Vincent Köller et Jean-Pascal Nepper (KPMG Advisory) (Photo: Charles Caratini)

Vincent Köller et Jean-Pascal Nepper (KPMG Advisory) (Photo: Charles Caratini)

Sortie de crise. Les trois mots magiques sont peut-être en train de ramener de la confiance et de relancer la mécanique. Ne serait-ce pas le moment opportun, dans le monde bancaire, de se donner de nouveaux avantages concurrentiels? Par exemple, en ciblant les solutions informatiques les mieux adaptées?

Vincent Köller et Jean-Pascal Nepper, partner et director chez KPMG Advisory à Luxembourg, ont un regard aigu sur le marché, où ils sont sollicités autant par les institutions financières que par les éditeurs de solutions. «On sent que la question peut se poser pour tous les fournisseurs de progiciels bancaires et de services associés, comme à l’ensemble de la Place. Mais on ne sent pas de réel mouvement. Le marché est très calme. Tout le monde est un peu prudent, en phase d’attente ou de consolidation.» Jean-Pascal Nepper note: «Le nombre de banques se réduit considérablement. Il y a eu des disparitions. Il y a aussi des processus de fusion, d’absorption, d’intégration de services. Par contre, il y a peu de nouveaux acteurs. La priorité est à l’intégration. Les banques privées doivent trouver le bon positionnement et prévoir une stratégie à long terme, pour leur ancrage à Luxembourg.»

Les besoins ne seraient donc pas criants? Ou pas considérés comme des besoins premiers? «Techniquement, analyse Vincent Köller, les solutions informatiques sont assez âgées, elles ont souvent une dizaine d’années et sont amorties. Il peut y avoir des implémentations plus obsolètes. Et de nouveaux systèmes ne seraient donc pas inutiles. Mais on est plutôt dans un trend où les acteurs de la Place consolident leurs acquis, réfléchissent à augmenter le volet recettes et veulent maîtriser les coûts.» Quand les systèmes fonctionnent encore, il n’y a aucune priorité à investir dans ce contexte...

Jouer les bonnes cartes

Par contre, la plupart des acteurs cherchent à se positionner au mieux. Car il y a une sorte de double concurrence. Sur le marché, vis-à-vis des autres institutions bien sûr, mais aussi en interne, chaque banque, chaque filiale, essayant d’être confirmée dans son rôle de centre d’excellence, de dégager un hub spécifique, d’accroître sa légitimité. «Au Luxembourg, pour celles et avec celles qui y arriveront, il y aura de belles cartes à jouer.»

La pression est donc aussi placée, fortement, sur les éditeurs de solutions qui, pour l’instant, se cherchent des débouchés dans un marché calme. Les consultants de KPMG observent aussi bien les clients que les vendeurs. «Nous sommes dans un processus de vente très long, appuie M. Nepper. Il y a encore de la ressource, mais l’échiquier est assez mouvant. L’évolution devrait se jouer dans les deux ans. Les enjeux stratégiques ne manquent pas pour la Place. Du côté des acteurs, il y a des mouvements également. Des PSF peuvent se positionner comme partenaires d’outsourcing. On en parle beaucoup, mais les pas sont feutrés. La Suisse a une culture différente et est plus avancée pour l’outsourcing de solutions bancaires.»

Au Luxembourg, il est difficile de généraliser: «Il y a autant de cas que de banques, résume M. Köller. Chacune a sa valeur ajoutée, sa façon de voir. Et puis il y a les centres de décision, qui sont de moins en moins ici. Les filiales de grands groupes internationaux peuvent simplement implémenter les systèmes de back-office qui fonctionnent dans la maison mère. Peut-être cela va-t-il bouger, dans la gestion de l’outil personnalisé, au niveau du front office, qui reste la vitrine de la banque privée et où la différenciation compte.»

De leur côté, les éditeurs sont également en phase de consolidation ou digèrent des concentrations. «Des outils technologiques, il y en a sans cesse de nouveaux. Mais il y a aussi, à côté des besoins ciblés des uns et des autres, une veille importante. On regarde, par exemple, comment se comporte le système Analog arrivé à Luxembourg. C’est a priori la Rolls des systèmes, mais il faut une taille critique pour en tirer bon effet. On sent qu’il y a de la prudence, un peu partout.»