kasel à la Cour fut relativement brève, six ans au total.
«Un juge favorisant les compromis»
Saluant l’aisance avec laquelle il avait intégré l’institution et la rapidité avec laquelle il était rentré dans le feu de l’action, le président de la Cour a dressé le palmarès de l’œuvre juridictionnelle de Jean-Jacques Kasel à la 1re chambre où le juge luxembourgeois a pu se faire une réputation. À la fois pour «maximiser la protection du consommateur» et pour baliser la protection des demandeurs d’asile et de leurs droits fondamentaux contre les États qui dégainent un peu trop vite pour les expulser de leur territoire. «Vous avez été un juge favorisant les compromis et les synthèses des différents points de vue», a indiqué M. Skouris.
«Je n’ai fait qu’accepter mon devoir», s’est modestement défendu Jean-Jacques Kasel devant un tel torrent d’éloges. «Faire le droit de l’Union est une chose, dire le droit et l’appliquer est une démarche bien plus redoutable», a expliqué le juge démissionnaire, estimant que le prestige et l’adhésion que la Cour de justice suscite dans le public reposaient «sur le principe du respect des règles du droit envers et contre de redoutables critiques, sans hausser le ton».
Verdict secret
Et de souhaiter «bonne chance» à François Biltgen dans sa nouvelle affectation «à laquelle il s’est parfaitement préparé». Le verdict du comité des experts qui ont validé la candidature de l’ancien ministre CSV n’a pas été rendu public.
Vassilios Skouris a en tout cas déclaré avoir «apprécié hautement» le fait que le seul candidat luxembourgeois au remplacement de Jean-Jacques Kasel ait démissionné de son poste au gouvernement pour mettre toutes les chances de son côté. Et faire un peu oublier qu’il doit davantage sa nomination à sa filiation politique qu’à son talent de juriste. Jusqu’à la preuve du contraire.