La désinformation a toujours existé. Toutefois, l’avènement des réseaux sociaux et de l’hyperconnexion a amplifié le phénomène. (Illustration: Adobestock)

La désinformation a toujours existé. Toutefois, l’avènement des réseaux sociaux et de l’hyperconnexion a amplifié le phénomène. (Illustration: Adobestock)

Entendus par une commission d’enquête du Congrès américain à la fin de l’année 2017, les dirigeants de Facebook reconnaissaient que plus de 125 millions d’Américains avaient pu être exposés à des contenus mis en ligne par des intérêts russes dans le but d’influer l’élection présidentielle de 2016 remportée par Donald Trump.

Du côté de Twitter, sur la même période, 36.746 comptes ont généré du contenu automatiquement, toujours en lien avec le scrutin présidentiel. Il apparaît que 2.800 de ces comptes étaient rattachés, plus ou moins directement, à l’agence de recherche sur internet, une organisation soupçonnée d’être soutenue et financée par le Kremlin!

Parallèlement, la campagne présidentielle française subissait à son tour un torrent de fake news, portant notamment sur la prétendue double vie d’Emmanuel Macron, tantôt avec sa belle-fille, tantôt avec le président de Radio France.

Une prime aux fausses informations

Si les campagnes de désinformation ont toujours existé, elles ont trouvé avec les réseaux sociaux une formidable caisse de résonnance et un vecteur inédit de propagation. Dans une ère d’ultra-information et d’hyperconnexion, les médias sont pris entre deux feux. Il leur faut relayer l’information dans l’instant pour ne pas être pris de court par la concurrence, sans pour autant tourner le dos à l’un des principes fondateurs de la presse: vérifier les faits avant publication.

Les fausses informations censurées par les médias traditionnels trouvent d’autres relais, moins regardants, pour se répandre comme une traînée de poudre. Avec leurs milliards d’abonnés, les réseaux sociaux s’avèrent de redoutables accélérateurs de news. Le MIT (Massachusetts Institute of Technology) a passé en revue près de 126.000 informations, vraies et fausses, diffusées sur Twitter entre 2006 et 2017, twittées plus de 4,5 millions de fois par 3 millions de personnes.

Le constat est sans appel: les fausses nouvelles ont 70% plus de chances d’être relayées que les histoires vraies, lesquelles mettent six fois plus de temps pour toucher 1.500 personnes que les fake news! Pour lutter contre ces fausses nouvelles, les médias ont créé de nouveaux métiers, comme les fact-checkers qui passent leur temps à analyser les informations (textes, photos, vidéos) en circulation sur le web pour en attester ou non la véracité.

Organiser la riposte

Les réseaux sociaux ont perçu le risque lié à la propagation d’informations infondées. Soucieux de préserver leur intégrité et leur crédibilité, Facebook, Twitter et Instagram incitent leurs utilisateurs à signaler les fake news. De leur côté, les gouvernements nationaux tentent de s’organiser en inventant un arsenal législatif.

Bee Secure est une initiative du gouvernement luxembourgeois, soutenue par la Commission européenne, dont le but est de promouvoir une culture internet plus sûre. Cette organisation se charge notamment de sensibiliser les plus jeunes, mais également de manière plus globale, le grand public, aux dangers d’internet et des fake news, à travers une série de formations, campagnes de communication et conférences.

Pour mener une lutte efficace contre les fake news, il est essentiel de former les citoyens et d’éveiller leur esprit critique. En attendant que cette démarche au long cours porte ses fruits, les rumeurs ont encore de beaux jours devant elles…