Olivier Nardi (Sigma Conso) ( Photo : Olivier Minaire )

Olivier Nardi (Sigma Conso) ( Photo : Olivier Minaire )

Monsieur Nardi, la consolidation dans un groupe est une « chose ancienne ». L’exercice semble cependant plutôt douloureux… Pourquoi ces processus ne sont-ils pas encore correctement optimisés ?

« À mon sens, il y a lieu de distinguer les grands groupes qui ont, depuis longtemps pour la plupart, investi dans l’outil et la compétence, et ont ainsi optimisé leur processus de consolidation et de reporting. À côté de ces groupes, il y a, globalement, des entités de taille plus restreinte et les fonds real estate et private equity. Les groupes moins grands consolident très souvent par unique obligation légale et sont, dès lors, peu enclins à réellement investir afin d’optimiser ce processus. Cette position constitue, selon moi, une erreur d’appréciation au niveau de variables, telles que le temps passé pour réaliser les comptes consolidés, mais également la multiplication des sources potentielles d’erreurs dûes à des traitements essentiellement manuels. Il est vraiment paradoxal qu’une entité qui ne souhaite pas investir perde énormément de temps - et par conséquent de l’argent - pour réaliser ses états financiers consolidés, alors que tout pourrait aller bien plus vite, de manière bien plus fiable et souple, pour un investissement raisonnable et adapté aux besoins. Au niveau des fonds private equity et real estate qui font l’objet d’une obligation de consolider, la situation est relativement hétéroclite car elle dépend de manière générale des fiduciaires qui réalisent les états financiers consolidés de ces derniers. S’il y a un volume suffisant, les fiduciaires investissent généralement dans des outils performants. Les autres se débrouillent très souvent avec Excel et l’on rejoint alors la situation paradoxale des petits groupes mentionnée ci-dessus : perte de temps, traitements manuels nombreux, fichiers multiples et compliqués… Bien entendu, il y a toujours, à tous les niveaux, des exceptions.
 

Entre les différentes législations nationales et l’évolution des règles, il est difficile de suivre. N’est-ce pas là la première source de complexité de l’exercice ?

« La diversité des législations nationales est bien entendu une problématique dont il faut tenir compte en consolidation. Cette diversité se règle lors du processus d’homogénéisation des politiques comptables. Cela fait partie de la technicité du métier. Au niveau de l’évolution des règles, je prendrais comme exemple le cas des IFRS (International Financial Reporting Standards). Ces derniers ont connu, connaissent et connaîtront encore, de multiples changements qui peuvent rendre l’exercice complexe. Il s’agit essentiellement d’une complexité au niveau de l’information à mentionner dans les annexes aux comptes. Dans son souci de fournir une information complète et potentiellement prédictive, l’IASB publie des IFRS de plus en plus demandeur en termes d’informations comptables et extracomptables.

Ce qu’il faut savoir, c’est que, paradoxalement, ce sont les groupes qui publient en IFRS qui ont le processus de consolidation et de reporting les plus performants et les plus aboutis. La masse d’informations à fournir est telle que, sans de bons outils et une organisation bien huilée, vous n’irez pas loin. La dernière chose qu’un groupe souhaite, c’est de fournir de l’information en retard aux investisseurs. Nécessité fait loi, comme dit le dicton !
 

Les départements concernés, et les CFO, sont-ils assez proactifs dans ce domaine, en essayant de devancer les obligations qui leur sont faites, ainsi que les demandes de la direction générale ?

« Encore une fois, la situation est variée. Les grands groupes ont un processus relativement bien rôdé et investissent de plus en plus en outil BI (Business Intelligence), afin d’optimiser leurs analyses et leur processus de reporting. La consolidation nous fournit une donnée principalement comptable qui est nécessaire, mais pas suffisante, pour une analyse à la granularité fine. Le croisement de plusieurs outils traitant des informations qualitatives et quantitatives en provenance de différents domaines du groupe est indispensable si un groupe souhaite obtenir de l’information pertinente à injecter dans son processus de décisions. 

Bien entendu, toutes les entités n’ont pas les mêmes besoins et il n’est pas utile de surinvestir dans de multiples outils si cela n’est pas nécessaire. Notre expérience chez Sigma Conso est qu’un certain nombre d’intervenants sous-estiment non seulement la technicité à la base du processus de consolidation et de reporting mais également les nombreuses possibilités offertes par les outils disponibles. A côté de ce constat, il faut noter que nous allons vers une certaine prise de conscience au Grand-Duché et la plupart des intervenants de la consolidation souhaitent de plus en plus s’équiper d’outils de consolidation et de reporting leur permettant d’optimiser ce processus. Nous allons vers un mieux et cette tendance s’inscrit dans un renforcement du compliance déjà bien perceptible au niveau des comptes statutaires des sociétés.»