Projet du futur bâtiment central qui sera le cœur du centre de congrès. (Photo: Exhibitions & Congress Libramont)

Projet du futur bâtiment central qui sera le cœur du centre de congrès. (Photo: Exhibitions & Congress Libramont)

Libramont. Le nom de cette petite ville ardennaise, sans atout touristique hors l’écrin de nature environnant, ne dit sans doute rien à la plupart des dirigeants d’entreprise, organisateurs d’événements ou autres foires et congrès. Il parle par contre à tous ceux qui, de près ou de (parfois très) loin, sont concernés par le monde agricole, forestier et par tout le pan économique qu’il sous-tend: la Foire de Libramont, rendez-vous annuel de fin juillet, est la référence. Elle est la plus grande d’Europe, attirant pas loin de 200.000 visiteurs en quelques jours (davantage une année sur deux avec un volet forestier sur le terrain), dont 400 délégations internationales.

La 77e édition de la foire s’est achevée, en forêt, ce mercredi 27 juillet et a signé un nouveau record de fréquentation, à quasi 230.000 personnes. Une démonstration supplémentaire que ses organisateurs ont réussi à en faire un événement mixte, unissant le monde rural et le grand public, en mettant à chaque fois en valeur les débats sur les enjeux socio-économiques de l’agriculture au sens le plus large du terme.

Un virage public-privé

Désormais, Libramont va plus loin, en opérant une véritable mue. On ne dit d’ailleurs plus «Foire agricole de Libramont», mais «Exhibition & Congress Libramont» (le 'o' de Libramont étant remplacé par un cœur dans le visuel). Mais, promis juré, le monde agricole ne sera pas oublié, bien au contraire…

C’est quand même un sacré chambardement qui a été annoncé en fin de foire, en présence des ministres wallons Jean-Claude Marcourt (Economie) et Benoît Lutgen (Ruralité), et de tout le gratin socio-économique du Luxembourg belge. Ceux-ci ont signé un document qui avait tout d’un chèque: il «pèse» rien moins que 21,5 millions d’euros d’investissements, dont 50% apportés par la Région wallonne, dans un partenariat public-privé (PPP).

Après 77 ans de service, la Société Royale Le Cheval de Trait Ardennais (SRTA), qui a fait de sa foire un événement européen exclusif, ne sera plus, dès 2012, l’organisateur unique. Elle sera l’un des organisateurs réunis au sein d’une nouvelle société anonyme rassemblant investisseurs publics et privés.

Ambition: un million de personnes

Exhibition & Congress Libramont est chargée de lancer une véritable révolution. Un pari qui, confie le ministre Marcourt, a été très solidement mesuré dans le cadre du business plan, «même s’il y a toujours une part de prise de risque et si les circonstances économiques ne sont jamais exactement celles qui ont été prévues». L’ambition? «On peut raisonnablement attendre une fréquentation d’un million de personnes dans les cinq ans», indiquent les promoteurs du projet.

Dès 2012, le champ de foire, agrandi, aura déjà un visage totalement différent, même si les travaux s’étendront sur 3 à 4 ans. Il verra l’émergence d’un nouveau et énorme bâtiment – passif, ce qui est exceptionnel dans le secteur des foires et exhibitions – ultramoderne et intégré au paysage. Sur quelque 25.000 m2, il proposera espaces d’accueil, salles modulables de réunion et de conférence, restaurants de 3.000 couverts avec espace VIP, halls d’exposition, plus un étage de bureaux de 1.400 m2. De telles dimensions font que le seul «concurrent» belge de ce nouveau centre n’est autre que le parc des expositions du Heysel, à Bruxelles.

Toute l’année, du tourisme d’affaires

Tout autour de cette infrastructure, qui pourra tourner toute l’année, on trouvera des parcelles extérieures d’exposition de 100.000 m2 et un ensemble formant un parc paysager de 60 ha, aménagé avec des zones publiques de loisirs, dont un bikepark, une piste de cross équestre, un théâtre sur herbe, des départs de randonnées accessibles à pied, à vélo ou à cheval...

Ce futur centre d’exposition et de congrès veut, jurent en chœur les porteurs du projet, jouer la carte de la différenciation par rapport à ce qui se fait déjà en Belgique et dans les régions frontalières. «C’est complémentaire, tout à fait hors des sentiers battus», dit Jean-Claude Marcourt, qui laisse entendre que des contacts très porteurs sont déjà établis, voire signés, pour des événements majeurs, non encore dévoilés...

Reste que la foire devient, clairement, plus économique que jamais et surtout multisectorielle, en jouant la carte de son positionnement géographique et du tourisme d’affaires, tout en valorisant les activités de toute la région. Libramont ne se cache pas de cibler l’international. Dont le Grand-Duché de Luxembourg, pour son aura mondiale, pour ses entreprises et pour les facilités d’accès qu’il offre via le Findel notamment.