Si les investisseurs restent encore prudents et placent leur argent dans l’immobilier et les obligations, les conditions sont désormais favorables au marché des actions. (Photo: CBP Quilvest)

Si les investisseurs restent encore prudents et placent leur argent dans l’immobilier et les obligations, les conditions sont désormais favorables au marché des actions. (Photo: CBP Quilvest)

Avons-nous atteint, comme certains observateurs le prétendent, un niveau de «bulle» sur les marchés actions? Alors qu’on se rapproche de la fin d’une 9e année quasi ininterrompue de hausse sur le marché américain (+250% depuis fin 2008), on peut légitimement se poser la question...

L’environnement positif sur les marchés actions est dû à une conjonction de facteurs de soutien, au premier rang desquels une croissance économique mondiale robuste mais pas trop, et surtout jusqu’alors non-inflationniste. La reprise mondiale semble à présent bien ancrée dans les différentes zones du globe, avec très peu de zones d’ombre. L’arrêt des politiques de stimulus monétaire aux États-Unis (la Fed n’intervient plus sur les marchés pour acheter de nouveaux actifs financiers depuis fin 2014) montre que la croissance est de moins en moins dépendante des incitations des banques centrales, mais est entrée dans une phase durable et auto-entretenue.

En Europe, où la reprise ne fait que réellement commencer, les indicateurs avancés laissent envisager une accélération de l’activité dans les mois qui viennent, alors que le chômage structurel commence à baisser et que l’investissement des entreprises est au plus haut depuis près de 10 ans. En l’absence d’un choc géopolitique ou d’erreurs majeures de politique économique, on peut penser que la croissance mondiale restera solide.

Un environnement favorable

2e soutien essentiel à la poursuite de la hausse des bourses mondiales, les taux d’intérêt devraient rester bas pendant encore plusieurs mois; en l’absence de pressions inflationnistes, les banques centrales (principalement dans la zone euro et au Japon) continueront d’accompagner la reprise mondiale. La BCE a récemment confirmé qu’elle ne relèverait pas ses taux directeurs avant début 2019, et ce, malgré la vigueur observée de l’activité.

Dans cet environnement favorable, les profits des entreprises devraient continuer de croître à un rythme soutenu, entraînant à la hausse les indices mondiaux. Si on exclut les marchés américains, dont le cycle économique est en décalage avec le reste du monde (la reprise y avait été plus précoce), les valorisations des marchés mondiaux en Europe, au Japon et dans la plupart des marchés émergents restent en ligne avec leur moyenne historique et ne montrent aucun signe de bulle. Bien au contraire, l’absence d’alternatives d’investissement du fait des taux bas et la hausse prévue des bénéfices rendent les marchés encore attractifs.

Enfin, malgré la hausse des marchés, on est loin d’un sentiment d’euphorie généralement observé lors des fins de hausse. La psychologie des investisseurs reste fragile: bon nombre d’entre eux ont modifié leur comportement suite à la crise, diminuant la part des investissements dédiée aux actions, au profit des obligations, de l’immobilier ou dans une moindre mesure du «private equity». Il en résulte que la majeure partie des investisseurs n’a pas profité pleinement de la hausse et devrait continuer à réallouer des capitaux vers les actions.

Rendement des dividendes moins taux à 10 ans (Source: JP Morgan)

Rendement des dividendes moins taux à 10 ans (Source: JP Morgan)

Il conviendra de surveiller que l’équilibre actuel sur le marché des taux longs reste en place. Des corrections sont possibles, avec des hausses de l’ordre de 0,5% à 0,75% sur les taux à 10 ans. Toutefois, tant que les politiques des banques centrales resteront inchangées, ces corrections devraient rester contenues et pourront être absorbées par les marchés.

Nos préférences vont vers les marchés actions européens et les marchés émergents, précisément parce que la reprise est à ses débuts et les valorisations toujours attractives. Certes, les valorisations du marché américain sont chères: dans 10% des cas seulement au cours des 50 dernières années, elles ont été aussi chèrement évaluées; un niveau élevé de valorisation ne signifie pas automatiquement qu’un krach est imminent, il implique une probabilité assez élevée qu’un investissement en actions rapporte peu ou pas de rendement sur un horizon de 5 à 7 ans.

Sur un horizon de 6 à 12 mois, nous conseillons de rester majoritairement investi en actions.