Enerdeal vise des projets en Afrique comme celui réalisé à Manono au Congo. (Photo: Enerdeal)

Enerdeal vise des projets en Afrique comme celui réalisé à Manono au Congo. (Photo: Enerdeal)

En partenariat avec le groupe belge Forrest, la société belgo-luxembourgeoise Enerdeal vient d’installer au Congo la plus grande centrale photovoltaïque munie d’une capacité de stockage. Ce projet innovant éclaire désormais la ville de Manono (20.000 habitants), isolée au cœur du Katanga.

Pour Enerdeal, il s’agit d’un projet phare qui démontre sa capacité à mener de bout en bout des projets compliqués dans un environnement aussi complexe que l’Afrique subsaharienne. «Depuis trois ans, nous orientons vraiment notre stratégie de croissance vers l’Afrique», explique François Neu, cofondateur de l’entreprise avec Grégoire de Pierpont et Filip Verboven et directeur commercial et marketing.

Enerdeal est née au Luxembourg en 2009. Basée à Steinfort, elle a très vite étendu son activité au marché belgo-luxembourgeois en se dotant d’une seconde base à Zaventem, à proximité de Bruxelles. L’ingénierie se fait depuis la Belgique, alors que le développement international et la gestion financière sont assurés depuis le Grand-Duché.

Notre cœur de métier est de construire, financer et gérer des projets solaires de taille industrielle.

François Neu, cofondateur d’Enerdeal

François a fondé Enerdeal en 2009 avec deux autres ingénieurs.

«Notre cœur de métier est de construire, financer et gérer des projets solaires de taille industrielle», poursuit François Neu. «Nous n’intervenons pas sur des projets de moins de 2.000m2

En Belgique et au Luxembourg, Enerdeal a déjà réalisé environ 120 projets de grande taille. Au Grand-Duché, elle a notamment travaillé avec Cora, avec la société Kihn et assuré l’électrification via des panneaux photovoltaïques du bâtiment Solarwind à Windhof.

Mais la jeune société n’est pas seulement un fournisseur de centrales. Dans la plupart des projets, elle intervient sur le principe du tiers investisseur. «Nous nous rémunérons soit en vendant l’électricité à nos clients, mais plus généralement en louant nos installations selon le principe du leasing», note le cofondateur.

Le marché luxembourgeois repart

Il explique aussi que le marché luxembourgeois est resté atone depuis 2012 et qu’il y a eu d’importantes restrictions de subventions. «Mais les règles ont à nouveau évolué et le marché est en train de reprendre.»

Quoi qu’il en soit, la position au Luxembourg reste stratégique au niveau du financement des dossiers. Enerdeal finance en partie elle-même les projets et recherche aussi des investisseurs pour compléter l’enveloppe. «Le Luxembourg est central à ce niveau», insiste François Neu. «Il y a vraiment un effet d’aspiration, nous pouvons rencontrer facilement des investisseurs de tout type.»

La société a déjà créé différentes sociétés de financement et est actuellement occupée à structurer un fonds pour ses futurs projets. Elle observe d’ailleurs que de plus en plus d’investisseurs sont à la recherche de projets d’impact.

Changement de mentalité

«Ils sont prêts à un rendement moindre pour pouvoir donner un sens à leurs investissements», explique le responsable d’Enerdeal. «Et ce changement de mentalité se ressent aussi chez les décideurs qui nous contactent pour un projet photovoltaïque dans leur entreprise. Il y a cinq ans, le premier objectif était encore d’obtenir un retour financier. Aujourd’hui, avec l’effet COP21, leur volonté est vraiment d’agir en faveur du climat.»

À l’international, sur le continent africain, l’entreprise de Steinfort développe aussi d’importants projets d’électrification – au Sénégal, au Cap-Vert, etc. – qu’elle finance selon des principes similaires, mais avec l’appui d’un partenaire industriel européen sur place.

«Il y a quelques années, les Africains recouraient surtout aux groupes électrogènes fonctionnant au diesel», explique François Neu. «Mais le prix des carburants a augmenté alors que celui des panneaux photovoltaïques a beaucoup diminué, rendant ces projets accessibles.»