Jerry Grbic, André Poorters et Charles Wagener. (Photo: Christophe Olinger)

Jerry Grbic, André Poorters et Charles Wagener. (Photo: Christophe Olinger)

Stabilité, discrétion et proximité vis-à-vis des clients font partie des valeurs clés que la banque Fortuna met en avant sur le marché depuis sa fondation en 1920, sur le modèle d’une société coopérative. 

Près d’un siècle plus tard, l’actionnariat de la PME qui emploie une vingtaine de personnes est recentré autour de quelques familles, parmi les 449 particuliers luxembourgeois qui en détiennent son capital. Afin d’entamer une nouvelle phase de son développement – avec la prudence nécessaire qui est souvent citée dans son rapport de gestion  la banque a opéré un changement dans sa gouvernance.

André Poorters arrive à la présidence du conseil d’administration, succédant à André Wilwert, en poste depuis 2010. Il demeure membre du CA en tant que président honoraire. 

Actif par ailleurs en politique en tant que bourgmestre de Consdorf, M. Poorters connaît bien la place bancaire luxembourgeoise depuis une trentaine d’années, en particulier au sein de la Bil où il a notamment occupé des fonctions de direction dans la banque de détail et dirigé le département «Entreprises et Finances publiques.»

«J’entends continuer mon action sur les rails avec la volonté de faire en sorte que Fortuna puisse avoir place dans le monde bancaire», déclare André Poorters qui observe que le positionnement de la banque, loin des actifs et produits à risque, lui a évité des soucis durant la crise de 2008. 

Quant à la direction opérationnelle, elle est assurée par Charles Wagener – chez Fortuna depuis 40 ans – qui compose désormais un tandem avec Jerry Grbic, devenant directeur général adjoint. «Je me suis retrouvé dans la philosophie de la banque qui se considère comme partenaire, conseiller et pas vendeur de produits», commente-t-il.

Le jeune dirigeant a rejoint la banque il y a deux ans et demi, également après un parcours à la Bil puis chez Degroof. Cette promotion d’une nouvelle génération s’inscrit dans un processus de passage de témoin.

«Il est appréciable de prévoir la reprise et pas seulement six mois avant que la question ne se pose, ajoute Charles Wagener. Cette configuration est confortable pour tout le monde et découle de notre culture.»

Mike Felten complète le trio de tête en tant que directeur.  

Le private banking, en mode local

Il est loin le temps où la banque se focalisait uniquement sur le crédit et l’épargne. La palette des produits a été élargie avec une satisfaction l’an dernier du côté de la production de prêts hypothécaires qui ont été générés à hauteur de 70% auprès de nouveaux clients. Avec une clientèle à 96% locale, de tous horizons, la banque est épargnée des problématiques entourant la fin du secret bancaire. 

L’une des ambitions pour Fortuna, qui ne dispose pas de réseau d’agences contrairement à ses concurrentes, est justement de rester proche de ses clients par l’action de ses commerciaux, tout en investissant davantage dans les outils digitaux, sur base de développements réalisés en interne. 

Comme toutes les autres banques de la Place, Fortuna compose aussi son agenda en fonction de l’évolution réglementaire, pas toujours favorable aux institutions de plus petite taille quant à l’amortissement des coûts. À l’inverse, d’autres obligations telles que la connaissance du client (know your customer) sont plus faciles à mettre en place pour une structure flexible.

«Le Luxembourgeois peut choisir une grande banque avec le souci potentiel du manque de discrétion et un centre décisionnaire qui se trouve à l’étranger, observe André Poorters.  Nous mettons un point d’honneur à engager du personnel qui puisse parler le luxembourgeois et donc comprendre la culture du pays.»

Un ancrage local qui vaut pour les plus jeunes clients – jusque 35 ans – auxquels des produits sont dédiés ainsi que pour la clientèle du personal banking, dans un segment entre 50.000 et 500.000 euros.

«En période de taux d’intérêt bas, nos clients recherchent des alternatives d’investissement, c’est la raison pour laquelle nous voulons aussi développer notre offre en private banking en visant une clientèle plus aisée, de 500.000 euros à 2 voire 3 millions d’euros», ajoute  Jerry Grbic.

La récente acquisition de la société de conseils financiers et de planification patrimoniale Finadvice (déjà partenaire de la banque auparavant) participe à cette logique.