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 (Photo: Olivier Minaire / archives)

La Fedil, qui tient son assemblée générale annuelle ce jeudi soir, a rencontré la presse pour évoquer l’année 2012 et réagir aux annonces faites par le Premier ministre Jean-Claude Juncker, ce mercredi, au cœur de son discours sur l’état de la Nation. Le fait que le gouvernement ait placé les entreprises au cœur de ses déclarations a plutôt réjoui la fédération d’entreprises multisectorielle, principale représentante des industriels. «Nous partageons la vision du Premier ministre, qui précise que rien n’est plus comme avant, et la description de la situation économique, sociale et financière du pays qu’il a faite», explique Robert Dennewald, président de la Fedil. «Il a en outre souligné l’importance de l’industrie. On ne peut que s’en réjouir. Toutefois, si le gouvernement semble conscient des défis qu’il faut relever aujourd’hui, nous aurions aimé en apprendre un peu plus sur les recettes qu’il compte mettre en œuvre pour mieux faire à l’avenir.»

La Fedil, en effet, fait le constat d’une année 2012 difficile. Selon son président, 2013 sera tout aussi dure à négocier pour les entreprises de la place. «L’appareil productif est en panne de compétitivité et les entreprises sont affaiblies, faute d’investissements suffisants depuis plusieurs années, notamment dans le secteur industriel», poursuit-il. La production industrielle tout comme l’activité de la construction accusent une baisse de quelque 6% par rapport à 2011. Et le ralentissement ne ferait que s’accentuer, en particulier dans le secteur de la construction, au premier trimestre 2013. «Nous devons développer une stratégie globale en faveur du redressement de la compétitivité des entreprises qui doivent faire face à un prolongement du ralentissement économique, à une baisse de leurs marges, à des trésoreries fragiles et à un déficit d’investissement du fait d’un manque de visibilité, explique Robert Dennewald. La vulnérabilité des entreprises est accrue.»

Accueil mitigé

Sur les mesures annoncées par le Premier ministre, le président de la Fedil est plutôt mitigé. Selon lui, il faut faire mieux que gérer le mal du pays, pouvoir développer une vision à long terme tout en mettant en œuvre des solutions à court terme. «Les annonces sur les efforts à réaliser en matière de formation, de recherche et d’innovation sont évidemment les bienvenues. La diversification économique, d’ailleurs, a montré qu’elle pouvait porter des fruits, je pense notamment au secteur ICT. Il faut poursuivre l’effort, mais il s’agit là d’une vision à long terme, explique Robert Dennewald. Il faut, par ailleurs, veiller à améliorer la compétitivité, à travailler à une amélioration du fonctionnement du marché du travail et par un recalage des coûts salariaux dès aujourd’hui.»

Pour la fédération patronale, il faut que l’évolution des salaires reflète mieux l’évolution de la productivité et de la compétitivité. À l’heure actuelle, à cause notamment du maintien du mécanisme d’indexation, l’évolution des salaires se poursuit sans lien direct avec une perte en productivité et compétitivité. Enfin, selon la Fedil, c’est l’organisation du travail qui doit changer. «C’est le principal levier pour nous permettre de gagner en compétitivité sans engager de ressources supplémentaires. Malheureusement, toute tentative de la part des entreprises de mettre en place une plus grande flexibilité de l’organisation du travail est systématiquement bloquée par les syndicats. Et il est regrettable que le Premier ministre, dans sa déclaration, se soit prononcé contre un assouplissement des dispositions légales en la matière», ajoute Robert Dennewald.