Le SOS posé par les sidérurgistes devant la « vierge de Hayange », qui surplombe la vallée, est plus que jamais d’actualité. (Photo : CFDT)

Le SOS posé par les sidérurgistes devant la « vierge de Hayange », qui surplombe la vallée, est plus que jamais d’actualité. (Photo : CFDT)

Florange est devenu un haut lieu de la résistance de l’industrie lourde face à la logique multinationale. Dans le contexte de la campagne électorale française, alors que les candidats de tous bords, président-candidat en tête, se lancent dans des envolées économico-patriotiques en faveur du site lorrain, sur le terrain, les positions se durcissent.

Les hauts fourneaux de Florange sont toujours à l’arrêt. Et les sidérurgistes en colère, de plus en plus soutenus par la population et les élus locaux, campent toujours sur place.

Arrêt de mort

Les syndicats montent encore le ton. Ils ont estimé, ce jeudi, que la direction avait « signé l'arrêt de mort » de l’usine de Florange : il a été annoncé devant un comité central d'entreprise que le site lorrain allait être alimenté par de l’acier… importé de Russie. 200 à 300 métallurgistes bloquent désormais la sortie des expéditions du site.

Edouard Martin, le porte-parole de la CFDT - qui est en train de devenir une icône syndicale dans l’Hexagone, à l’instar de son collègue de la CGT Yves Fabbri -, est cité par la plupart des médias : « La direction s'était engagée à redémarrer nos hauts fourneaux, si le site de Dunkerque n'arrivait pas à alimenter le train à chaud lorrain en acier, explique-t-il. Au lieu de ça, la direction nous annonce l'achat de 60.000 tonnes de métal en Russie. Elle vient tout simplement de signer l'arrêt de mort de Florange. Si certains avaient encore un doute sur la fin programmée de notre usine… »

« Industriel responsable »

De son côté, le PDG d’ArcelorMittal France, Hervé Bourrier, temporise, dans un communiqué. «ArcelorMittal Atlantique et Lorraine a présenté son projet de prolongation de l’arrêt temporaire d'une partie des installations de Florange pour le deuxième trimestre de l'année 2012 ainsi que le maintien de l'ensemble des mesures permettant le redémarrage des installations dès que les conditions de marché le permettront », souligne-t-il.

Il précise que cette décision est « pleinement justifiée » par le contexte économique et industriel actuel en Europe. « La reprise sera lente, avec des perspectives de retour à la situation de 2008 plus éloignées que prévu. »

Pour lui, il y un problème d’offre et de demande. « ArcelorMittal agit en industriel responsable. Il ne peut en aucun cas produire de l’acier qu’il ne pourra pas vendre. Mais le devoir d’ArcelorMittal en tant qu’industriel responsable est d’assurer la pérennité de l’entreprise sur le long terme dans l’intérêt de l’ensemble des sites européens. »

La France, « priorité du groupe »

Quant au conflit de Florange, le PDG affirme que « l’arrêt temporaire actuel est géré en étroite concertation avec les représentants du personnel. Il n’y a eu aucun licenciement. L’arrêt temporaire concerne 500 salariés, actuellement en chômage partiel, pour lesquels a été mis en place un dispositif d’accompagnement. Par ailleurs, le site de Florange emploie 2800 personnes au total et comprend plusieurs autres activités (laminoir à chaud et laminoir à froid, cokerie, lignes de revêtement, finition, etc.) qui fonctionnent parfaitement. »

Comme pour donner un écho aux discours politiques, Hervé Bourrier déclare que « la France reste une priorité pour le groupe. ArcelorMittal entend y rester un acteur fondamental et continuera d’y investir de manière régulière sur les différents sites. La France représente un pôle d’excellence d’ArcelorMittal en matière de recherche et de développement, tout particulièrement en Lorraine où se trouve historiquement le savoir-faire français en matière sidérurgique. »