L’avis de Muriel Bouchet et de Michèle Detaille au sujet de la valeur actuelle de l’euro diffère. (Photo: Maison Moderne)

L’avis de Muriel Bouchet et de Michèle Detaille au sujet de la valeur actuelle de l’euro diffère. (Photo: Maison Moderne)

«Pas de panique»

Muriel Bouchet 
Senior economist, Fondation Idea 

En une année, l’euro s’est apprécié de 16% par rapport au dollar US. Une telle situation est susceptible d’entraver les exportations de la zone euro, donc la croissance. Selon la BCE, une dépréciation du dollar de 10% par rapport à la monnaie unique induirait une perte de PIB réel de 0,3%. Il convient pourtant de ne pas céder à la panique. La zone euro compte par ailleurs bien d’autres partenaires commerciaux que les États-Unis, dont les devises ont depuis un an été bien plus stables, par rapport à l’euro, que le dollar. Un euro durablement «fort» aiderait enfin à contenir les futures tensions inflationnistes, à la faveur de biens importés moins onéreux – l’énergie notamment. La capacité d’adaptation de nos entreprises, via une montée en gamme de leurs produits par exemple, pourrait faire le reste.

«Notre compétitivité est plus que menacée»

Michèle Detaille
Administrateur délégué, Groupe Alipa 

Rappelons tout d’abord combien l’euro est une bénédiction pour les PME européennes, d’une part parce que la majorité des transactions commerciales des PME est intraeuropéenne, et d’autre part parce que l’euro est une devise reconnue lors d’échanges internationaux. Un euro fort peut freiner les exportations des entreprises européennes. Il pourrait bien sûr menacer les prévisions de reprise de l’inflation sur lesquelles la BCE fonde sa politique monétaire, mais c’est sans compter avec le renchérissement des prix du pétrole. L’euro fort trouve une de ses causes dans l’affaiblissement du dollar, et c’est peut-être le vrai danger: si le président Trump, rompant avec toutes les bonnes pratiques de commerce international, manipulait les taux de change pour doper les exportations américaines, il ne manquerait sans doute pas de faire des émules et l’économie mondiale entrerait alors dans une période d’incertitudes et de turbulences.