Le gouvernement considérait, mardi, que l’émission des obligations cette semaine était un «bon timing». Selon lui, il a eu raison. L’emprunt de 2 milliards d’euros sur dix ans a été contracté à un taux d’intérêt fixe de 0,625% et à un taux de rendement de 0,74% par an, «ce qui constitue les taux d’intérêt les moins élevés jamais contractés par l’État luxembourgeois pour un emprunt obligataire classique», écrit le ministère des Finances dans un communiqué publié ce jeudi.
Le ministre, Pierre Gramegna (DP), qui informait jeudi matin la commission parlementaire des finances et du budget, a noté «avec satisfaction que nous avons réussi à placer un emprunt à un coût de financement intéressant pour l’État. Et ce au regard des conditions de marché actuelles et de l’évolution des taux d’intérêt à long terme.»
Pierre Gramegna ne ment pas, mais il ne dit pas tout.
Gast Gibéryen, député ADR
Le chef de file du CSV, Claude Wiseler, ne partage pas la même analyse. Citant les données du Financial Times, le président de la fraction CSV estime que les taux auraient sans doute été «meilleurs en octobre dernier». En effet, les taux de rendement des obligations dans la zone euro ont légèrement augmenté ces derniers mois. Un constat qui pousse le président de la fraction CSV à nuancer l’euphorie du gouvernement, indiquant tout de même «ne pas faire de reproche au gouvernement, mais quand même». Car, selon lui, «la procédure pour l’émission d’obligations était déjà lancée».
Sur cet aspect, Claude Wiseler est rejoint par le député ADR, Gast Gibéryen. Ce dernier rappelle que lors des débats sur le budget de l’État, en décembre, Pierre Gramegna se félicitait encore que le gouvernement ne devrait pas emprunter en 2016. Or, «un mois plus tard», le gouvernement emprunte 2 milliards d’euros, constatent les deux partis d’opposition. Gast Gibéryen estime ainsi que «Pierre Gramegna ne ment pas, mais il ne dit pas tout».
Soupçons de Strenz-Politik
Le député ADR explique qu’«un milliard et demi de la dette émise servira au remboursement des dettes». Tandis que le ministère des Finances indique que l’emprunt serait «à considérer en relation avec la politique ambitieuse du gouvernement en matière d’investissements (plus de 8 milliards d’euros sur la période 2014-2017, ndlr)», l’ADR critique une spirale de l’endettement, qui coûtera aux générations futures. Le ministère souligne pour sa part que «le Luxembourg reste parmi les États membres de l’Union européenne avec les taux d’endettement les plus faibles».
Claude Wiseler estime, quant à lui, que la politique de gouvernement n’est pas adaptée à une période de croissance économique que traverse le pays en ce moment. Interrogé quant à une «politique de l’arrosoir» des partis gouvernementaux en vue des élections (connue en luxembourgeois comme la «Strenz-Politik», ndlr), Claude Wiseler ne peut s’empêcher de répondre «évidemment».