Étienne Schneider estime qu'en politique, il faut savoir faire preuve de courage. (Photo: Nader Ghavami)

Étienne Schneider estime qu'en politique, il faut savoir faire preuve de courage. (Photo: Nader Ghavami)

Question un peu iconoclaste. Est-ce que vous vous identifiez plutôt à Emmanuel Macron ou Arnaud Montebourg?

Normalement, un politicien ne vous dirait rien, mais puisque vous me posez la question, je dirais plutôt Macron que Montebourg, que je connais d’ailleurs. Mais non, plutôt Macron.

Qu’est-ce qui vous plaît dans son action?

Je ne suis pas d’accord avec tout ce qu’il fait ou propose, mais du moins la France en avait besoin: il la bouge. Il tente au moins des réformes qui peuvent la sauver. Franchement, j’avais pitié de la situation économique de la France qui ne bougeait pas. Maintenant, on voit un peu qu’elle a un avenir. On ne doit pas être d’accord avec tout ce qu’il fait, mais au moins, il fait quelque chose et il a le courage de le faire. Ça, ça me plaît beaucoup, car c’est de ça qu’on a besoin en politique: il faut avoir les couilles pour faire bouger les choses…

On reformulera…

Pourquoi reformuler? Pourquoi se cacher tout le temps derrière tout? Comme je le reproche d’ailleurs à Claude Wiseler, qui n’a aucune opinion. Il dit tout le temps: «Il faut en discuter, il faut voir», mais c’est quoi sa position à lui? Il n’en a pas. À ce jour, je n’en ai pas vu, à part qu’il voulait réduire les pensions, augmenter les cotisations et augmenter l’âge de départ à la retraite, mais même ça, il ne veut plus en entendre parler. Plus on s’approche des élections, moins il a de courage.

Il faudra se reposer la question de savoir comment réagir et agir à l’avenir.

Étienne Schneider, ministre de l'Économie

C’est ce qui m’a toujours gêné dans la politique, c’est qu’il y a tant d’hommes et femmes politiques qui n’ont pas le courage de vraiment vouloir bouger les choses et dire ce qu’ils veulent faire. Macron, lui, il l’a fait et il le réalise maintenant. Plus personne ne peut dire: «Si on avait su, on n’aurait pas voté pour lui.»

Je reproche aussi à certains politiciens le fait qu’ils n’osent pas souvent dire ce qu’ils veulent faire, parce qu’ils veulent rester collés à leur poste ou mandat politique. Moi, je n’ai jamais été comme ça. Je ne colle pas à ce siège. D’ailleurs, j’en veux un autre. Si demain ce n’est plus la politique, ce sera autre chose. Je dors tranquille. 2018 sera une bonne année, car quoi qu’il arrive, il y aura un changement en octobre. Et je trouve cela positif.

Compte tenu de la crise de la social-démocratie en Europe et des difficultés du LSAP que l’on observait notamment lors des communales, avez-vous déjà songé à un mouvement En Marche au Luxembourg?

Oui, j’y ai pensé. J’ai songé à faire quelque chose, mais finalement je me suis dit qu’il était trop tôt. Il faut d’abord rediscuter le monde politique au Luxembourg. Si jamais le CSV obtenait plus ou moins la moitié des mandats lors du scrutin d’octobre, comme l’indiquent les sondages, et qu’il ne restait en face que des petits partis réduits à des petites dizaines de sièges au Parlement, alors il faudra se reposer la question de savoir comment réagir et agir à l’avenir.

Faudra-t-il accepter une droite extrêmement forte et que la gauche, ou disons le libéral, soit vouée à l’échec pour toujours? Car pendant 50 ans, ce ne sera plus que des petits partis qui seront priés par le CSV de l’accompagner dans un gouvernement. Ou alors faudra-t-il repenser le tout et nous demander s’il ne faudrait pas plutôt songer à fusionner les partis et créer un vrai contrepoids face à cette droite omniprésente et trop forte.

Il faut attendre le résultat des élections d’octobre d’abord. Il s’agit de réflexions personnelles et non d’un projet de mon parti. Cela n’a jamais été discuté. Mais, à mon avis, c’est une question qu’on devra se poser après les prochaines élections. S’il y a un grand bloc de droite, ne faudrait-il pas former un grand bloc de gauche qui l’oppose?