Viviane Reding: «Le CSV est un parti populaire avec trois piliers: le social, l’économie libérale, et une part de conservatisme.» (Photo: Nader Ghavami)

Viviane Reding: «Le CSV est un parti populaire avec trois piliers: le social, l’économie libérale, et une part de conservatisme.» (Photo: Nader Ghavami)

Quelle est la raison de votre engagement en politique?

Viviane Reding. – «Après avoir été journaliste, au lieu d’analyser et critiquer j’ai voulu faire. M’emparer d’un problème et y trouver une solution.

Quel est votre idéal politique?

«La démocratie est un système politique créé pour gérer une cité de 25.000 personnes avec 8.000 au pouvoir. Ce qui est impossible à faire avec des millions de personnes. La démocratie doit cependant être un but et il faut travailler pour essayer de l’atteindre. C’est dans notre ADN. La démocratie, c’est la liberté des médias, le respect de la justice, le respect des autres. Oui, quand je dis cela je regarde vers les pays de l’Est. On ne peut pas avoir un pouvoir absolu, qui est hélas souvent une tentation.

Y a-t-il eu ou y a-t-il encore un modèle qui vous inspire?

«L’Union européenne m’inspire, car c’est l’unité dans la diversité. C’est accepter de partager des prérogatives nationales pour les mettre en commun et défendre des intérêts communs.

Que retenez-vous de la cette campagne?

«Elle a été d’un grand ennui, très plate. Quand la campagne est plate, les résultats le sont aussi. Il n’y avait pas d’enjeu, pas de bagarre politique. J’ai connu beaucoup de campagnes depuis 1979 et celle-ci a été la plus ennuyeuse.

Des expériences électorales antérieures vous ont-elles aidé?

«Oui, bien entendu. J’ai fait un apprentissage extraordinaire. Il y avait des crises et il fallait qu’on s’en sorte. Grâce à cela, on a mis en place le Luxembourg d’aujourd’hui, dans sa diversité, sans oublier le développement des banques. Il y avait cet enjeu de trouver un équilibre entre développement industriel et social. Il fallait faire fonctionner la tripartite. Je trouve donc dommage que lors de cette campagne personne n’ait voulu parler des enjeux, de la place future du Luxembourg dans le concert des nations.

Je savais que le CSV n’allait pas perdre, mais n’allait pas gagner non plus.

Viviane Reding, député CSV

Qu’est-ce qui vous a convaincu de vous investir dans votre parti plutôt que dans un autre?

«Le CSV est un parti populaire avec trois piliers: le social, l’économie libérale, et une part de conservatisme. C’est la synthèse des trois qui fait le Luxembourg et c’est cela qui m’a plu dans ce parti. La difficulté est que les partis populaires ont difficile à se former, car il faut du temps pour cela. Mais y a-t-il encore des partis populaires? Or, le peuple c’est essentiel.

Les résultats du 14 octobre ont-ils été une surprise?

«Par leur ampleur, oui. Mais pas par la direction prise. Il y avait peu d’enthousiasme dans cette campagne. Je savais que le CSV n’allait pas perdre, mais n’allait pas gagner non plus. Je constate que les partis populaires « à large spectre »  régressent. Tandis que les organisations politiques – je les appelle ainsi – progressent. C’est le cas dans de nombreux pays.

Comment votre parti doit-il se positionner? Doit-il conserver son ADN pur ou s’adapter au contexte?

«Il faut garder nos valeurs. Car on ne peut créer une société sans valeur. Mais il faut aussi s’adapter à la réalité d’un monde qui bouge. Et cela bouge beaucoup, de plus en plus. Quand cela change, ce n’est pas via une évolution, mais via des petits tsunamis qui sont des ‘révolutions’.

Quelle mesure souhaiteriez-vous voir adopter?

«On doit certainement amorcer une politique afin de conserver les talents nationaux au Luxembourg. Va-t-on un jour devoir importer des spécialistes des technologies numériques, par exemple? Et comment intégrer l’intelligence artificielle dans le respect de l’humain? Pour le moment on fait dans le spectaculaire, mais pas dans la profondeur.

Le Luxembourg ne vit pas au rythme du monde, mais au rythme des vacances scolaires.

Viviane Reding, député CSV

Or, il ne suffit pas de donner une tablette à un élève ! Nous sommes en retard au Luxembourg, nous sommes trop lents. On doit amener nos jeunes dans le nouveau monde. Si on ne fait pas cela, il y aura une perte de contrôle. D’autres décideront pour nous. La politique doit pousser les Luxembourgeois à sortir de leur zone de confort, et créer de nouveaux talents. Le Luxembourg ne vit pas au rythme du monde, mais au rythme des vacances scolaires.

Quelles sont vos matières de prédilection?

«J’ai touché à beaucoup de matières au cours de ma carrière: technologies, sport, justice… Ce qui me plaît c’est de créer. Je pense être aussi assez bien placée pour travailler des dossiers européens et de géopolitiques. 

Quelle est votre priorité pour le pays sur le plan économique?

«L’économie n’est pas un tout, mais une partie. Elle est liée aux technologies. Je vois deux priorités: créer des talents et favoriser l’apport du capital à risque. C’est ce qui manque à ce pays à cause de sa mentalité.

Quelles sont vos ambitions personnelles pour cette législature?

«Ce que je souhaite avant tout, c’est que la voix de l’opposition puisse être entendue. Il faut au moins pouvoir débattre des alternatives proposées. Mais je ne vais pas me cantonner au Luxembourg. Je vais aussi continuer à parcourir le monde pour des colloques, des tables rondes...»