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First Tuesday, vous connaissez? Depuis son lancement au Luxembourg il y a tout juste un an, le First Tuesday est devenu le rendez-vous mensuel par excellence de la Net Economie. Tous les premiers mardis du mois, entrepreneurs, investisseurs et autres protagonistes de l'Internet se côtoient dans ces rencontres informelles. Un véritable bouillonnement d'idées, d'expériences, de talents et de compétences, le First Tuesday constitue un forum privilégié de "réseautage" en offrant la possibilité aux participants de rechercher du financement, des partenaires ou des prestataires de services. De plus, c'est une occasion d'écouter les interventions de jeunes entreprises et de personnalités luxembourgeoises.

Mais First Tuesday ne se limite pas qu'au Luxembourg. Tout a démarré à Londres en octobre 1998, dans un bar de Soho, à l'initiative de quatre amis qui avaient pour ambition de créer un réseau pour les acteurs de la Net Economie. Pour faciliter les échanges, les participants portent des étiquettes à leur nom de couleur différente selon leur appartenance: jaune pour les entrepreneurs, verte pour les investisseurs, rouge pour les épris d'Internet. Ces manifestations ont rapidement connu le succès et, à l'instigation d'équipes fondatrices locales, se sont propagées à l'international sur le modèle londonien depuis septembre 1999. Aujourd'hui, First Tuesday, c'est un réseau global présent dans plus de cent villes sur les cinq continents. First Tuesday Ltd, société initialement constituée par les fondateurs londoniens, a très tôt déposé la marque au niveau mondial et a distribué des licences aux équipes locales qui ont dès lors pu établir et développer First Tuesday sur leurs marchés respectifs. En juillet 2000, les fondateurs anglais ont pris la décision de vendre leur société, First Tuesday Ltd, au leveur de fond américain Yazam qui a actuellement des doutes sur la pertinence de son investissement et pense liquider les opérations. En dehors de Londres, des structures autonomes détenues par les fondateurs locaux gèrent les First Tuesday de façon indépendante, assurant une parfaite adaptation des initiatives et du format des activités au marché.

A l'occasion du premier anniversaire du First Tuesday Luxembourg, nous avons souhaité faire le bilan des activités, revenir sur les motivations et les résultats pour entrevoir ce que l'avenir First Tuesday nous réserve. Steve Glangé, co-fondateur et organisateur de First Tuesday Luxembourg, nous a livré ces propos?

Comment vous est venue l'idée de créer le First Tuesday à Luxembourg? Quelle est la mission du FT Luxembourg?

Steve Glangé: "Ayant lu, fin 1999, certains articles et commentaires dans l'e-zine NowEurope de Steve Carlson au sujet de First Tuesday, je me suis permis de demander où se déroulerait le prochain First Tuesday dans ma région. Le lendemain, Julie Meyer, fondatrice de First Tuesday, m'affirmait dans un e-mail qu'il n'y en avait pas en me demandant si j'étais intéressé d'en lancer un. Après une brève étude de marché, je me suis rendu compte du besoin de créer un lieu de rencontre unique et original pour les acteurs des nouveaux médias dans la Grande Région. Étant conscient que je ne pouvais lancer un tel événement sans soutien médiatique, j'avais contacté mké pour un tel soutien et ce dernier m'a renvoyé à XYZ Productions dont je connaissais déjà le directeur François Altwies. Après en avoir parlé un peu dans mon entourage, Yvon Lauret, actuellement directeur chez Accenture, m'avait confirmé son intérêt pour participer à l'aventure. C'est ainsi que les 3 membres fondateurs se sont réunis. Nous voyons la mission de First Tuesday Luxembourg comme la création d'un lieu de rencontre unique, original, intéressant et mensuel pour les acteurs des nouveaux médias. Mais avec une extension assez rapide, déjà entamée à tous les domaines d'activité. En d'autres mots, nous voulons être "le" lieu de rencontre et le point d'entrée incontournable pour la Grande Région en ce qui concerne la création d'entreprise et d'entrepreneuriat. Nous voulons faire bénéficier tous les acteurs de notre network international et nous les invitons à nous rejoindre dès le premier contact. Pour l'instant, nous nous limitons à la création d'un lieu de rencontre, bien qu'étant conscients qu'il y a un besoin de services facilitateurs. Notre fonctionnement se résume pour l'instant au sponsoring et aux échanges en nature."

Depuis un an, quel bilan pouvez-vous faire? Quelles tendances voyez-vous dans le marché luxembourgeois en ce qui concerne l'entrepreneurship, les investisseurs, l'aide à la création d'entreprise, etc.?

Steve Glangé: "Les deux premiers événements en février et mars 2000 furent payés de notre poche, car notre modèle repose sur le sponsoring et le partenariat en nature. Nous avons remarqué qu'il est plus facile de sécuriser des échanges en nature que du sponsoring indispensable pour la fourniture de services professionnels envers nos membres. Le nombre d'inscriptions est passé de 3 à presque 1.200 en février 2001, tout comme le nombre des participants lors de nos événements classiques qui est passé de 30 à une moyenne de 120. Nous sommes également fiers de pouvoir annoncer un partenariat de qualité avec Audiovision et Oxygen dans le domaine de la communication afin de renforcer notre présence médiatique. Sur la qualité des participants, nous ne pouvons nous prononcer, mais en résumé, les participants se sont adaptés et ont appris à maîtriser tout doucement les règles du jeu du "networking". Le capital risque peut prendre différentes facettes (par exemple la table ronde sur le venture capital ce 14 février à l'occasion de notre premier anniversaire), et il est donc difficile de donner des résultats concrets. Ce que nous pouvons affirmer est que certains porteurs de projets ont trouvé des partenaires stratégiques ou même plus, par exemple Ubicall. D'autres nous ont affirmé qu'ils avaient trouvé en moyenne deux nouveaux clients par événement. Ce que nous avons constaté lors de cette première année, c'est qu'il y avait un besoin et un désir pour cette forme de financement, venture capital, et que même si les fonds étaient présents mais qu'il manque/ait une structure pour les accueillir et les construire. Notre région est riche en Business Angels, mais qui par nature sont plutôt actifs hors public et qui fonctionnent aussi souvent via leurs réseaux. Un autre défaut est/était que beaucoup de projets pouvaient être porteurs, mais manquaient de structure ou d'un bon business plan, donc en plus du capital, il faudrait investir des ressources et du temps. Aspects qui ne sont guère favorables pour attirer des investisseurs potentiels. Dans ce domaine, nous voyons une niche et une opportunité future pour nos services plus avancés. De plus, il n'existe pas (encore!) un endroit central où l'entrepreneur potentiel peut trouver les différentes sources de financements, des subsides, etc. Dans ce sens, nous invitons toutes les organisations à se manifester et à nous faire part de leurs services et produits afin de les promouvoir parmi nos membres."

A votre avis, comment le First Tuesday a-t-il contribué à l'économie du Luxembourg?

Steve Glangé: "Merci pour la question, mais nous nous estimerions plus qu'heureux ou flattés si les mots économie luxembourgeoise étaient associés un jour à First Tuesday Luxembourg. Mais trêve de plaisanterie, c'est vrai que nous essayons de nous positionner comme l'un des acteurs incontournables de la Grande Région en termes d'entrepreneuriat et financement de projets. Nous avons constaté depuis peu un certain intérêt de la part des autorités officielles et d'organismes pour notre association (qui, soit dit en passant, est une asbl) et aussi sont-ils en train de mettre sur pied quelques projets dans ce sens. Il est encore trop tôt pour en parler étant donné qu'il ne s'agit que de projets. D'un autre côté, nous avons constaté que beaucoup d'entrepreneurs en herbe ont eu le courage de s'exprimer et de faire les démarches nécessaires au premier lancement, et ce même du côté financier (bien qu'encore moins prononcé, mais restons optimistes)."

Qu'est-ce-qui, selon vous, pose le plus grand problème pour les starts-up au Luxembourg? Comment pourrait-on y remédier?

Steve Glangé: "Selon nous, le plus grand problème pour les start-ups au Luxembourg est la multitude de petits problèmes à résoudre avant de se lancer et après le lancement, s'occuper par exemple de la source et la nature du financement, l'utilisation de ce dernier, les ressources humaines, la logistique, le marché, la concurrence... Le seul moyen d'y remédier est de se lancer et de se démarquer afin d'attirer l'attention des parties concernées. Et naturellement de faire de son mieux et de n'oublier en aucun cas que des partenariats stratégiques valent parfois plus qu'un nouveau round de financement. Il n'est jamais fructueux de réinventer la roue."

Que pensez-vous des difficultés que rencontre le First Tuesday Londres (son investisseur Yazam n'est plus certain de la pertinence de son acquisition et envisage la mise en liquidation des opérations)? Qu'attendent vos sponsors/investisseurs et est-ce-que le même scénario risque de se produire au Luxembourg?

Steve Glangé: "Les "difficultés" auxquelles vous faites allusion ne nous concernent qu'en ce sens qu'elles génèrent des retombées médiatiques autour de First Tuesday. Il faut savoir que nous fonctionnons sur un modèle simplifié de franchise, c'est-à-dire nous avons le droit d'utiliser le nom First Tuesday dans la Grande Région, en contrepartie, nous citons les sponsors globaux (qui financent First Tuesday central) dans toutes nos communications. En ce qui concerne Yazam, nous ne pouvons pas vous en dire plus que ce qui est écrit dans la presse. Il existe des problèmes de confiance de la part de leurs investisseurs. Il faut noter que Yazam avait seulement acheté le nom First Tuesday et non le réseau et tous les intangibles derrière. Pour l'instant, nous avons communiqué à nos sponsors les mêmes informations et ils (EDS Luxembourg et SchneiderConsul-ting.lu) nous soutiennent encore et sont en négociation pour prolonger leur contrat annuel de sponsoring. En ce qui concerne nos partenaires, il y a même une intensification des services offerts. Pour le scénario, oui "why not", car personne n'est parfait, mais nous croyons que chaque partie a tiré des leçons de cette aventure."

Comment envisagez-vous l'avenir du First Tuesday Luxembourg? Quels sont vos projets?

Steve Glangé: "Laborieux et pleins d'expérience. En ce qui concerne les projets, nous envisageons d'offrir des services plus ciblés, comme par exemple le "Wireless Wednesday" (à savoir la transposition de la philosophie du First Tuesday vers le domaine du wireless), le "MatchMaking" (c'est-à-dire récolter des business plans et les préférences des investisseurs pour ensuite les réunir autour d'une table après avoir fait une présélection des deux intervenants. Donc en gros optimiser le rendement éventuel de l'investisseur qui n'a plus besoin de faire le screening de base et l'entrepreneur dont les frais de voyages seront remboursés aura de fortes chances de minimiser sa perte de temps), le JobCenter, des articles de fonds, et plus d'internationalisme."

Après un an d'activités, le First Tuesday Luxembourg, en faisant preuve d'initiative et de discernement, a su donner un nouveau souffle à la lourde machine de l'entrepreunariat dans notre Région. Alors, vous, lecteurs, que vous soyez entrepreneur ou investisseur, institution ou PME, qu'attendez-vous pour vous manifester? Rendez-vous le premier mardi de chaque mois?

www.firsttuesday.lu