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Le chief economist de la Banque Degroof Luxembourg présentait, ce jeudi, sa vision de la situation macro-économique, refusant de céder au pessimisme en dépit de quelques ralentissements marquants.

Continuité et convergence: tels étaient les deux mots clefs de la dernière intervention d'Étienne de Callataÿ, à l'aube de cette année 2006. Dix mois plus tard, la confiance reste globalement de mise, malgré la nette dégradation du marché immobilier américain. "Les marchés sont vraiment schizophrènes, note-t-il. Ils se plaignaient, il y a un an, parce que le niveau était trop haut. Ils se plaignent, aujourd'hui, que c'est trop bas. Mais il est certainement préférable de vivre une petite correction, maintenant, plutôt que de voir la bulle gonfler encore plus. Une bulle ça explose toujours et ça éclabousse".

à ses yeux, le marché immobilier américain, surcoté ces derniers temps, va passer par une phase plus délicate, sans pour autant que les conséquences économiques ne soient trop néfastes. D"une part, le ralentissement de l'immobilier n'a pas affecté le marché de l'emploi et d'autre part, une partie de l'argent issu de la période faste a été employé pour financer autre chose que de la consommation. "De plus, note M. de Callataÿ, la baisse des prix du pétrole vient soutenir le moral des consommateurs et leur pouvoir d'achat... Il est difficile de dire si ça va durer, mais c'est toujours bon à prendre".

De l'autre côté de l'Atlantique, où l'on subit généralement, avec un léger décalage, les soucis vécus par les Américains, la banque centrale européenne essaie, au mieux, de gérer la problématique des taux directeurs, dans un environnement économique pour le moins hétérogène, en particulier dans le secteur immobilier. "La BCE est donc obligée de se concentrer davantage sur l'inflation, puisqu'elle ne peut pas se concentrer sur la conjoncture", explique-t-il, refusant de tomber dans la facilité de critiquer à tout-va l'institution dirigée par Jean-Claude Trichet. "Elle a maintenu pendant plus de deux ans son taux directeur à 2%. On ne peut pas dire que ce soit restrictif. Aujourd'hui, on est à 3%, alors que l'inflation se situe autour de 2%. Ce ne sont pas des taux qui étranglent l'économie. Trop d'hommes politiques ont encore le vieux réflexe de trouver en la BCE le bouc émissaire idéal. Ce qui est vrai, en revanche, c'est que les contraintes dues aux réalités économiques propres à chaque pays, la poussent à bouger lentement".

L'intervention de M. de Callataÿ précédait de quelques heures l'annonce de la BCE du relèvement de 25 points de base du taux de soumission minimal appliqué aux opérations principales de refinancement de l'Eurosystème à 3,25 %. Mais cette décision était largement anticipée. "On peut s"attendre à ce que les taux soient relevés deux fois dans les prochains mois, explique-t-il. Cela permettra à la BCE de reconstituer son stock de munitions au cas où la conjoncture viendrait à plonger... à 2%, ce n'est pas possible. à 3,5%, c'est plus facile..."

D"une manière générale, Étienne de Callataÿ est très optimiste, pour les 12 prochains mois, constatant que les marchés actions sont encore en meilleure santé qu'à leur sommet de mars 2003. "Il y a encore plus de raisons d'acheter des actions aujourd'hui qu'en mars 2003", assure-t-il, notant que "la conjoncture internationale est très favorable aux bénéfices des entreprises et va le rester dans les années qui viennent. C"est l'effet de la globalisation'.