Les journalistes du Land se sont penchés sur une affaire particulière du tribunal d’arrondissement. (Photo: d'Lëtzebuerger Land)

Les journalistes du Land se sont penchés sur une affaire particulière du tribunal d’arrondissement. (Photo: d'Lëtzebuerger Land)

Le 1er mars 2020 est la date d’introduction de la gratuité des transports en commun, annonça ce lundi le ministre de la Mobilité François Bausch (Déi Gréng), devant une audience internationale de journalistes. Mais après les déclarations enthousiastes des dernières semaines, le gouvernement est en train de découvrir la complexité du projet de vouloir devenir le premier pays du monde introduisant le tarif zéro.

Les frontaliers, par exemple, en profiteraient-ils également, et d’une manière suffisante surtout? Les réseaux locaux d’autobus feront-ils tous partie de la gratuité? Quel futur pour la profession des accompagnateurs de train? Et que faire si, après le 1er mars 2020, la demande augmente – même si le ministre n’y croit pas? Ce que ce débat a de nouveau et de rafraîchissant, c’est que le projet «gratuité» soit discuté en public et mène à une politique évolutive.

«Une affaire juridiquement très intéressante»

Mercredi matin, sous les combles du tribunal d’arrondissement, dans une salle à peine aussi grande qu’un séjour, les avocats se bousculent pour les chaises vides, pendant que les juges, sans micro, appellent les affaires de disputes familiales, les litiges entre l’Administration de l’enregistrement et telle ou telle société. Puis, à 9h24, le juge appelle une nouvelle affaire pour laquelle les clients ou bien leurs représentants sont venus spécialement de New York et de Téhéran.

En quelques minutes, sans crier gare, on passe de la TVA aux attentats du 11 septembre 2001, avec comme enjeux complexes l’immunité des États souverains en cas de dommages à des civils dans le contexte de conflits armés internationaux et en dehors de ce contexte – en l’occurrence celle de l’Iran et, par extension, de sa Banque centrale –, la séparation des pouvoirs aux États-Unis et leur politique étrangère.

Car il s’agit de faire reconnaître en droit luxembourgeois plusieurs jugements américains qui donnent droit à des dommages et intérêts aux survivants des attentats du 11 septembre par l’Iran et sa Banque centrale et par ce biais de mettre la main sur les milliards iraniens bloqués par un huissier chez Clearstream depuis début 2016. Entre avocats jouant sur leurs portables en attendant d’être appelés, la représentante du ministère public dit d’une voix grave: «L’enjeu est de taille, vu les dépôts étrangers au Luxembourg.» Puis, après cette brève excursion en géopolitique internationale, la salle retourne aux disputes de promoteurs immobiliers.

Job shadowing

Le gouvernement veut enfin encadrer la pratique des stages en entreprise. Or le projet de loi déposé en 2018 par Nicolas Schmit (LSAP) est loin de faire l’unanimité. Son successeur Dan Kersch (LSAP) veut le reprendre sur le métier.

Presque en même temps que fut déposé le projet de loi sur les stages, l’anthropologue anarchiste américain David Graeber publia son livre «Bullshit jobs», dans lequel il démonte de manière radicale cette nouvelle forme de «féodalité managériale» qui veut que de plus en plus de gens ont des emplois ne faisant aucun sens, dans la finance, l’informatique, l’assurance ou la communication, des jobs qui, pour cette absence de sens, engendrent un sentiment d’inutilité et d’imposture, moralement destructeur, chez ceux qui les exercent.

Or, au lieu de remettre en cause ces emplois, ceux qui les occupent ne font que les reproduire, en engageant des stagiaires en charge de photocopier et de classer des dossiers parfaitement inutiles – ce que Graeber appelle «l’assistant brassant de l’air car son chef a besoin de justifier sa position hiérarchique».