L'«ubérisation» du secteur arrivera mais avec certaines limites, indique Nicolas Mackel, CEO de Luxembourg for Finance. (Photo: Olivier Minaire / archives)

L'«ubérisation» du secteur arrivera mais avec certaines limites, indique Nicolas Mackel, CEO de Luxembourg for Finance. (Photo: Olivier Minaire / archives)

«Les fintech sont une réalité. Et il importe de développer un écosystème qui favorise la concertation entre les acteurs établis et les nouveaux acteurs que sont les start-up pour favoriser la création de nouvelles solutions. Et cela sans craindre l’'ubérisation', car je ne pense pas que cela arrivera, l’industrie financière n’étant pas comparable au secteur des taxis qui est un peu moins complexe et non soumis à une régulation comparable. Pour fédérer toute la communauté concernée, des outils sont créés comme la House of Fintech», a rappelé Nicolas Mackel, CEO de Luxembourg for Finance, lors de son discours introductif à la première journée des Luxembourg Internet Days  2015, organisés hier lundi et aujourd’hui à la Chambre de commerce, par Lu-Cix Asbl.

Face à une salle comble, Francine Closener n’a pas manqué de souligner combien le soutien aux start-up innovantes, notamment aux fintech, est effectivement une priorité nationale comme le confirment les diverses enveloppes financières dédiées au secteur et les investissements consentis pour que les infrastructures numériques du pays s’approchent de l’excellence.

La secrétaire d'État à l'Économie a notamment rappelé le récent lancement du programme «Fit4Start», une initiative gouvernementale visant à soutenir les start-up dès la phase de démarrage en proposant du financement et du coaching (l’admission se fait sur concours) ainsi que la création du «Seed Fund», qui vise, là encore, à soutenir les start-up ICT qui connaissent des difficultés de financement en phase d'amorçage.

Pendant que je vous parle, la même conversation se tient dans de nombreux endroits du monde.

 Nicolas Cary, cofondateur de Blockchain

Bref, les initiatives se multiplient et viennent enrichir le fameux écosystème des start-up et de l’innovation. Une dynamique dont il convient de se féliciter comme n’ont pas manqué de le souligner les entrepreneurs réunis autour de Nicolas Buck, le CEO de Seqvoia et président de Nyuko, lors d’une table ronde qui a réuni Geoffroy de Schrevel (le CEO de Gambit Finance Solutions), Jed Grant (le CEO de KYC3), Raoul Mulheims (CEO de Digicash) et Alain Rodermann (founding partner de Expon Capital). Mais il importe visiblement de passer la vitesse supérieure car ailleurs, aussi, ça bouge. «Pendant que je vous parle, la même conversation se tient dans de nombreux endroits du monde», pour reprendre les termes de Nicolas Cary, cofondateur de Blockchain lors de son intervention. Se hâter donc et viser le monde.

Ne pas rater le train

«Le Luxembourg ne doit pas rater le train des fintech. Il y a une fenêtre de 18 mois à deux ans. Ensuite, il sera trop tard. L’ensemble des Gafa (Google, Apple, Facebook, Amazon) se positionne dans ce domaine», a répété Geoffroy de Schrevel. Comme il est essentiel que les acteurs privés s’activent également et prennent la pleine mesure des enjeux. «Les banques ont la tête dans le guidon et n’ont pas même connaissance de ce qui se trame, pas conscience du risque car ce sont de véritables révolutions qui se dessinent et vont tout bousculer. Ce n’est pas l’argent qui manque pour financer ces innovations: 20 milliards de dollars ont été investis dans les fintech en 2015 dont 10 milliards rien qu’aux États-Unis», affirme Alain Rodermann «or, compte tenu de sa taille, de la puissance de la place financière, le pays a une carte à jouer. Les acteurs privés peuvent et doivent davantage collaborer avec les fintech ».

Le déploiement de Digicash (paiement via mobile) confirme que certains établissements bancaires de la Place sont disposés à s’investir. Mais la grande majorité d’entre elles doit revoir sa grille de lecture et son fonctionnement pour gagner en flexibilité et en réactivité. Le temps nécessaire pour «tester » une innovation apportée par une start-up est de trois ans, a précisé un intervenant dans le public. Comme l’a indiqué Jed Grant, le frein dans ce domaine est lié au fait que le «Luxembourg est pénalisé car les décisions se prennent ailleurs». D’où la nécessité d’accélérer, plus fort encore si, comme le souligne Nicolas Mackel, le Grand-duché ambitionne de devenir le «hub des fintech en Europe».

Les Luxembourg Internet Days se poursuivent aujourd’hui 8 décembre, avec deux autres thématiques, le cloud et la sécurité. Xavier Bettel, Premier ministre et ministre des Communications et des Médias, ouvre cette seconde journée.