Rio Forte possède 49% de Espirito Santo Financial Group, premier actionnaire de Banco Espirito Santo. (Photo: Maison Moderne Studio)

Rio Forte possède 49% de Espirito Santo Financial Group, premier actionnaire de Banco Espirito Santo. (Photo: Maison Moderne Studio)

Après la holding Espirito Santo International, placée mardi en gestion contrôlée, un autre pion de l’empire financier portugais à Luxembourg tombe à son tour: une deuxième holding, Rio Forte, a annoncé ne pas être en mesure d'honorer ses dettes et a donc demandé à être placée en redressement judiciaire auprès du Tribunal de commerce de Luxembourg.

«Rio Forte n'est pas en mesure de remplir ses obligations sur une partie de ses titres de dette qui sont arrivés à échéance le 16 juillet», a annoncé le groupe dans un communiqué de presse. «Une restructuration transparente et ordonnée de la société, dans le cadre d'un processus de gestion contrôlée, permettra la viabilité financière à long terme», a estimé le groupe. Comme pour ESI, cette réorganisation passera par la cession de ses actifs, présentée comme une mesure allant dans l'intérêt de ses créanciers.

Remboursements garantis

La société luxembourgeoise avait échoué la semaine dernière à régler 897 millions d'euros de dette au groupe Portugal Telecom. Suite à cette défaillance, l'opérateur avait menacé d'avoir recours à la justice pour obtenir le remboursement du prêt controversé, ce qui a déclenché la colère de ses actionnaires.

Rio Forte devrait présenter un plan de restructuration censé lui permettre de vendre des actifs et lever des fonds, à l'abri des demandes de ses créanciers.

Rio Forte possède 49% du capital de Espirito Santo Financial Group (ESFG), à son tout premier actionnaire de la banque Banco Espirito Santo (BES), avec une participation de 20,1%, aux côtés de la banque française Crédit agricole (14,6%).

La BES avait assuré la semaine dernière «garantir le remboursement» de tous les titres de dette de Rio Forte et ESI acquis par des clients particuliers dans son réseau bancaire. La banque avait chiffré début juillet le montant de ces titres de dette à 342 millions d'euros pour Rio Forte et 255 millions pour ESI.

BES avait évalué son exposition à la dette du groupe Espirito Santo à 1,2 milliard d’euros, mais ses responsables avaient indiqué attendre la publication du plan de restructuration avant de pouvoir chiffrer des pertes potentielles. La banque avait annoncé une perte de 89,2 millions d’euros au 1er trimestre 2014. Cette perte avait atteint 517,6 millions d’euros sur l’ensemble de 2013.

Juge commissaire en solo

Par ailleurs, on a appris que la juge commissaire Karin Guillaume, désignée mardi par le Tribunal de commerce pour prendre en charge la gestion contrôlée de ESI (et probablement aussi Rio Forte, si la demande est validée), travaillera en solo, ce qui est assez exceptionnel (tout comme d’ailleurs la procédure de gestion contrôlée), sans que soient nommés des experts externes (réviseurs ou avocats) pour l’épauler.

Il faut dire aussi qu’il n’y avait peut-être pas foule au balcon parmi les experts pour prendre en charge une gestion contrôlée aussi lourde, en plein congé estival.