Jeannot Krecké se faisant expliquer les installations, lors de sa visite de McBride-Chemolux, en septembre 2007. (Photo: Ministère de l'Économie et du Commerce extérieur)

Jeannot Krecké se faisant expliquer les installations, lors de sa visite de McBride-Chemolux, en septembre 2007. (Photo: Ministère de l'Économie et du Commerce extérieur)

Chemolux est installée à Foetz depuis près de 30 ans. L’entreprise spécialisée dans les produits chimiques d’entretien, et notamment les tablettes pour lave-vaisselle, y avait transféré son siège en 1982. Quinze ans plus tard, le site passait sous contrôle du groupe Henkel. Et, en 2007, l’anglais McBride prenait le relais.

Henkel est resté un très gros client de son ancien site luxembourgeois, auquel il assure environ 60% du chiffre d’affaires annuel. Mais il faut parler au passé de ce client historique. «La direction de Chemolux McBride a annoncé à son personnel que le plus grand client de l’entreprise, en l’occurrence Henkel, venait de rompre le contrat avec effet au 1er janvier 2012», confirme un communiqué commun des syndicats OGBL et LCGB.

La production chuterait ainsi de 55%. «Si ce manque de production ne peut pas être remplacé par de nouvelles commandes, on risquera une diminution du personnel pouvant aller jusqu’à 140 personnes», poursuit le communiqué syndical. OGBL et LCGB ont insisté sur la négociation d’un plan de maintien dans l’emploi (PME).

Ne pas attendre le nombre exact

Les syndicats expliquent que «la délégation du personnel n’a toujours pas obtenu un engagement clair, ni oral, ni écrit, de la part de Chemolux McBride». La direction se dit sensible aux attentes mais ne veut pas s’engager sur un plan sans connaître le nombre exact de personnes à licencier. La priorité est à la recherche de nouveaux clients, qui compenseraient au moins en partie la perte de Henkel et permettraient d’éviter l’écrémage de 50% de l’effectif, qui est encore de quelque 260 personnes.

Pour les syndicats, «en tout état de cause il y aura des licenciements, et partant, des solutions à négocier pour les salariés concernés». Les estimations de pertes de postes vont de 40 à 140, selon les scénarios. «Il est absolument nécessaire de fixer dès à présent un cadre qui prendra effet au moment où les noms des personnes à licencier seront connus, poursuit le communiqué du front commun. La majeure partie des salariés de Chemolux McBride doit être préparée à la recherche d’un nouvel emploi avec des formations.»

Les syndicats en appellent à une carte de formations possibles dans des domaines divers, élaborée avec l’Adem, les fédérations, les Chambres de Commerce et/ou des Métiers… «Il faut mettre en place une cellule de reclassement interne pour encadrer les personnes concernées et les guider à travers la jungle administrative luxembourgeoise, française, belge et allemande, insistent les syndicats. Il faut aussi prévoir une ou deux bourses pour l’emploi mettant ensemble les salariés à la recherche d’un nouvel emploi et les entreprises intéressées à recruter.»

Les syndicats déplorent encore l’attitude de la direction qui ne souhaite pas faire une demande d’éligibilité à l’aide au réemploi, ni proposer une indemnité de départ volontaire. Car pour l’instant, même s’il y a léger ralentissement des cadences, il n’y a pas de personnel en trop. Les commandes en cours doivent être honorées et il faut produire les stocks prévus, notamment pour Henkel.

Trajectoire de décroissance

Sous Henkel, Chemolux comptait encore 275 salariés en 1998. Cet effectif était à peu près similaire en 2007 lorsque McBride a repris les rênes, pour quelque 59 millions d’euros selon des sources officielles.

A l’époque – le 11 septembre précisément - Jeannot Krecké, ministre de l'Economie et du Commerce extérieur, avait effectué une visite auprès de Chemolux, pour rencontrer les dirigeants de l’entreprise anglaise McBride. «La reprise par McBride devrait permettre à Chemolux de renforcer sa position concurrentielle et de poursuivre sa trajectoire de croissance», avait communiqué à cette occasion le ministère, qui concluait: «McBride est spécialisée dans la fourniture de produits cosmétiques d’hygiène corporelle et d’entretien ménager distribués par les grands détaillants d’Europe. Les gammes actuelles de Chemolux et de McBride sont complémentaires en termes de catégories de produits, de marchés géographiques et de canaux de distribution.»

C’était vrai il y a encore quelques mois. Mais un gros client, ancien gestionnaire du site, a changé la donne.