Yves Reding considère la transformation digitale comme «un TGV qui va à 500 à l’heure et ne cesse d’aller de plus en plus vite». (Photo: LaLa La Photo / archives)

Yves Reding considère la transformation digitale comme «un TGV qui va à 500 à l’heure et ne cesse d’aller de plus en plus vite». (Photo: LaLa La Photo / archives)

Les images sont nombreuses pour représenter la transformation digitale, ses défis, ses opportunités pour les entreprises. Celle du train qui ne passera pas deux fois s’applique particulièrement, dans un contexte où la technologie entraîne une profonde mutation du fonctionnement de tous les secteurs, à des degrés et un tempo divers, et une internationalisation accrue des affaires. 

«C’est un TGV qui va à 500 à l’heure et ne cesse d’aller de plus en plus vite», déclare Yves Reding, CEO d’EBRC. L’entreprise a rédigé un livre blanc intitulé Digital Needs Trust sur le sujet, ou comment construire un écosystème de confiance dans un environnement où la «data», les données, dont celles relatives à nos comportements au sens le plus large, vont représenter un actif majeur dans l’économie de demain.

Un État d’esprit

«Il faut être conscient qu’il existe deux côtés de la même pièce que représente le cyberespace, ajoute Yves Reding. Côté face, il importe de préserver les valeurs humaines, et je constate que l’Europe joue à cet égard un rôle important comparativement à l’Asie ou aux États-Unis qui n’ont pas la même approche.» Côté pile, le cyberespace peut se révéler dangereux pour les acteurs qui se lancent à corps perdu sans protection dans ce torrent technologique. «Dans l’univers digital, votre perception des éléments se trouve bouleversée, ajoute Yves Reding. Tout le monde fonce, mais toutes les entreprises ne prennent pas forcément les précautions nécessaires. Or il faut être capable, dans un monde incertain, d’être agile par rapport à une série de risques, d’identifier les menaces et de rebondir en permanence. Assurer le développement du business en continu face aux risques, tout en absorbant les chocs, passe par la ‘cyber-résilience’.»

Question d’hygiène

«Digitaliser n’est qu’une première étape sur le chemin de l’innovation disruptive», prévient Yves Reding, comme pour mieux souligner que le mouvement n’en est qu’à ses débuts. Entre l’utilisation d’outils digitaux pour optimiser des processus et la mise sur le marché d’une innovation disruptive, la marge est grande, mais toutes les entreprises sont concernées, y compris les PME traditionnelles luxembourgeoises. 

«Les PME qui ont pris le chemin de la digitalisation doivent se protéger en même temps, note Yves Reding. C’est une prise de conscience qui doit avant tout s’opérer du côté du chef d’entreprise. Celle-ci doit capitaliser sur son expertise pour se projeter dans le digital.» Un état d’esprit qui doit infuser dès à présent en prévision de la montée en puissance de l’intelligence artificielle, qui va s’ajouter comme une couche supplémentaire de la nouvelle révolution industrielle.

«La ‘healthtech’ se met en place dans la Silicon Valley, mais quelle sera la place de l’humain dans tout cela?» se demande Yves Reding. La transformation digitale doit se faire dans le rspect des valeurs humaines, des valeurs essentielles comme la protection de la vie privée.» Cer-tains pays ont élevé cet enjeu à l’échelle nationale. Les plus jeunes États comme l’Estonie peuvent concevoir un fonctionnement en «digital by default» sans subir des lourdeurs historiques. Ce même pays qui a ouvert une e-ambassade au Luxembourg et a même développé la notion d’hygiène… numérique.