Guy Ertz: «La crise financière a augmenté les risques de déflation.» (Photo : archives paperJam)

Guy Ertz: «La crise financière a augmenté les risques de déflation.» (Photo : archives paperJam)

L’inflation est un facteur déterminant dans les décisions d’allocation d’actifs. Les investisseurs regardent particulièrement le pouvoir d’achat, c’est-à-dire la quantité de biens et services qu’ils peuvent acheter avec le rendement de leurs investissements. Ce «rendement réel» sur investissement correspond au rendement observé en devise locale auquel on soustrait le taux d’inflation. Les opinions quant aux risques d’inflation ou de déflation (baisse des prix) en Europe sont actuellement très divergentes. La question quant à une stratégie de protection est donc omniprésente.

La crise financière a augmenté les risques de déflation ce qui a mené les principales banques centrales à injecter massivement des liquidités par le biais de programmes d’achats d’obligations. Cela a permis de stabiliser les attentes d’inflation. Sous certaines conditions, cela laisse toutefois présager d’un niveau d’inflation futur plus élevé une fois l’économie mondiale de retour à un niveau d’activité normal.

La BCE a été jusqu’à présent très réticente à utiliser ces mesures non conventionnelles. Le principal risque à court terme est celui de la déflation. De manière générale, les niveaux de capacité d’utilisation sont bas et les taux de chômage sont élevés. Un euro fort est une source supplémentaire de déflation. Les attentes d’inflation de longs termes restent bien ancrées et on peut s’attendre à une amélioration progressive de la croissance et des salaires. Les pressions négatives provenant de la baisse des prix des matières premières et d’un euro fort devraient également s’estomper. Si les risques de déflation devaient augmenter, la BCE s’orienterait alors vers une politique non conventionnelle d’achat d’actifs.

Déflation, court terme et inflation, long terme

Les investisseurs doivent-ils se protéger vis-à-vis des risques d’inflation ou de la déflation? La déflation est un risque à court terme relativement faible pour l’instant. L’inflation reste un risque à long terme surtout si la BCE est obligée de faire plus. Se couvrir contre l’inflation a cependant un coût. C’est principalement un coût d’opportunité, le coût de ne pas percevoir de rendement par le biais d’autres actifs financiers. Un exemple typique est celui des obligations indexées sur l’inflation. Pour les émetteurs de haute qualité, le coupon actuel sur les obligations indexées sur l’inflation est proche de zéro. L’autre inconvénient des stratégies visant à se couvrir de l’inflation est le fait qu’il y a très peu d’actifs permettant une réelle couverture contre l’inflation, efficace et fiable. La recherche académique suggère que les actions régionales offrent au mieux une couverture partielle, tandis que l’or ou l’immobilier ne sont pas nécessairement des solutions fiables, suivant les sources d’inflation et les niveaux de valorisations du moment.

Pour les investisseurs ayant un horizon d’investissement suffisant, il semble préférable de s’orienter vers une approche traditionnelle de diversification entre les classes d’actifs et les régions. Des stratégies plus spécifiques telles que celles centrées, au sein des actions, sur des entreprises ayant un pouvoir de fixation des prix élevé leur permettant de répercuter une hausse des coûts ou de maintenir leurs prix lorsque les autres baissent, peuvent également être prises en considération. Cela est d’autant plus vrai lorsque les entreprises en question ont une exposition à la demande mondiale, étant donné que la déflation est souvent un phénomène régional.