Après une visite de travail en juillet dernier menée par Xavier Bettel, place à une visite d’État conduite par le Grand-Duc. Une première en quarante ans. (Photo: Anthony Devez / Archives)

Après une visite de travail en juillet dernier menée par Xavier Bettel, place à une visite d’État conduite par le Grand-Duc. Une première en quarante ans. (Photo: Anthony Devez / Archives)

Quelque 74 entreprises seront du voyage, sans compter les organisations comme Luxinnovation ou encore l’Université, qui vont compléter la délégation de nombreux officiels. Pour le pays voisin, principal partenaire économique, les Luxembourgeois seront donc en force pour cette visite d’État historique, la dernière datant de 1978, à l'époque du Grand-Duc Jean.

«C’est la plus grosse délégation économique à l’étranger de l’histoire», explique le directeur général de la Chambre de commerce Carlo Thelen, «et ce qui est intéressant, c’est qu’elle est très multi-sectorielle. Elle reflète les trois piliers de cette visite: la logistique, l’ICT et l’industrie créative et audiovisuelle. De fait, cela permettra de montrer une véritable diversité de l’économie luxembourgeoise.»

Si la relation semble être au beau fixe entre Xavier Bettel et Emmanuel Macron, qui se sont rencontrés plusieurs fois, il reste encore du travail à faire quant à l’image du Luxembourg dans l’Hexagone: «Le but de cette visite est de consolider les liens d’amitié entre les deux pays», note Martial de Calbiac, président de la Chambre de commerce française au Luxembourg (CFCI), «il y a encore un certain Luxembourg bashing qui persiste».

Remettre le focus sur les relations entre la France et le Luxembourg.

Robert Dennewald, vice-président de la Chambre de commerce

Le directeur général de la Chambre de commerce concède qu’il y a du travail à faire: «L’économie du Luxembourg est encore mal connue, surtout vue de Paris. Nous avons créé un business club car les entreprises françaises au Luxembourg sont nos meilleurs ambassadeurs. En tant que voisins, on pense se connaître, mais ce n’est pas forcément le cas.» Un film de témoignages de Français habitant au Luxembourg sera également diffusé au cours de la visite d’État.

Des grandes familles

Car si les Luxembourgeois veulent soigner leurs relations avec les Français, c’est parce que nos voisins représentent un grand marché: «Cette visite, c’est l’occasion de soigner ceux qu’on connaît», selon Robert Dennewald, président de Contern, «de continuer à entretenir de bonnes relations, mais c’est aussi donner de la visibilité au Luxembourg». Ce dernier fera partie de la délégation économique avec plusieurs casquettes: vice-président de la Chambre de commerce, président des Chaux de Contern, mais aussi président d’Apateq.

D’ici 2020, tous les gros cargos et porte-containers vont devoir s’équiper de système d’eau de lavage des gaz d’échappement de leurs navires. Il s'agit de traiter l'eau contaminée résultant du lavage des gaz d'échappement par des épurateurs, générés lors de la combustion dans les moteurs des grands navires, ainsi que l'eau de processus provenant de la recirculation des gaz d'échappement. Un créneau dans lequel se spécialise Apateq, qui est dans le secteur de la gestion des eaux usées. «C’est une bonne occasion de rencontrer des prospects maritimes pour développer notre activité», poursuit Robert Dennewald, «et même chose pour le fonds HLD Europe, composé de grandes familles françaises qui ont fait le choix du Luxembourg. Cette visite d’État permettra de remettre le focus sur les relations entre la France et le Luxembourg.»

Mobilité et télétravail

Car au-delà du volet économique, les chefs d’entreprise seront également très intéressés de suivre les discussions qui concernent les travailleurs frontaliers: «La mobilité et les infrastructures vont être au cœur des discussions politiques», estime Martial de Calbiac. «L’ancien patron d’Auchan n’avait qu’une peur, car en cas de gros problèmes sur les rails ou un accident sur l’autoroute, c’est la moitié de ses caissières qui n’allaient pas être à l’heure à leur poste. Le Luxembourg est plus souple pour prendre des décisions, tandis que la France a plus de difficultés avec ses différents niveaux, départements, régions, états, ça va être plus compliqué.»

Il y a 95.000 frontaliers français qui viennent quotidiennement travailler au Luxembourg, c’est beaucoup.

Carlo Thelen, directeur général de la Chambre de commerce

En parallèle à la mobilité, les discussions sur le télétravail vont également intéresser les entreprises: «Cela fait partie intégrante des discussions sur la mobilité», poursuit le président de la CFCI. «Il faut des règles claires pour éviter que ces travailleurs soient exposés à des risques fiscaux. Pour les salariés de type administratif, il y a des possibilités évidentes, cela désengorgerait beaucoup les trains et les routes. Mais pour pouvoir l’organiser, il faut des règles claires.»

Pour Carlo Thelen également, la question du télétravail est essentielle: «Il y a 95.000 frontaliers français qui viennent quotidiennement travailler au Luxembourg, c’est beaucoup. Il faut évidemment résoudre les problèmes de fiscalité, mais le télétravail est un potentiel qui est pour le moment largement sous-exploité.»

Le ministère des Finances vient d'envoyer ce vendredi un premier signal en dévoilant les contours de la version revue de la convention fiscale entre les deux pays et dont la version amendée devrait être signée la semaine prochaine à Paris.