Chris Marcilla, country manager de Flashiz International, mise avec Fexco sur le développement B2B hors du pays. ( Photo : Charles Caratini / archives )

Chris Marcilla, country manager de Flashiz International, mise avec Fexco sur le développement B2B hors du pays. ( Photo : Charles Caratini / archives )

La solution Flashiz ne fonctionnera bientôt plus, en tant que porte-monnaie électronique, sur les mobiles des consommateurs au Luxembourg. «La fin du service est fixée au 19 décembre», confirme Chris Marcilla, country manager de Flashiz International, la société luxembourgeoise créée pour développer la solution de e-payment (issue de la start-up Mobey), elle-même intégrée dans le groupe irlandais Fexco.

«Bien évidemment, tous les clients qui ont encore du cash sur le compte Flashiz sont ou seront remboursés, quel que soit le délai», souligne le dirigeant. Tout cela s’opère en toute transparence, avec le suivi ad hoc de la CSSF. Les clients ont été prévenus et auront des rappels. Le remboursement se fait après clôture du compte et le consommateur peut s’adresser directement par mail à la société pour obtenir tous les éléments nécessaires.

Un taux d’adoption 5 à 10 fois supérieur

Mais, derrière cette opération de retrait du marché local, qui ne concerne que l’utilisateur final, il y a une stratégie en évolution assez radicale. «Un pivot stratégique», souligne Chris Marcilla. Et cette évolution implique un repositionnement de la base historique luxembourgeoise.

«Nous sommes, depuis le début de l’aventure au Luxembourg, dans un laboratoire formidable. La question qui s’est posée, avec notre actionnaire irlandais, est celle de la transformation en industrie», résume le country manager, en charge aussi du business development international pour la solution. Le B2C et le B2B avaient été lancés en parallèle. Le B2C s’avère décevant. «Le constat, c’est qu’il y a trop de frictions sur le marché local», en l’occurrence entre l’adhésion théorique et l’ouverture aux moyens de e-payment déclarées par les consommateurs potentiels et le taux d’utilisateurs réels. «Nous obtenons un taux d’adoption 5 à 10 fois supérieur sur de gros marchés européens ou asiatiques.»

La France et l'Indonésie

Si l'Espagne s'est avérée décevante également, alors que de gros espoirs y étaient placés, la France est un marché emblématique, en pleine explosion pour Fexco et la solution Flashiz, avec surtout un gros client porteur, Leclerc et ses centres commerciaux, qui ouvre des perspectives énormes.

C’est l’axe B2B de référence: la marque forte qui peut offrir le service supérieur à ses clients et bénéficier de données (très précieuses et donc coûteuses s’il faut les trouver ailleurs) bien plus accessibles que via les paiements par cartes de crédit par exemple.

Outre l’Europe, l’Asie ouvre de gros potentiels. Flashiz International, avec Fexco, a créé une joint-venture en Indonésie, où les perspectives de croissance semblent sympathiques. «2015 sera une année pivot. Notre objectif de croissance est nourri par de belles ambitions confortées par le terrain», glisse Chris Marcilla, sans dévoiler de chiffres plus stratégiques.

18 personnes, puis 10, au Lux Future Lab

Pour être très clair, le développement à l’international modifie aussi le positionnement de la base historique, au Luxembourg. Elle reste, bien évidemment, mais elle n’a plus le développement qui lui était prédit il y a encore un an.

Sous l'égide du groupe Fexco, et bien que le fondateur et CEO historique, Alexandre Rochegude, ait pris la tangente, l'ancrage local reste assuré, au Lux Future Lab, avec 18 personnes pour l’instant. Une partie de l’effectif, voué à la R&D, a été redirigée vers l’Irlande, fief de Fexco, où la veille et l’amélioration technologiques sont des fers de lance évidents, mais qui faisaient doublons avec les talents recrutés à Luxembourg par Flashiz. L'opération transfert est en cours.

Flashiz International compte toujours sur Mobey et sur Fidelity Street, axées sur le développement commercial international. Le Luxembourg conserve la gestion de la stratégie commerciale et l’administration centrale. L’élan d’embauches s’est cependant inversé, puisque Flashiz, à la fin de l’année 2015, devrait encore compter une dizaine de collaborateurs au Luxembourg (il y en avait une quinzaine à l’été 2012 et près du double il y a un an). Quant à la technologie développée puis commercialisée du Luxembourg, elle a pris son envol international, et fait flotter le pavillon technologique luxembourgeois sous la bannière irlandaise flottant dans le monde du e-payment et du e-commerce.

Sous certains aspects et toutes proportions gardées, l'histoire n'est, du coup, pas sans rappeler celle de Skype qui, n'en déplaise aux esprits chagrins, est bel et bien partie d'un incubateur eschois, de capitaux entrepreneuriaux grand-ducaux et d'initiatives luxembourgeoises que d'autres ne voulaient pas prendre ailleurs.