La fabrication additive, source d’économies, est de plus en plus utilisée dans l’industrie aéronautique (ici chez Airbus), s’inscrivant parfaitement dans une démarche circulaire.   (Photo: Airbus)

La fabrication additive, source d’économies, est de plus en plus utilisée dans l’industrie aéronautique (ici chez Airbus), s’inscrivant parfaitement dans une démarche circulaire.  (Photo: Airbus)

Aux dires de Gilles Poncin et Patrick Wies, partners chez KPMG, l’économie circulaire est «un des plus grands défis transformationnels auxquels les gouvernements et les entreprises doivent faire face». Et même si le concept, en lui-même, ne fait que commencer, doucement, à entrer dans les mœurs, bon nombre d’entreprises, y compris parmi les plus grosses multinationales (Nike, Coca-Cola, Philips…) ont commencé à s’engager dans cette nouvelle façon de faire.

Intégrée dans le grand mouvement tendant à rendre les choses plus «durables», l’économie circulaire promeut la production de biens et de services tout en limitant la consommation et le gaspillage des matières premières, de l’eau et des sources d’énergie. Elle constitue un des piliers transversaux de la troisième révolution industrielle portée par le processus Rifkin. Mais depuis trois ans déjà, le Luxembourg s’est lancé à fond dans la thématique, aspirant à devenir un pôle de compétences et une référence en la matière. Avec à la clé des milliers d’emplois potentiels.

Le cycle de conférences lancé par KPMG mardi s’inscrit dans cette dynamique. Quatre thématiques ont été retenues pour ces manifestations: la circularité dans la chaîne d’approvisionnement, dans la production, les services et la logistique.

Les atouts de la fabrication additive

«Penser ‘économie circulaire’ nous oblige à changer radicalement nos business models, mais aussi notre façon d’être», a expliqué mardi Gilles Poncin. «Cela prend évidemment du temps et de l’énergie.» D’où l’invitation au voyage lancée par la firme de conseil et d’audit, avec une première halte sur la chaîne d’approvisionnement, dont la richesse et la diversité des maillons multiplient les possibilités d’introduire des principes circulaires dans les processus. Depuis la conceptualisation jusqu’à la distribution vers le consommateur final, en passant par la fourniture de la matière première, la production ou encore la gestion des déchets, il est possible d’apporter de nombreuses améliorations et économies.

L’une des grandes tendances du moment est la généralisation des procédés de fabrication additive, autrement appelée la production en 3D. «24% des entreprises utilisent déjà des processus 3D pour la production de certains objets et ce taux monte à plus de 50% pour les principaux acteurs de la chaîne d’approvisionnement», a expliqué Arnaud Hemricourt, management consulting, KPMG Luxembourg, à l’occasion de la conférence de ce mardi. «Et 70% des entreprises considèrent que la fabrication additive va gagner en importance dans le futur.»

Des modèles de management à adapter

Les exemples sont déjà nombreux dans bon nombre d’industries. Dans l’aérospatial, par exemple, un processus de production «traditionnel» génère un «buy-to-fly ratio» (le rapport entre la masse de matière utilisée pour la création d’une pièce et la masse qui vole effectivement) de 33:1, alors qu’une production additive ramène pratiquement ce ratio à 1:1 et permet d’envisager des économies de 50%.

Dans le secteur médical, aussi, 98% des prothèses auditives sont aujourd’hui conçues de la sorte et un laboratoire pharmaceutique américain, Aprecia, a même reçu le feu vert de l’intransigeante Food and Drug Administration, l’autorité américaine de la santé, pour la commercialisation d’une pilule pour la lutte contre l’épilepsie, fabriquée avec une imprimante 3D.

C’est l’ensemble de la chaîne de valeur de la société qui doit être repensé.

Arnaud Hemricourt, management consulting chez KPMG Luxembourg

Et le phénomène peut même toucher directement le consommateur final, qui devient le propre concepteur d’objets à produire en 3D (via le site www.shapeways.com, par exemple), la seule limite étant, sans doute, la taille du produit final, compte tenu de la taille des imprimantes 3D.

«La fabrication additive a un rôle important à jouer dans l’économie circulaire», insiste M. Hemricourt. «Elle conduira à de nouveaux modèles d’affaires qui auront un impact crucial sur les industries et les entreprises. Les modèles de management devront aussi s’adapter et identifier les modèles commerciaux appropriés. C’est l’ensemble de la chaîne de valeur de la société qui doit être repensé.»

Cela ne sert à rien de développer quelque chose tout seul dans son coin.

Eric Logtens, corporate director Circular economy chez Ecor

Ce changement dans les approches business et dans les comportements a également été largement mis en avant par une gamme de produits développée par le groupe américain Noble Environmental Technologies, uniquement basée sur le papier, traitée dans un processus qui ne combine que pression, chaleur et eau. «Le business model circulaire consiste en un ensemble de systèmes à faire fonctionner les uns avec les autres», a-t-il expliqué. «Mais il ne constitue qu’un outil et non pas un but en soi. Il est essentiel de miser sur des partenariats, car cela ne sert à rien de développer quelque chose tout seul dans son coin. Mais cela nécessite aussi que chacune des parties sache exactement ce que fait l’autre et que les valeurs et les ambitions soient également partagées.»

Le deuxième volet de ce cycle de conférences se tiendra fin avril et abordera la production circulaire.