Depuis 20 ans, la famille Ehlinger se concentre sur un parc immobilier de 57 bâtiments. Immobilier… un mot qui convient finalement si peu pour résumer l’histoire de cette famille qui a sans doute, à une époque pas si lointaine, détenu le record de kilomètres effectués sur les routes du pays.

Parce que son histoire, c’est avant tout une histoire de camions. Une saga nourrie au diesel qui remonte à l’aube des années 1920. Après avoir revendu une activité de distillateur d’eau-de-vie, la famille se lance dans le charbon. Une première automobile transformée en camionnette remplace l’attelage, mais l’idée qui émerge est d’acheter un camion.

Un moyen de transport peu apprécié à l’époque, explique Marcel Ehlinger dans le livre «Histoires de Familles». «C’étaient des engins pétaradants, très compliqués à manier, capricieux et qui nécessitaient un entretien journalier.» Mais l’idée semble pourtant bonne et son père part pour Paris où étaient organisées des ventes de matériel de la Grande Guerre qui venait de se terminer.

Avec le budget dont il disposait, pas moyen d’obtenir un camion digne de ce nom. Il revient alors avec un châssis-moteur neuf Berliet qui, selon son fils, «n’était rien de plus qu’un moteur posé sur un châssis auquel on avait ajouté des roues montées sur des bandages en caoutchouc plein et une caisse en guise de siège…».

Drôle de début, mais l’activité de transport est née. Et va se développer pendant des décennies. Même si la Seconde Guerre mondiale sape la dynamique. Au terme du conflit, la compagnie ne dispose plus que de trois camions vieux de 15 ans.

Changements du marché, changement de cap

Ensuite, il faudra anticiper la fin du charbon, détrôné par le pétrole. Ce qui se fait dès la fin des années 50 avec l’achat d’un premier camion-citerne. Une nouvelle aventure qui se termine par la vente de la flotte au groupe français UGP, futur Elf. Puis vient la création d’Intralux Transports, une nouvelle compagnie de transport de produits pétroliers, développée à partir de 1973 et qui compte déjà 30 bahuts cinq ans plus tard.

Mais finalement la création d’un marché unique européen, en 1993, apparaît comme un feu orange pour le groupe luxembourgeois qui redoute la concurrence internationale. De là, la décision de Marcel Ehlinger de revendre l’activité et de concentrer les moyens financiers dans l’immobilier après rachat du groupe Schuler. Qui, aujourd’hui, oserait critiquer ce choix?

Le groupe Schuler en quatre points

  • Management: Martine et Marcel Ehlinger
  • 125.000 m2 sous gestion
  • 57 immeubles en portefeuille
  • 25 collaborateurs

L’ouvrage Histoires de Familles est coédité par la Banque de Luxembourg et Maison Moderne. Plus d’informations sur l’e-shop de Maison Moderne.