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 (Photo : Olivier Minaire)

l’accueillera à bras ouverts. Dans le cadre du développement et de la rénovation du parc immobilier privatif du Grand-Duché, les clients des distributeurs de volets, d’escaliers ou de portes de garage se multiplient. Mais le particulier peut, au final, se trouver surpris face au tarif facturé ou au résultat global. Sébastien Sobczyk, fondateur d’Allo Tools, prévoit de le secourir, grâce à son configurateur en ligne de projet de menuiserie. Très concrètement, tout un chacun peut, selon le fournisseur et le type de bien considéré, choisir son portail, l’ajuster aux mesures nécessaires, le visualiser, en 3D ainsi que sur la photo de son futur emplacement (une fois téléchargée), et connaître instantanément le prix. Mais il faudra au préalable à la start-up densifier son réseau au Benelux pour que les distributeurs proposent ce service !

Voilà le stade auquel se trouve la société développant une application web d’assistance commerciale destinée aux acteurs de la menuiserie, qu’ils soient fabricants, distributeurs ou artisans. « C’est un moment charnière », indique, bien à propos, Jean-Yves Hergott, membre du conseil d’administration de Chameleon Invest, jeune société de venture capital qui vient d’investir dans la jeune pousse.

Plus d’une corde à son arc

Pour l’intéressé, la direction d’Allo Tools a toutes les cartes en main pour réussir : des produits répondant à un besoin, un business plan crédible, une rigueur dans l’organisation et, bien sûr, les compétences techniques. Il lui faut maintenant étaler son jeu et générer des bénéfices.

Premièrement implantée en France, l’entreprise y bénéficie déjà d’un portefeuille clients étoffé. Quinze fabricants ont déjà acquis des licences, vendues par lots de plusieurs centaines. Chacun bénéficie alors d’un configurateur web adapté à son catalogue et diffuse l’application pour établir les devis à ses revendeurs. Ainsi, lorsqu’un commercial vient vendre son produit à un artisan, il lui installe une version light de BatiTrade, vaisseau amiral d’Allo Tools, afin qu’il puisse lui-même constituer les devis après avoir conçu le projet. « Un peu comme chez Ikea quand vous réalisez votre cuisine », résume Sébastien Sobczyk.

Aujourd’hui, ils sont 4.000 utilisateurs dans l’Hexagone. Pour permettre à leurs clients d’utiliser eux-mêmes le configurateur via leur site Internet, ou pour bénéficier de services connexes comme un customer relationship management intégré, un générateur d’e-mails ou une application iPad, il leur faudra passer sur la version pro du logiciel.

Cette commercialisation, en octobre, conditionne l’envol de la start-up. Elle lui permettra, en théorie, d’encaisser des revenus réguliers. Les abonnements, à BatiTrade pro basique (pour 35 euros par mois) ou au même logiciel muni du configurateur, BatiTools (pour 60 euros), d’une bonne partie des utilisateurs actuels devraient assurer les arrières de la société et éventuellement attirer d’autres investisseurs. 

Pour le moment, seul Chameleon Invest a pris le train en marche. Les business angels avaient aidé Allo Tools à développer BatiTrade pro et l’application iPad. L’attelage d’investisseurs-entrepreneurs a guidé la jeune pousse sur des axes bien spécifiques.

Jean-Yves Hergott, investisseur la nuit, entrepreneur et directeur technique de Luxscan Technologies le jour, explique les prochaines étapes. « La stratégie est en place pour avoir des entrées récurrentes de cash flows. Il faut trouver un réseau, car cela ne sert à rien de recruter 50 commerciaux. Il faut nouer des liens avec des gros acteurs au Benelux ou en Allemagne. » 

Cibler l’Allemagne

Le défi est de taille. Si des contacts sont déjà pris outre-Moselle pour attaquer le marché allemand des portes de garage, il faudra les matérialiser par des contrats. Or, dans un contexte de crise, les industriels peuvent reporter leur décision. Les sommes sont importantes. Il faut compter entre 50 et 100.000 euros pour développer la solution chez les plus gros d’entre eux. Si les contacts étaient finalisés, d’autres capitaux seraient certainement nécessaires pour permettre à la start-up d’investir dans les ressources humaines. Et il n’est pas sûr que Chameleon Invest ait les moyens de renchérir. D’habitude, le fonds ne prend pas de tickets supérieurs à 400.000 euros par entreprise. Il faudrait alors faire appel à des venture capitalists de taille supérieure.

Depuis le Luxembourg en tout cas, Allo Tools semble relativement bien positionnée pour rayonner. Elle s’y est d’ailleurs implantée – il n’a pas non plus fallu à l’entrepreneur traverser le continent – pour bénéficier du régime de propriété intellectuelle et des exemptions fiscales applicables à la cession de licences. Elle y jouit également d’infrastructures réseau idoines pour offrir son service en cloud. Si ses serveurs informatiques sont en France, elle envisage d’en positionner de nouveaux au Grand-Duché. La start-up a également noué, toujours grâce à Chameleon Invest, un partenariat avec une autre jeune pousse de la société de venture capital : Maps System. Celle-ci opère dans la gestion de données évoluée chez des distributeurs et des négociants qu’Allo Tools a elle-même, parfois, comme clients. Ainsi, les deux entreprises mutualisent leurs compétences pour réduire les coûts. En cette fin d’année, Allo Tools finit d’asseoir sa légitimité sur le marché français. Elle s’attaquera ensuite résolument à d’autres, en prenant soin de mettre tous les moyens en œuvre pour y parvenir.

 

 

Selon le venture capitalist - « La finance et l’estomac »

Pour Jean-Yves Hergott, investisseur, deux aspects comptent au moment de l’injection de capital dans une start-up : « La partie finance et la partie estomac. Cette dernière est plus liée aux acteurs et au produit lui-même. C’est une question de feeling. Là, il était très bon. Le staff est très carré dans ses démarches techniques et commerciales. À l’inverse de beaucoup de start-up, il ne s’éparpille pas. Allo Tools avance prudemment et progresse d’année en année avec un nombre croissant de clients qui leur restent fidèles. »