Julien Clerc sera la tête d’affiche des Francofolies du Luxembourg, le 6 septembre. (Photo: Boby)

Julien Clerc sera la tête d’affiche des Francofolies du Luxembourg, le 6 septembre. (Photo: Boby)

C’est ce qu’on appelle en sociologie des prédictions créatives. À force de répéter quelque chose, cela devient vrai. Quand Georges Mischo, le bourgmestre (CSV) d’Esch-sur-Alzette, nous dit que sa ville «est la plus française et francophile» du pays, on ne demande qu’à le croire. Même si force est de constater que la langue de Molière (quelle idée désuète, on devrait dire la langue de Brel, au minimum) peine de plus en plus à s’imposer au Grand-Duché.

Toujours est-il que la Métropole du fer (ça aussi, ça date un peu comme référence) fête le 14 juillet depuis longtemps et lance les 6,7 et 8 septembre, avec le producteur privé KDTS (Jean-Serge Kuhn), Les Francofolies du Luxembourg, nouvelle émanation du célèbre festival qui se tient à La Rochelle depuis 1985. «Cette année, c’est seulement un ‘warm up’, la première édition se tiendra en septembre 2019, et le contrat nous mène jusqu’en 2022», détaille Pim Knaff, échevin à la Culture (DP), qui se réjouit de voir un événement qui «va dans le même sens que le plan culturel de la ville et aura certainement des retombées touristiques et économiques». 

Si un festival est bien prévu en 2022, Pim Knaff a tenu à préciser qu’il n’empièterait pas sur le budget de l’année culturelle, mais qu’il serait organisé «en bonne intelligence avec le programme».

100 artistes dans cinq ans

C’est l’organisateur privé Jean-Serge Kuhn qui a approché la Ville d’Esch avec Gérard Pont, le producteur des Francofolies de La Rochelle, en 2017, en «pensant qu’il y avait la place pour un grand festival à Esch». Avec l’assurance de mener cinq éditions et un soutien de 200.000 euros de la commune cette année (le ministère de la Culture et le «nation branding» mettent aussi la main à la poche), il espère, à terme, «programmer une centaine d’artistes, y compris des lectures, de la gastronomie». Rappelons cependant que les essais passés du festival Terres Rouges ont fait long feu, mais c’est de l’histoire ancienne.

Pour l’heure, la version échauffement («c’est vrai que ‘warm up’, pour un festival francophone, ça ne sonne pas très bien», confiait Gérard Pont) des Francofolies du Luxembourg accueillera Julien Clerc (au Théâtre municipal, c’est presque complet), qui revient 40 ans après avoir chanté sur cette même scène.

Julien Arpetti en assurera la première partie. C’est un des rares artistes luxembourgeois à chanter en français, et son univers poétique cadrera parfaitement avec celui qui célèbre 50 ans de succès ininterrompus.

Tremplin… en anglais

Plus remuant, plus rock, plus punk: le 7 septembre, la Rockhal accueillera Shaka Ponk. Le groupe à l’énergie fracassante remonte sur scène avec The MonkAdelic Tour et prépare un live spectaculaire, entre prouesse technologique et performance scénique. Les Luxembourgeois de Versus You et le très rock Mat Bastard ouvriront les hostilités.

Fidèle à l’idée que les Francofolies doivent servir de tremplin aux talents émergents, le samedi 8 septembre, la place de l’Hôtel de Ville alignera quelques noms de la scène locale et voisine: Didier Sustrac (Français au style bossa), Bartleby Delicate (aka Georges Goerens, Luxembourgeois aux poèmes tendres), DJ Kirsty Sutherland (DJette hip-hop locale), Southern Caravan Breath (du rock old school de Sarrebruck) et Seed to Tree (le groupe folk indie pop luxembourgeois qu’on ne présente plus).

Loin de nous l’idée de prôner un sectarisme francophone et d’interdire de chanter dans la langue de – disons – John Lennon, mais c’est quand même un peu triste de n’avoir pas trouvé un jeune groupe (de rap, par exemple) luxembourgeois pour chanter en français. «C’est le reflet de la scène actuelle, pour les prochaines éditions, on élargira les scènes pour offrir un reflet de la diversité eschoise», a recadré Jean-Serge Kuhn.

www.francofolies.lu