Ambiance – Dans ses locaux au Kirchberg, où travaillent 300 salariés, Docler Holding tente de conserver une atmosphère start-up. (Photo: Jan Hanrion/Maison Moderne)

Ambiance – Dans ses locaux au Kirchberg, où travaillent 300 salariés, Docler Holding tente de conserver une atmosphère start-up. (Photo: Jan Hanrion/Maison Moderne)

Comment décririez-vous Docler Holding aujourd’hui?

György Gattyán. – «L’innovation est notre moteur et chacune de nos sociétés est innovante dans son domaine. Docler n’aurait pas ce succès sans ses experts et les compétences de ses employés. Notre équipe de recrutement a développé un savoir-faire pour recruter les meilleurs développeurs et codeurs du monde entier. Au Luxembourg, par exemple, nous avons plus de 30 nationalités différentes présentes chaque jour au bureau. Nous sommes actifs dans plusieurs domaines et toujours à la recherche de nouvelles opportunités d’investissement. Nous avons, par exemple, décidé d’investir davantage dans le secteur des événements d’entreprise et événements technologiques au Grand-Duché en concluant un partenariat stratégique avec Farvest l’été dernier. Au fil des années, nous avons aussi développé notre plate-forme de streaming en direct vers d’autres industries, comme avec notre société Oranum (ésotérisme) et nos opérations d’achat de médias avec la société AdSupply. Nous nous concentrons sur l’innovation, où que nous soyons, avec des ramifications naturelles au départ de notre secteur d’activité initial.

Quelles sont vos principales sources de revenus?

«Nos activités de streaming représentent environ 75% de notre chiffre d’affaires. Jasmin et Oranum, qui propose un service de voyance en ligne, constituent la plus grande partie de ce chiffre.

Docler Holding aura 20 ans en 2019. Qu’envisagez-vous pour le futur?

«Nous allons élargir nos activités et continuer d’investir dans les secteurs des médias, de l’art et du divertissement, tout en mettant l’accent sur la technologie. Nous resterons également disponibles pour les entrepreneurs en quête de partenariat et recherchons à renforcer encore davantage notre ancrage au Luxembourg. Par ailleurs, nous mettons l’accent sur le Teqball, devenu le sport le plus rapide de tous les temps à recevoir la reconnaissance d’un conseil olympique. Enfin, nous lancerons également de nouvelles fonctionnalités mobiles avec une application pour notre plate-forme de streaming qui, jusqu’ici, s’adressait essentiellement aux utilisateurs de PC.

Nous essayons de conserver une atmosphère très start-up.

György Gattyán, fondateur et propriétaire de Docler Holding

Vous parlez beaucoup des compétences de vos employés. Rencontrez-vous des problèmes pour recruter les talents dont vous avez besoin?

«Étant donné que nous sommes plus de 300 au siège luxembourgeois, je pourrais dire que ce n’est pas si difficile que cela. En fait, c’était plus compliqué lorsque nous sommes arrivés au Luxembourg il y a sept ans. À cette époque, tout le monde voyait encore ce pays uniquement en tant que place financière. Aujourd’hui, il y a de plus en plus de sociétés informatiques et technologiques. Et de notre côté, nous essayons de conserver une atmosphère très start-up. C’est aussi ce qui séduit les candidats potentiels, d’autant plus que nous embauchons à travers le monde entier. Ceci dit, il y a encore des défis aujourd’hui à ce niveau. Ce n’est pas facile de trouver des experts de premier plan en informatique, avec une concurrence sans relâche et un nombre de candidats limité. Nous recherchons des personnes qui souhaitent évoluer. Nous soutenons l’IT dans les écoles et les associations locales. En outre, nous utilisons des langages de programmation uniques tels que Haxe.

Les ressources humaines sont-elles devenues un enjeu?

«Oui, et grâce à notre expérience récente pour attirer les talents IT, nous avons décidé l’année dernière de fournir nos services de recrutement à d’autres sociétés ou organisations luxembourgeoises qui ne disposent peut-être pas des ressources internes ou de l’expertise nécessaires pour recruter ces talents. Après avoir compris que les méthodes classiques ne sont plus efficaces, nous avons développé un service de recrutement moderne, entièrement centré sur les besoins et les attentes des entreprises et des professionnels de l’informatique.

Quels sont les critères de recrutement les plus importants pour vous?

«Certaines personnes présentent un très beau CV ou affichent des expériences intéressantes. Mais en plus de l’expérience, nous misons sur la motivation et la personnalité. Il faut que la personne colle vraiment avec l’esprit de la société.

Notre objectif est toujours de soutenir la prochaine génération de dirigeants et leur potentiel.

György Gattyán, fondateur et propriétaire de Docler Holding

Vous investissez et vous venez de nous confirmer que vous alliez continuer à investir dans des start-up. Les risques ne sont-ils pas trop importants, selon vous?

«Les start-up sont par définition risquées! Mais nous n’investissons pas dans ces sociétés pour le risque ou le retour sur investissement. Nous misons sur un potentiel. Une étude attentive des business models et un accent mis sur la synergie opérationnelle permettent de réduire ces risques. Notre objectif est toujours de soutenir la prochaine génération de dirigeants et leur potentiel. Bien sûr, nous souhaitons que nos investissements produisent un retour positif, mais en soutenant des groupes au travers de projets tels que le concours Pitch Your Startup – lancé au Luxembourg il y a quatre ans en collaboration avec Luxinnovation. Notre objectif est de favoriser l’entrepreneuriat et les meilleures idées.

Comment ressentez-vous les changements dans le monde entrepreneurial ces dernières années?

«Les changements sont dingues. Chaque seconde, les choses changent. Nos services sont disponibles 24 h/24. En quelques heures, tout peut se produire. Apple a beaucoup changé au cours des 10 dernières années. Vous vous souvenez de Myspace? Ce site n’existe plus. Même Facebook connaît des périodes de turbulences. Nous devons rester à jour coûte que coûte et nous adapter rapidement. Nous investissons dans la recherche et développement, mais la maintenance est l’aspect le plus important. Nous avons des milliers et des milliers de serveurs. Pour développer de nouvelles idées, nous ne pouvons pas mettre le site web en pause.

Les Luxembourgeois sont capables de penser d’un point de vue local tout en restant ouverts aux idées et enjeux internationaux.

György Gattyán, fondateur et propriétaire de Docler Holding

Vous produisez aussi des films. Comment décririez-vous cette expérience dans un monde assez dur, contrôlé par quelques gros joueurs?

«J’ai vraiment apprécié mon rôle dans la production de films par le passé. C’est une expérience unique avec ses propres défis. Il existe quelques grands acteurs du secteur qui ont des budgets importants et des priorités différentes, mais Hollywood offre aux petits producteurs indépendants des possibilités de se démarquer avec des films de qualité, sans pour autant avoir de gros équipements et de grosses infrastructures. J’évalue chaque projet au cas par cas et je suis extrêmement sélectif quant à ce que nous soutiendrons à l’avenir. Mais nos productions n’ayant pas vraiment obtenu le succès attendu, nous resterons aussi prudents dans ce domaine.

Vous êtes installés au Luxembourg depuis bientôt sept ans. Pourquoi?

«C’est vraiment la meilleure localisation que nous puissions imaginer. C’est un pays qui compte et j’apprécie beaucoup les Luxembourgeois. Ils sont capables de penser d’un point de vue local tout en restant ouverts aux idées et enjeux internationaux. Nous avons également été très bien accueillis ici. Le pays présente beaucoup d’avantages. Il est joli, sécurisant et propre. Or, j’aime quand tout est propre. Il est aussi de taille suffisamment grande, mais on peut aussi facilement être en contact avec tout le monde. C’est très important pour une start-up. C’est vrai, nous n’en sommes plus vraiment une, mais au Luxembourg, nous nous sentons encore dans cet état d’esprit.

Vous disposez aussi d’un bureau à Los Angeles. Comment compareriez-vous la manière de faire des affaires des deux côtés de l’Atlantique?

«C’est totalement différent. Je vis à Paris, parce que j’aime la culture française et je suis encore fréquemment en Hongrie, qui reste mon pays. Mais j’ai besoin aussi d’être fréquemment présent aux États-Unis, c’est là-bas que se passe la révolution technologique. J’ai besoin de ressentir ce qu’il s’y passe, d’observer ce qu’il y a de nouveau. Mais pour tenter sa chance aux States, il faut effacer tout ce qu’il reste d’européen dans votre cerveau pour devenir un véritable Américain. L’american dream est à ce prix!»