Jean-Claude Juncker a été président de l'Eurogroupe de 2005 à 2013. (Photo : Conseil européen)

Jean-Claude Juncker a été président de l'Eurogroupe de 2005 à 2013. (Photo : Conseil européen)

La rondeur et l'expérience de Jean-Claude Juncker, qui a abandonné ses fonctions à la tête de l'Eurogroupe il y a à peine deux mois, après huit ans de présidence, semblent déjà regrettées. Son successeur, Jeroen Dijsselbloem, le ministre des Finances néerlandais, est très critiqué pour sa gestion de la crise et ses propos imprudents.

Ce lundi, le nouveau président de l'Eurogroupe, déjà baptisé Dijsselblood ou Dijsselbourde par les mauvaises langues, a fait chuter les marchés, en laissant entendre que la solution consistant à faire payer les banques était un cas d'école, qui pourrait être transposé à d'autres pays, dans le cadre de la crise de la zone euro.

Chute des cours de Bourse

«Si nous voulons avoir un secteur financier sain, le seul moyen est de dire: si vous prenez des risques, vous devez les assumer», a-t-il avancé maladroitement, indiquant que les déposants non-assurés (ceux disposant de plus de 100.000 euros sur leur compte) devraient être mis à contribution, après les actionnaires et les créanciers des établissements financiers. Dans la foulée, toutes les banques de la zone euro ont vu leurs cours de Bourse lourdement chuter.

«Monsieur Dijsselbloem a eu tort de dire ce qu'il a dit», estime Benoît Coeuré, membre du directoire de la BCE (Banque centrale européenne). Ses propos sont rapportés par l'AFP.

Déjà, le week-end précédent, la décision de préléver les comptes des déposants, en deça du montant garanti, avait été perçue comme un mini-séisme. Cette mesure, abandonnée depuis, a créé un précédent qui a semé le doute dans l'esprit des déposants européens. Surtout dans les pays du Sud de l'Europe, où les finances publiques et les systèmes bancaires sont les plus fragiles.

Juncker souligne les lacunes

Jean-Claude Juncker a d'ailleurs lui-même pointé cette gestion et la décision de taxer les petits déposants: «C'est la première fois qu'un accord est élaboré sans ma participation, c'est pour cela qu'il comporte des lacunes», a t-il déclaré.

Le Luxembourg paye indirectement les pots cassés de la gestion de cette crise chypriote, en étant comparé à la petite île méditerranéenne. En Europe, les articles de presse fleurissent pour faire le parallèle entre les deux économies, où la taille des deux systèmes bancaires serait démesurée au regard de celle de l'économie réelle. Die Welt, FT, The Guardian, Huffington Post... la campagne médiatique se déchaîne.

Le ministre des Finances allemand, Wolgang Schaüble, a pourtant écarté ce parallèle. «À ma connaissance, aucun autre État n'est dans la position de Chypre, et surtout pas le Luxembourg», a t-il déclaré, en réponse à une question.

Le Grand-Duché est aussi présenté, au même titre que la Suisse ou Malte, comme une terre d'accueil possible, pour les capitaux russes qui ne seront plus placés à Chypre.

Le Premier ministre luxembourgeois a présidé l'Eurogroupe, qui rassemble les ministres des Finances de la zone euro, de 2005 à 2013. Il a présidé sa dernière réunion le 21 janvier dernier et a soutenu la candidature de Jeroen Dijsselbloem pour lui succéder.