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La ministre de la Culture, Erna Hennicot-Schoepges, le ministre délégué aux Communications, François Biltgen, accompagnés par le directeur du Fonds national de soutien à la production audiovisuelle, Guy Daleiden, et son équipe, avaient de quoi être souriants lors de la présentation du rapport annuel de ce même Fonspa: ses chiffres sont excellents. 

A retenir principalement: 2.287.305,37 Euro d'aides financières sélectives pour 2001 (+31% par rapport à 2000), et 50.018.948,32 Euro, soit la valeur faciale des certificats d'investissement audiovisuels (CIAV) pour 2001, en progression de? 35%! Le détail ci-après ?

Si le nombre de demandes d'aides introduites auprès du Fonspa pour ce qui concerne les aides financières sélectives n'a pas beaucoup varié depuis l'année dernière, voire un peu baissé (54 en 2001, 57 en 2000), le montant global alloué a, quant à lui, largement fait exploser les performances du Fonspa. Au rayon des aides non remboursables, on trouve une aide à la promotion (inter)nationale d'un montant de 39.693,11 Euro, répartie sur les 12 projets qui en avaient fait la demande.

Les 2.287.305,37 Euro mis à disposition par le fonds en tant qu'avances sur recettes et partagés entre 13 projets se répartissent quant à eux de la façon suivante:

- Aides au développement de projets (et aides à l'écriture): 112,544,33 Euro, soit 5% des aides sélectives;

- Aides à la production: 2.157.913.33 (+33% par rapport à 2000), soit 94%;

- Aides à la distribution internationale: 16.847,91 Euro (pour "L'amour en suspens", de Samsa Film), soit 1%.

Statistiquement, 80% des aides allouées l'ont été pour la création de long métrages, 16% pour les courts-métrages et 4% pour les documentaires.

Les aides sélectives ne sont pas les seuls ?coups de pouce? ? c'est un euphémisme! - que le Fonspa donne à l'industrie cinématographique luxembourgeoise. Il faut bien sûr compter avec les "certificats d'investissement audiovisuels" ? ou "CIAV"-, qui permettent aux investisseurs privés de bénéficier de réductions fiscales s'ils soutiennent les oeuvres des 16 sociétés de production luxembourgeoises agréées à ce jour aux CIAV.

Le Fonspa insiste: "comparé à l'année précédente, le total de la valeur faciale des certificats d'investissement audiovisuel émis dans le courant de l'année 2001 a progressé de 35%: EUR 50.018.948,32 contre EUR 36.972.542,79 en 2000. Il s'agit du chiffre le plus élevé depuis 1988, année de création de la loi sur les certificats d'investissement audiovisuel ".

On compte par exemple, parmi ces oeuvres, le dessin animé "Tristan et Iseut" d'Oniria Productions (le secteur de l'animation représente 7% des CIAV émis en 2001), le documentaire "Histoires de jeunesse" de Samsa Film (documentaires: 1%), le long métrage "Jaime" du même Samsa Film (pour la post-production, 4% des CIAV de 2001), mais aussi, évidemment, pour 88%, des oeuvres de cinéma (88%): les longs métrages "Secret Passage" (Delux Productions), "Un honnête commerçant" (Samsa Film), "Dog soldiers" (The Carousel Picture Company), "Le Club des chômeurs" (Iris Productions), ou encore "Une part du ciel' (Tarantula Luxembourg), et des films de télévision comme "One dance, one song" (Tarantula Luxembourg). Et la liste n'est pas exhaustive: ce ne sont pas moins de 31 projets qui ont été déposés en 2001, tous ayant obtenu l'agrément pour bénéficier du régime de réductions fiscales.

Aides financières sélectives, CIAV, le Luxembourg ne s'arrête pas là, puisque le Fonspa a dépensé, en 2001, 38.656,07 Euro en "subsides divers" (comme les bourses d'études), participé pour la première fois au "Prix Kieslowski" pour un montant de 14.873,61 (ce prix permet de réaliser des courts-métrages, dont un luxembourgeois), et ouvert encore une fois le porte-monnaie (un grand porte-monnaie, qui contenait 39.693,11 Euro) pour la promotion (inter)nationale des oeuvres luxembourgeoises et de son industrie cinématographique.

Et comme il n'est pas que question d'aides financières dans le travail quotidien du Fonspa, le rapport annuel 2001 rappelle la participation du Fonds aux manifestations internationales telles que le Festival du Film de Berlin ? où Dan Wiroth a reçu un 'Teddy Award' pour le court-métrage "Eré Méla Méla" -, ou encore le Festival International du Film de Cannes, où Donato Rotunno (Tarantula Luxembourg) représentait le Grand-Duché à la manifestation "Producers on the move" et où la co-production de Jimmy de Brabant (Delux Productions) et? Francis Ford Coppola (American Zoetrope), "CQ", entièrement 'made in Luxembourg' (mais dont le réalisateur est l'Américain Roman Coppola) avait été présentée hors compétition.

C'est tout? Non! Soutien à l'édition 2001 du Festival SaarLorLux du film et de la vidéo; présence au Marché international du film d'animation d'Annecy, avec 7 sociétés et studios d'animation luxembourgeois; concours de scénarios ? une main ferme dans un gant de velours: aucun scénario n'étant assez abouti aux yeux du Fonspa, le 1er prix, soit 12,394,68 Euro, n'a pas été remis, mais deux autres prix ont été décernés, chacun pour un montant de 2.478,94 Euro -. Au dernier Festival de Cannes, François Biltgen a par ailleurs signé avec la France un accord de coproduction audiovisuelle afin de "promouvoir et encourager le développement de productions bilatérales, de renforcer les échanges culturels et économiques, et de favoriser la coopération entre les professionnels du 7e art". L'accord permet également d'accorder aux oeuvres cinématographiques les nationalités française et luxembourgeoise. On chuchote qu'un accord semblable avec l'Allemagne pourrait voir le jour en 2002.

Les différentes initiatives du Fonspa ? et du gouvernement luxembourgeois! ? pour développer l'industrie cinématographique grand-ducale portent déjà leurs fruits, à différents niveaux. Le secteur compte environ 600 travailleurs, et a reçu ces derniers mois plusieurs distinctions: le prix Média 2001 a été attribué à "Une liaison pornographique" (Samsa Film), le "Tristan et Iseut" d'Oniria Production continue son petit bonhomme de chemin dans les festivals internationaux, "The Musketeer", produit par The Carousel Picture Company (Romain Schroeder, Tom Reeve), a été projeté en avant-première du Festival du cinéma américain de Deauville? et avait atteint le sommet du box-office américain lors du premier week-end de sa sortie, début septembre 2001.

Last but not least, "Shadow of the Vampire", coproduit par Delux Productions, a permis à Willem Dafoe d'être nominé aux Golden Globes et aux Oscars (autre nomination du film aux Oscars: maquillage).

Le Luxembourg possède une législation attrayante, un fonds de soutien dynamique et un gouvernement sensibilisé à l'audiovisuel, des techniciens et autres professionnels de haut vol (à noter qu'une réforme sur le statut de l'artiste trotte dans la tête de la ministre de la Culture), bref, un entrain (pour ne citer qu'un exemple: la construction des studios de The Carousel Picture Company et de Delux Productions) et tout cela paye: succès, récompenses, coproductions sont de la partie.

L'industrie cinématographique luxembourgeoise est loin d'être un Petit Poucet (Cinenygma,?)! Les derniers sceptiques pourront le vérifier sur http://www.filmfund.lu, le site officiel du Fonspa, qui vient d'être lancé. En anglais. Parce que le secteur audiovisuel s'exporte et s'exportera encore longtemps?