L’organisation patronale avait, par la voix de son administrateur délégué Jean-Jacques Rommes, soumis aux parties concernées une suggestion de réforme du financement de l’assurance-maladie, dans le but affiché de simplifier les paiements. Une réforme qui consistait à redistribuer les cartes entre la Mutualité des employeurs, l’État et les cotisations salariales.
Aujourd’hui, l’assurance-maladie est répartie entre la CNS et la Mutualité des employeurs. La première est chargée des prestations en nature et d’une partie des prestations en espèces – au-delà de 77 jours d’absence pour maladie d’un salarié –, l’ensemble étant financé par les salariés (30%), les entreprises (30%) et l’État (40%). La seconde s’occupe exclusivement des prestations en espèces relatives aux 77 premiers jours d’absence d’un salarié et est financée à 75% par les entreprises et à 25% par l’État.
Refus syndical unanime
Selon l’UEL, ce système – fruit de multiples accords politiques intervenus au fil des ans – entraînerait des paiements et des compensations en tous sens et des financements croisés qui le rendraient à la fois complexe et opaque. L’UEL suggère de faire peser les prestations en nature sur les salariés et l’État tandis que les entreprises financeraient uniquement les prestations en espèces.
Les syndicats ont étudié la proposition patronale avant de se prononcer, mercredi, résolument contre sa mise en place. «Une désolidarisation de la part des employeurs dans le cadre des prestations en nature de l’assurance-maladie ne constituerait qu’un premier pas en vue de se défaire de leur responsabilité sociale ainsi que de leur obligation de cofinancement dans le système de sécurité sociale», considèrent l’OGBL et le LCGB dans un communiqué commun.
Même refus du côté de la CGFP et de la FGFC pour les agents publics et communaux, pour lesquels seul le financement tripartite «assure à chacun un accès illimité à la meilleure prise en charge médicale possible». Et de rappeler que la «première réaction du ministre de la Sécurité sociale» a été de juger la position de l’UEL «inacceptable».
Nous ne nous dédouanons pas de notre responsabilité sociale.
Nicolas Henckes, secrétaire général de l’UEL
«Encore un réflexe pavlovien qui veut que tout ce qui vient du patronat est forcément mauvais», réagit Nicolas Henckes, secrétaire général de l’UEL interrogé par Paperjam.lu vendredi. «Nous ne nous dédouanons pas de notre responsabilité sociale. Nous avons bien réfléchi avant de proposer cette réforme, nous avons essayé de la challenger pour voir s’il y avait des failles dans sa cohérence. Et là nous recevons un rejet en bloc idéologique, sans argument concret.»
Mais l’affaire n’est pas oubliée pour l’UEL. «Cette proposition sous-tend notre vision des choses et nous comptons la défendre dans les mois et les années à venir.» Voire dans les semaines à venir puisque la quadripartite santé se tiendra le 27 avril. «Quand il s’agira de nouveau d’augmenter les dépenses alors que la transposition de l’accord dans la fonction publique au secteur de la santé va coûter des millions, on verra qui est prêt à payer quoi…»
L’UEL a également soumis ses suggestions à l’Association des médecins et médecins-dentistes (AMMD) et à la Fédération des hôpitaux luxembourgeois. Celles-ci n’ont pas encore réagi publiquement.