Laurent Decaen et Grégory Centurione (Mazars Luxembourg), en haut, et Patrick Rochas et Philippe Slendzak (Fiduo) en bas.  (Photos: Charles Caratini)

Laurent Decaen et Grégory Centurione (Mazars Luxembourg), en haut, et Patrick Rochas et Philippe Slendzak (Fiduo) en bas.  (Photos: Charles Caratini)

Au 1er juillet, Mazars Luxembourg ne sera plus vraiment le même. Intégrée dans le groupe mondial Mazars (présent en direct dans plus de 61 pays sur tous les continents, avec 13.000 professionnels – dont 700 associés – auxquels s’ajoutent 21 autres pays dans lesquels la firme est active sous forme de joint-venture), l’entité luxembourgeoise a décider de recentrer ses activités sur ses métiers historiques, c’est-à-dire l’audit et l’expertise comptable, l’outsourcing, le conseil fiscal et le conseil aux entreprises au sens large. Exit, donc, toutes les activités de domiciliation et de secrétariat social, qui constituaient une particularité luxembourgeoise par rapport aux autres entités du réseau.

Cette séparation se fait néanmoins dans la plus grande des douceurs, puisque ce sont deux des associés de «l’ancien» Mazars, Philippe Slendzak et Patrick Rochas (ils étaient même deux des associés fondateurs de la société en 1996), qui reprennent cette activité au sein d’une nouvelle société baptisée Fiduo, qui emploiera une quarantaine de personnes sur les 120 que comptait la société, les 80 autres étant conservées au sein du «nouveau» Mazars, pris en mains par les deux autres associés Grégory Centurione et Laurent Decaen, au travers de Mazars Luxembourg (centré sur les activités d’audit) et d’une nouvelle filiale à 100% Mazars ATO (Accounting, Tax & Outsourcing).

La scission du chiffre d’affaires (11 millions d’euros) se fait également dans les mêmes proportions, avec quelque 4 millions d’euros pour Fiduo. La configuration des locaux de «l’ancien» Mazars, sur deux niveaux, permet, pour l’heure, une séparation physique des deux «nouvelles» entités qui conservent donc la même adresse.

Fiduo cible les PME

«Cela fait 25 ans que M. Rochas et moi-même sommes actifs sur la Place, explique Philippe Slendzak. Nous avons développé notre propre expertise et nous repartons avec une clientèle très fidèle, dont certains avec qui nous travaillions déjà bien avant de devenir Mazars.» Acteur redevenu solitaire sur le marché, quand Mazars apportait la puissance d’un réseau international intégré, Fiduo se laisse le temps de la réflexion quant à l’opportunité de s’associer à d’autres acteurs similaires dans d’autres pays. «Faut-il d’ailleurs absolument se lier à un réseau aussi intégré?, s’interroge M. Slendzak. Les possibilités sont nombreuses, y compris celle de garder une réelle autonomie dans son business.»

Fiduo entend cibler davantage le tissu des PME du pays. «Le métier que j’ai envie de continuer à faire, c’est celui de conseiller les chefs d’entreprise. C’est là que nous pouvons apporter le plus de valeur ajoutée», estime M. Slendzak.

Mazars sur la lancée

De son côté, Mazars Luxembourg va profiter de cette opération pour remettre en question et redéfinir sa propre stratégie avec des ambitions de très forte croissance clairement exprimées: «D’ici à cinq ans, nous voulons au minimum doubler, voire tripler notre taille au Luxembourg», annonce Grégory Centurione. «Sur les cinq dernières années, le groupe, au niveau mondial a doublé sa taille et connu encore plus de 14% de croissance en 2010, malgré la crise.»

Et d’évoquer, pour le Luxembourg, une croissance également à deux chiffres lors du dernier exercice (fiscalement clôturé fin août). «Cette success-story, nous voulons continuer à la matérialiser sur le marché luxembourgeois, sur nos métiers de base et auprès de représentants locaux de grands groupes internationaux», affirme-t-il, identifiant le secteur financier – qui représente environ un quart de son chiffre d’affaires local, fonds d’investissement compris – comme cible privilégiée.