Romain Hilgert : « Nous voulons que cette singularité saute aux yeux dans les kiosques. » (Photo : d’Land)

Romain Hilgert : « Nous voulons que cette singularité saute aux yeux dans les kiosques. » (Photo : d’Land)

Monsieur Hilgert, pourquoi lancez-vous une nouvelle formule ? Depuis quand y réfléchissez-vous ?

« Nous y travaillons depuis l’automne dernier. Nous voulions faire évoluer notre journal dans une presse luxembourgeoise en pleine mutation. Nous souhaitions indiquer de façon forte que nous restons attachés au papier, comme support de ce journal. Alors que d’autres journaux deviennent de plus en plus petits au point de finir par disparaître et de n’exister que sur le web, nous optons pour un grand format. Le Land est un journal d’analyse, de recherche, d’articles de fond. Nous devons donc avoir une présentation très soignée pour donner le plaisir de lire. Pour cela, rien n’égale le support papier.

Les formats des journaux sont souvent réduits pour des raisons liées aux contraintes économiques. Le choix du grand format peut donc paraître surprenant dans le contexte actuel…

« Il ne faut pas attacher trop d’importance au format. Le Land a été fondé en 1954 par Carlo Hemmer et Léo Kinsch par deux journalistes libéraux proches des milieux économiques, mais indépendants du pouvoir politique. C’était la singularité du Land. Mais cette singularité est devenue moins visible au cours des dernières décennies. Nous voulons de nouveau faire apparaître cette singularité de façon très forte. Nous voulons que cette singularité, déjà visible dans notre contenu rédactionnel, saute aux yeux dans les kiosques.

Hormis le format, quelles sont les autres évolutions de forme ?

« Nous avons passé commande à nos graphistes de l’agence Vidale & Gloesener, avec laquelle nous travaillons depuis 1999, pour créer une sorte de présentation magazine. C’est toute l’originalité de la maquette. L’évolution graphique est très forte. C’est d’ailleurs plus important que le format en lui-même. Il y a aura une seule grand photo en première page et trois annonces d’articles. L’éditorial passe en pages intérieures.

La proportion des articles en français et en allemand a-t-elle vocation à évoluer, avec la nouvelle formule ?

« Les Luxembourgeois n’ont pas de problème avec notre bilinguisme. Les Français trouvent qu’il y a trop d’articles en allemand, les Allemands trop d’articles en français.

Votre nouvelle formule vise-t-elle aussi à enrayer une baisse de diffusion ?

« Notre diffusion ne baisse pas. Nous devons être le seul journal payant à ne pas avoir connu de baisse de diffusion au cours des cinq ou dix dernières années. Elle n’a pas augmenté non plus, mais elle est stable. Ce qui, comparé aux autres titres, est plutôt remarquable. L’idée force de cette nouvelle formule est de créer la base économique du journal pour les 10 prochaines années.

Quelle est la diffusion actuelle du Lëtzebuerger Land ?

« Nous ne le disons pas. (Selon l’étude TNS Ilres Plurimedia Luxembourg, l’hebdomadaire compte 14.300 lecteurs de 15 ans et plus, soit 3,4 % de la population, ndlr.).

Quelles sont vos sources de revenus ?

« La publicité commerciale (26 %), les avis (13 %), la diffusion par abonnement (23 %), les ventes en kiosque (7 %), les aides à la presse (29 %), les recettes diverses (2 %). Cela varie toutefois d’une année sur l’autre. Avec la crise, la part de la publicité recule.

À qui appartient le journal ?

« Le journal appartient à 100 % à une fondation d’utilité publique : la Fondation d’Lëtzebuerger Land. Il n’y a ni maison d’édition, ni actionnaire privé. Cela donne une indépendance complète à la rédaction, qui compte sept membres, dont un photographe et une responsable administrative. Nous ne devons pas obéir à un parti politique ou réaliser des bénéfices pour les reverser à des actionnaires. La fondation doit seulement consacrer un certain montant de ses recettes pour des aides à des étudiants, des publications… Le président de notre conseil d’administration est Michel Wurth (membre du comité de direction d’ArcelorMittal, ndlr.). Il a été invité à exercer cette fonction par Joseph Kinsch (ancien patron de l’Arbed), frère de Leo Kinsch, le co-fondateur du journal. »