Les jeunes diplômées gagnent la même chose voire davantage que leurs condisciples masculins. (Photo : David Laurent / archives)

Les jeunes diplômées gagnent la même chose voire davantage que leurs condisciples masculins. (Photo : David Laurent / archives)

Les femmes se voient offrir le même salaire quand ce n'est pas un salaire légèrement plus élevé que les hommes à l’embauche. Ce constat issu d’une étude du Ceps/Instead apporte une nouvelle piste de réflexion sur les problématiques de représentation des femmes dans le marché du travail et – surtout – de l’écart salarial par genre (souvent en faveur des hommes).

Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs se sont basés sur les données de l’Inspection générale de la sécurité sociale (IGSS), soit 33.095 recrutements effectués entre janvier 2009 et mars 2012, hors fonction publique.

Plus qualifiées

«La première embauche en entreprise semble en faveur des femmes, ce qui prouve que ces dernières années les femmes sont devenues plus qualifiées que les hommes et que cette qualification joue au moins pour la première embauche», relève Kristell Leduc, chercheuse au Ceps/Intead, au sein du département population et emploi.

Les femmes sont ainsi mieux payées dans les professions intermédiaires (7,4% en leur faveur) recouvrant une large palette de métiers, du technicien à l’infirmier en passant par l’ingénieur. La tendance est la même au sein des professions intellectuelles et scientifiques (+4,5%) et des emplois de services ou de vendeurs (1,8% en leur faveur).

«Les jeunes femmes sont plus fréquemment embauchées dans des métiers déjà fortement féminisés», note l’étude. «Il s’avère que plus la part des femmes recrutées dans une profession est élevée, plus l’écart de salaire selon le genre est faible, voire en faveur des femmes.»

L'influence du secteur ou du métier

Il existe en revanche des professions où leur nombre n’influe pas sur leur salaire. 72% de femmes exercent ainsi le métier de caissiers et guichetiers de banques et de commerce, avec pourtant un écart salarial en faveur des hommes (+13%). L’influence du secteur d’activité ne fait pas de doute. Les hommes sont en effet plus nombreux à être actifs dans le secteur financier – plus rémunérateur – tandis que les femmes sont présentes dans le commerce.

Les femmes sont aussi majoritaires (63%) dans les professions intermédiaires de la gestion administrative mais gagnent moins que les hommes (-4,1%). La cause provient ici du métier, les hommes étant plus souvent embauchés comme comptables, les femmes comme secrétaire. 

Comme le montre l’étude, des tendances masculines subsistent par ailleurs. Les hommes sont très présents dans les métiers manuels, nécessitant moins de qualifications. «Dans les métiers plus pénibles comme celui d’agriculteur, les femmes sont peu présentes, ce qui explique un écart salarial en faveur des hommes», ajoute Kristell Leduc.

Surveiller le décrochage

L’étude note que 36% des femmes sont reprises dans la catégorie professionnelle «membre de l’exécutif & des corps législatifs, dirigeants & cadres supérieurs d’entreprise». Un pourcentage qui reste éloigné de la parité mais qui est encourageant au vu de la population visée: les 15-25 ans lors de la première embauche.

De quoi fonder des espoirs pour accéder, à terme, à des postes à responsabilité. Mais la réalité montre que les femmes, bien que plus actives que par le passé sur le marché du travail, ont encore des difficultés à se hisser en haut de la hiérarchie des entreprises.

«Nous avons prévu d’autres travaux dans la continuité de l’étude», ajoute Kristell Leduc. «Nous voudrions intégrer le niveau diplôme aux résultats et suivre les jeunes pendant plusieurs années pour voir à partir de quel moment le décrochage se fait.» Un décrochage qui intervient, a priori, lorsque la famille s’agrandit et que les parcours professionnel des femmes devient fragmenté.