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L'importance de la PME dans le paysage économique n'est plus à démontrer. Etudes après études, on insiste sur l'importance de la prise de risque, de l'esprit d'initiative. Dynamisme du tissu économique, source de croissance, souplesse et réactivité, n'en jetez plus, hors la PME, point de salut pour une économie. Europe contre Etats-Unis. Par contraste, on cite souvent l'exemple nord-américain com-me celui à suivre? «Dans ce pays», la base sur laquelle la vie économique s'est développée est celle de la prise de risque. L'entrepreneur est soutenu par un système fiscal, social et financier ayant intégré non seulement la prise de risque, mais prenant en compte la possibilité de l'échec. A contrario, l'Europe en général et la Grande Région en particulier, ne «valorise» pas la prise de risque à sa juste valeur.

Grande Région' Grande Région' Mais que vient-elle faire ici? Cet ensemble est disparate, mélange entre quatre pays, un nombre incroyable de systèmes légaux et de  capacités d'action, que vient-on parler de prise de risque ou d'esprit d'entreprise dans un tel contexte? La question est bonne et commence à trouver quelques réponses. Le 18 mai 2001 s'est déroulé (se déroulera, au moment de la rédaction de ces lignes) le Forum sur l'entrepreneuriat dans la Grande Région. De quoi s'agit-il' En préparation au 6e sommet des Chefs des Exécutifs de la Grande Région qui aura lieu en novembre 2001, ce Forum sera l'occasion de présenter une étude commandée par le Gouvernement luxembourgeois, à propos de la promotion de la culture entrepreneuriale. Ce Forum offre également l'opportunité de débattre d'un certain nombre de points concernant la création d'activité.

La guerre administrative

D'une manière générale, les pays européens reconnaissent demander trop de justificatifs aux petites entreprises. Il y a quelques années, la Cour des Comptes française avait ainsi dénoncé un véritable «impôt papier», qui obligeait les entreprises à remplir des formulaires dont la hauteur cumulée ? uniquement pour le lancement de l'activité ? se comptait en dizaines de centimètres. L'injustice principale vient du fait que ce sont très précisément les plus petites entreprises qui souffrent le plus de cette surcharge bureaucratique. Si une structure d'une centaine de personnes peut «facilement» (le terme est mal choisi) dégager des ressources pour gérer l'interface avec l'administration en spécialisant l'une ou l'autre personne à temps plein, ou alors en faisant appel à un cabinet extérieur dédié à ce genre de tâche, une entreprise de moins de 10 personnes se trouve confrontée à ainsi dire la même quantité de rapports, papiers, formulaires? à remplir. On voit du premier coup d'?il l'inégalité relative qui s'instaure. L'énergie demandée pour ce qui ne relève pas stricto sensu de la création et du lancement de l'activité peut devenir, d'une certaine façon, confiscatoire.

Que pourrait faire la Grande Région dans ce domaine? On l'a dit ailleurs et on le répétera, sur un certain nombre de questions administratives, «seul» le Luxembourg bénéficie d'une véritable autonomie législative. Les autres entités sont incluses au sein des trois autres pays entourant le Grand-Duché. De fait, les procédures administratives ne sont que peu concernées par l'activité d'une Grande Région «politique». Par contre, cette dernière peut mettre en commun des ressources pour (re)créer une fois de plus le célèbre guichet unique. Un tel lieu peut s'entendre réel et virtuel. Rassembler des ressources et proposer des outils aptes à accompagner et soulager le créateur d'entreprise (ces outils concernant les différents pays inclus dans la Grande Région) serait d'une utilité certaine ? si tant est que le service soit effectivement presté par après. 

L'ouverture des frontières

Les frontières en Europe ont théoriquement disparu en 1993. Les contrôles sont supprimés, les règles de paiement de la TVA intra-communautaire ont évolué, les fiscalités se rapprochent, bref les biens, les capitaux et les personnes peuvent normalement voyager d'un pays à l'autre aussi facilement qu'à l'intérieur des frontières nationales.

Première constatation: au vu du nombre de frontaliers, en hausse constante, la mobilité des personnes est une réalité effective.

Pour ce qui est des services et des produits, il reste encore trop de différences de législation, d'activités soumises à autorisation spéciale? d'un pays à l'autre. Encore une fois, la taille d'une PME complique la tâche et compromet l'intérêt qu'une entreprise peut avoir à traverser les frontières. Ici encore, les exécutifs respectifs peuvent collaborer pour mettre en place des instituions prêtes à soutenir les entreprises désireuses de s'aventurer à l'étranger.

Promotion de l'esprit d'entreprise

Entreprendre. Prenons l'exem-ple de la Lorraine. Si l'on observe quelques chiffres, on se rendra rapidement compte que la catégorie d'emploi qui a la plus largement souffert de la crise est celle des indépendants. Sur une base 100 en 1975, l'emploi salarié s'est maintenu à environ 95 en 1997, contre à peine plus de 70 pour les indépendants (Source INSEE dans Travailler sans frontières ? Eures)! Que peut-on en déduire? Tout d'abord, premier constat «simple», l'activité d'indépendant est risquée. Faillite, échec, tout est possible. Le but n'est donc pas de promouvoir «à tout prix» un esprit d'entreprise. Il faut être conscient ? ?il', c'est-à-dire nous tous ? qu'entreprendre est une activité risquée. Les investissements ne sont pas que financiers. Les individus et les familles sont concernées par le succès ou l'échec. De fait, la reconnaissance donnée à celui qui prend le risque n'est pas forcément suffisante. On parle bien ici de reconnaissance sociale, par le reste de la collectivité.

Dans cette problématique, les exécutifs peuvent faire beaucoup. La communication et la sensibilisation n'ont pas d'impératifs à être nationales. Une région, une commune, un Land peuvent tous aussi participer à ces promotions. De fait, que ce soit au long des études (collège, lycée, mais pourquoi pas également enseignement supérieur), à destination des personnes sans emploi ou des actifs, il est important ? si l'on veut réellement favoriser la création d'entreprise ? de mettre en avant et valoriser la place que prend l'entrepreneur au sein de la cité.