Matthias Sauerbruch: «L’ouverture, la transparence et la communication du bâtiment avec le public sont portées à un très haut niveau dans cette construction.» (Photo: Facebook Sauerbruch Hutton)

Matthias Sauerbruch: «L’ouverture, la transparence et la communication du bâtiment avec le public sont portées à un très haut niveau dans cette construction.» (Photo: Facebook Sauerbruch Hutton)

Professeur Matthias Sauerbruch, que retenez-vous de votre expérience à Luxembourg?

Matthias Sauerbruch: «Monsieur Kinsch (managing partner de EY, ndlr) nous a appelés un jour pour faire un projet à Luxembourg où nous n’avions encore jamais travaillé. Cela a été une belle expérience de ‘blind date’. Nous avons échangé de nombreuses fois sur le projet, travaillé les idées et nous avons fait le concours ensemble. Cela a été une collaboration intense sur une période courte.

Par rapport au reste de notre production, nous avions déjà une expérience fournie sur ce type de programme, c’est-à-dire des immeubles de bureaux ou des immeubles pour des sièges de sociétés internationales. Mais la différence ici est que EY Luxembourg avait déjà une idée très précise de ce qu’ils souhaitaient pour leur nouvel immeuble, et de comment ils souhaitaient travailler à l’intérieur de ce bâtiment. Je dois dire que c’était une commande plus précise que ce qu’on reçoit habituellement. Ils avaient déjà réfléchi de manière très poussée sur ce qu’ils souhaitaient changer, ce qu’ils voulaient conserver et la flexibilité de leur espace. En cela, le projet était un peu différent pour nous.

Quels ont été les nouveaux challenges rencontrés à l’occasion de cette construction?

M. S.: «La méthode de travail basée sur la détermination de notre maître d’ouvrage a été un des éléments pivots. L’ouverture, la transparence et la communication du bâtiment avec le public sont portées à un très haut niveau dans cette construction, plus que ce que nous avons fait précédemment pour des bâtiments de bureaux. La grande plaza couverte participe aussi pleinement à cela.

Louisa Hutton: «Cet élément fonctionne très bien avec l’échelle urbaine qui est ici. Cela amène les gens de la rue, qui est assez impersonnelle et n’est pas très agréable pour les piétons, vers l’intérieur de ce nouvel espace. Il y a les restaurants et même s’il pleut, on peut s’asseoir à l’extérieur et être protégé par la verrière. Il y a plusieurs avantages à cela. En ce qui concerne la forme du bâtiment dans son contexte, c’est aussi agréable de ne pas avoir encore un bâtiment rectangulaire de plus, mais d’avoir ce mouvement sur le côté et cette forme trapézoïdale qui vous accueille à l’entrée. Cela apporte une autre dynamique et transmet une invitation à prendre possession des lieux.

La forme de ce bâtiment ne réduit-elle pas le nombre de m2 constructibles?


M. S.: «Non, en fait même en ayant cette forme avec ces nombreux espaces vides nous sommes au maximum de mètres carrés constructibles. Et cela ajoute selon nous une certaine beauté à l’ensemble. C’est juste un autre parti pris architectural comparé aux autres immeubles de l’avenue. Cela distingue ce bâtiment de ses voisins qui sont aussi des concurrents de EY Luxembourg.

Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur la façade?

M. S.: «Nous avons essayé de minimiser le plus possible les ressources et l’impact environnemental du bâtiment et bien sûr la façade est sur ce point un élément clé. Elle est très isolée. Les ouvertures permettent le juste équilibre entre isolation et entrée de lumière naturelle. Il y a des lamelles flexibles qui permettent de se protéger du soleil en été. C’est une double peau et la protection solaire se trouve entre deux pans de verre, ce qui permet d’éviter la dégradation due au vent et le nettoyage. Et il y a aussi la ventilation naturelle, puisqu’il est possible d’ouvrir les fenêtres. Donc les utilisateurs peuvent choisir d’utiliser la ventilation mécanique ou naturelle, ce qui apporte plus de confort à l’utilisation, particulièrement au printemps et à l’automne. Pour le chauffage, on utilise un système par radiation, ce qui est très stable et modéré dans son usage. Tous les systèmes techniques sont optimisés et à la pointe des performances technologiques. La façade répond à cette même logique tout en étant personnalisée. Pour autant, ce n’est pas une façade high-tech, c’est un usage convivial des bons standards.

L. H.: «L’introduction des différentes terrasses introduit aussi une dimension importante et un autre dialogue avec l’environnement. À cela s’ajoute le dialogue avec la couleur, rouge à l’intérieur, bleu à l’extérieur, ce qui présente, je pense, un contraste intéressant. L’avantage est que la couleur est placée derrière un élément de verre, ce qui la protège et permet de conserver son intensité, tout en permettant une sorte d’autolavage de la façade sur une surface de verre. On garantit par ce système une forme de fraîcheur plus longue à la façade du bâtiment et on évite un ressenti trop ennuyeux. Tout n’est pas gris.»

Article issu d'Archiduc.