Robert Dilts: «La caractéristique principale d’un bon leader est de croire en lui-même, en sa vision.» (Photo: DR)

Robert Dilts: «La caractéristique principale d’un bon leader est de croire en lui-même, en sa vision.» (Photo: DR)

M. Dilts, quelle serait votre définition d’un bon leadership en entreprise?

«Le leadership, dans la définition que j’en donne habituellement, se trouve dans la capacité qu’à une personne à créer un monde auquel les gens désirent appartenir, pour lequel les personnes sont prêtes à apporter leur contribution, à donner le meilleur d’elles-mêmes. Il y trois composantes importantes dans le leadership, la direction qu’il faut donner à une entreprise et qu’il faut supporter, la stratégie et aussi la motivation. Un bon leader doit d’abord avoir une vision, une direction, et donner les moyens de parvenir à un résultat. Il doit pouvoir dire où il désire aller et développer la stratégie qui permet d’y arriver. Du développement de sa vision découleront des actions qui amèneront à un résultat.

Quels sont les bienfaits d’un bon leadership sur une entreprise?

«Pour répondre à cette question, je vais prendre l’exemple d’un cas que j’ai étudié. Il concernait une grande entreprise de télécommunications. Elle devait développer un produit et a mis un millier d’employés sur le coup. A la fin du projet, elle a constaté qu’un concurrent était parvenu à développer un meilleur produit, en moins de temps et en mobilisant seulement une vingtaine de personnes. Nous nous sommes demandé comment c’était possible. Et la réponse essentielle que nous avons pu apporter se trouve au niveau du leadership. Un bon leadership permet de faire ressortir le meilleur de chaque personne. Réussir un projet, ce n’est donc pas qu’une question d’argent. Pour bien le mener, il faut voir comment les collaborateurs sont conduits, s’ils saisissent bien la direction dans laquelle ils sont engagés, s’ils captent bien la vision développée par le leadership. Pendant qu’Apple développait son Macintosh, IBM dépensait cent fois plus de moyens au niveau de son département Recherche et Développement. Et Steve Jobs, qui visualisait bien le produit dans sa tête, expliquait que son principal boulot était d’exprimer sa vision pour que d’autres autour de lui puissent le voir de la même manière et partager son enthousiasme. En créant l’inspiration, grâce à un bon leadership, les gens donneront le meilleur d’eux-mêmes, même dans les périodes difficiles. Ils seront plus innovants, plus productifs, plus loyaux. Et, dans ce monde auquel ils ont envie d’appartenir, ils retireront plus de satisfaction.

Ces lundi et mardi, à Luxembourg, vous allez vous adresser à des femmes leaders. Est-ce que le leadership est avant tout une question de charisme, de personnalité? A ce niveau, doit-on constater des différences entre les hommes et les femmes?

«La réponse à toutes ces questions est assurément oui. Parce que chaque personne développe des compétences et des caractéristiques qui peuvent faire d’elle un leader. On peut faire une analogie avec le sport. Des athlètes peuvent avoir plus ou moins de talent, être prédisposés à faire des résultats dans l'une ou l’autre discipline. Mais, s’ils ne s’entraînent pas, s’ils ne sont pas coachés, il est peu probable qu’ils soient performants. Pour le leadership, certaines personnes ont une capacité naturelle à développer une vision, d’autres à établir une stratégie ou à inspirer les gens et à soutenir la motivation. De ces différentes capacités, de la manière dont on les travaille et les exploite, découleront des styles différents de leadership. Ce n’est pas une question de genre, mais de personnalité, de talents naturels que l’on a pour développer un bon leadership. On constate, de manière générale, que les hommes ont plus tendance à se concentrer sur la tâche à accomplir, et les femmes sur les aspects relationnels. Mais c’est un propos très général et les variantes sont nombreuses. En partant de chaque individu, il est possible d’améliorer les capacités qu’il a de développer un bon leadership. En travaillant notamment sur la confiance qu’il a en lui, les présupposées limites qu’il pense avoir, sur ses ambitions en fonction de ces limites. La caractéristique principale d’un bon leader est de croire en lui-même, en sa vision, en son équipe. Pour améliorer un leadership, il faut donc travailler sur des facteurs intrinsèques au leader, mais aussi sur d’autres, plus extérieurs, comme ses compétences et ses actions.»