Nicolas Mackel, aux côtés du ministre des Finances, Pierre Gramegna, le 2 septembre pour présenter l'agenda de LFF. (Photo: Christophe Olinger)

Nicolas Mackel, aux côtés du ministre des Finances, Pierre Gramegna, le 2 septembre pour présenter l'agenda de LFF. (Photo: Christophe Olinger)

Monsieur Mackel, quel bilan tirez-vous de votre mission à la tête de Luxembourg for Finance, depuis votre arrivée le 1er juillet 2013?

«C’est une expérience fantastique. J’ai beaucoup appris, aussi bien dans le domaine de la finance que dans la définition de la stratégie de ce que nous sommes appelés à faire. Il y a beaucoup de projets à mettre en place, une partie a été accomplie grâce au soutien de toute une équipe (une quinzaine de personnes, ndlr). Le travail commence à porter ses fruits.

Vous considérez-vous encore comme diplomate ou comme «vendeur» de la Place?

«Le diplomate est en quelque sorte un commercial. Il représente son pays et est amené à le vendre, notamment sur le plan économique. Le métier que j’exerce désormais n’est donc pas si différent de mes précédentes affectations.

Avez-vous noté une différence entre la perception du Luxembourg via vos précédentes affectations et celle que vous expérimentez depuis un an?

«Les grandes lignes n’ont guère changé. En tant que diplomate, nous disposons déjà de beaucoup d’informations sur le Luxembourg et sa place financière. La nouvelle fonction permet en revanche d’améliorer le niveau de détail sur la nature des activités du secteur, notamment via l’expertise disponible.

Les actions de communication occupent de plus en plus l’agenda de LFF. À quoi faut-il s’attendre dans les prochains mois?

«Nous voulons prioritairement effectuer un travail de relation avec la presse en renforçant notre réseau de contacts avec la presse internationale et ce, dans les différents pays européens afin de diffuser des informations générales sur le Luxembourg. Nous voulons servir de point de référence, être une source d’informations utile lorsque les journalistes étrangers sont amenés à traiter un sujet qui concerne le Luxembourg, peu importe si nous délivrons la réponse ou si nous jouons le rôle d’intermédiaire.

Le deuxième pilier est le renforcement de la communication via notre site internet et les médias sociaux, notamment au travers de nos propres publications, afin d’améliorer la connaissance sur ce que fait exactement la Place luxembourgeoise, ses activités, ses compétences, ses expertises. Tout en essayant de combattre les préjugés qui la réduisent à telle ou telle activité.

Nous allons par ailleurs organiser des événements d’un autre type qui viseront à travailler davantage l’image du Luxembourg en tant que telle plutôt qu’à vendre un produit en particulier.

Quelles sont les régions prioritaires pour vos prochaines missions à l’étranger?

«L’Europe reste l’une des priorités, car le Luxembourg peut encore se faire connaître des acteurs présents sur les marchés traditionnels voisins. Nous devrons aussi aller chercher des clients plus loin, dans des marchés qui sont devenus des références. On parle ainsi beaucoup de la Chine, un marché que nous avons réussi à bien pénétrer, au-delà des tailles géographiques respectives de nos deux pays.

Le marché brésilien est aussi très prometteur dans le domaine de la banque privée, c’est un marché de croissance pour le Luxembourg. Au même titre que les pays du Golfe, compte tenu des indicateurs sur l’évolution de la richesse mondiale. Nous ciblons donc des marchés de croissance tout en poursuivant nos relations avec les marchés de référence. Nous ne pouvons cependant pas danser à tous les mariages. Nous allons aussi veiller à optimiser nos actions et déplacements, à l’instar de la décision du ministre de se rendre à New York dans le cadre de sa visite à Washington (du 8 au 12 octobre prochain, ndlr) afin de parler du rôle du Luxembourg en matière de RMB, un créneau qui intéresse aussi les investisseurs américains.

Les sukuk luxembourgeois qui seront émis prochainement s’adressent-ils à un marché particulier?

«Ils s’adressent aux investisseurs du monde islamique, mais pas uniquement. Tous les investisseurs institutionnels qui veulent diversifier leur portefeuille peuvent s’y intéresser. Ces derniers sont potentiellement intéressés par n’importe quelle forme d’émission obligataire luxembourgeoise qui est considérée comme un produit d’investissement intéressant. C’est donc l’émetteur qui est important, plus que la forme.

Le ministre des Finances Pierre Gramegna a décrit les quatre piliers importants pour le futur de la place, dont l’international financement. Quelles sont les perspectives en la matière?

«Il s’agit des activités de corporate finance, de crédit aux entreprises, de lettre de gage… qui sont des activités en croissance sur la place. Nous travaillons par exemple en coordination avec l’ABBL pour effectuer la promotion de l’activité des banques de lettre de gage, nous avons aussi édité une newsletter consacrée à la corporte finance afin de rappeler, ici aussi, que la place ne se limite pas aux activités sur lesquelles elle est souvent réduite.

On nous reproche occasionnellement que d’autres places financent l’économie réelle tandis que la place luxembourgeoise ne remplirait qu’un rôle d’intermédiaire. Or le premier emprunt obligataire en RMB émis à la Bourse de Luxembourg l’était à destination de Volkswagen. Le groupe automobile avait choisi l’institution en raison de sa capacité à maîtriser les instruments innovants, les nouvelles monnaies. On peut donc dire que la Bourse, et par ce biais la Place, a contribué au financement de l’économie réelle allemande. Il en est de même pour les fonds d’investissement qui participent à des projets d’infrastructures à l’étranger. C’est ce rôle de la place financière que nous voulons mieux expliquer dans son ensemble.»