Dans ce numéro, le Land revient sur la légalisation du cannabis récréatif au Luxembourg. (Photo: d'Lëtzebuerger Land)

Dans ce numéro, le Land revient sur la légalisation du cannabis récréatif au Luxembourg. (Photo: d'Lëtzebuerger Land)

Coup sur coup, le nouveau gouvernement entame une nouvelle ère en politique des drogues: après l’introduction du cannabis médical ce mois-ci, le Grand-Duché va légaliser le cannabis récréatif, promet l’accord de coalition DP-LSAP-Déi Gréng de décembre 2018.

Ainsi, le Luxembourg sera un pionnier en Europe et le troisième pays dans le monde, après l’Uruguay et le Canada, à franchir ce pas et arrêter la politique répressive qui a façonné la lutte contre la toxicodépendance durant les dernières décennies.

Mais les ami(e)s de la fumette doivent encore patienter: il faudra d’abord élaborer une démarche bien réfléchie, fondée et coordonnée. Car le dossier est beaucoup plus complexe qu’il ne semble à première vue, ce qui explique les réticences à la libéralisation, au Luxembourg comme à l’international.

Condamnations à la chaîne

C’est à la demande du DP que l’accord de coalition annonce l’introduction de la procédure de comparution immédiate dans le droit pénal. L’expérience en France montre que la comparution immédiate est surtout une justice pour les pauvres, rapide et bon marché, aux dépens de la présomption d’innocence et des droits de la défense.

Des études françaises montrent que les accusés sont surtout des jeunes, des hommes, des immigrés en situation précaire ou au chômage, des mal-logés ou sans-abri, souffrant souvent de problèmes de santé. Une audience complète dure en moyenne 29 minutes, pour mener, dans 70% des cas, à des peines de prison ferme.

Les patrons contre «la plèbe»

Pour clôturer son 100e anniversaire, la Fédération des industriels luxembourgeois (Fedil) vient de publier une monographie («Tous les défis du monde», Maison Moderne, 160 pages) dont le ton réactionnaire frise le comique.

La Fedil avait passé commande de ce livre à l’historien Charles Barthel, lui donnant carte blanche. Celui-ci a choisi de se concentrer sur l’émergence du lobby patronal, c’est-à-dire les années 1917 à 1921, la période des crises politiques, diplomatiques, dynastiques et sociales.

L’antagoniste de son récit, ce sont les syndicats. Le livre se lit comme un long dérapage syndicalophobe. Sous la plume de Barthel, le syndicaliste socialiste Pierre Krier se transforme en grand manipulateur de l’histoire sociale, un «agitateur socialiste» épaulé de «têtes brûlées» et d’«une poignée d’illuminés communistes».

À l’écoute de ses discours, les ouvriers seraient «ensorcelés» et se transforment en «caïds locaux». D’un côté, «les outrances des leaders syndicalistes à la Pierre Krier, Adolphe Krieps ou Pierre Kappweiler». De l’autre, la Fedil, «une organisation de combat contre la déraison prolétarienne». Emporté par ses propres formules et formulations, Charles Barthel a fini par pondre une apologie de l’autoritarisme patronal.