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Le premier changement majeur concerne la structure de l'actionnariat, au sein duquel l'Entreprise des P&T est montée en puissance. De 40% initialement, elle est en effet passée à un poids de 93,4% du capital social porté à 10 millions d'euros.

Ce renforcement des moyens propres de la société va de pair avec le virage stratégique induit par l'accès au statut de PSF, confirmé la semaine dernière par la CSSF, qui a délivré trois agréments: agent de communication à la clientèle, agent administratif du secteur financier et opérateur de systèmes informatiques et de réseaux de communication du secteur financier. "Notre position est claire: devenir le pôle PSF du groupe P&T, ce qui ne remet nullement en cause notre neutralité et notre indépendance", prévient Yves Reding, General Manager de eBRC.

Les moyens techniques sont, également, en phase de renforcement. De 340 positions de travail pré-équipées, l'offre en matière de "business continuity" va, ainsi, passer à plus de 500 positions. Dans le même temps, un second site, distant d'une dizaine de kilomètres, est en projet. Il offrira, à l'horizon 2006, de nouvelles salles informatiques cloisonnées et complètera l'actuel site Hitec, qui s'étend, depuis 18 mois, à quelques encablures du Goldbell Center, à la Cloche d'Or.

Pour l'heure, les activités de "business continuity" telles qu'elles sont pratiquées ne nécessitent pas de statut PSF particulier, de sorte que rien ne change pour les quelque 20% de clientèle non financière de la société. "Mais nous avons les structures suffisantes pour cloisonner et filialiser, si nécessaire, une partie de nos activités non financières lorsqu'il le faudra", prévient M. Reding.

Active dans la mise en oeuvre de solutions de continuité - la récente panne d'électricité générale qui a touché le Luxembourg le 2 septembre dernier a d'ailleurs permis d'activer avec succès et pour la première fois, en conditions réelles, le site de secours pour un client bancaire - eBRC migre, progressivement, vers une gamme plus étoffée de services en matière de "business resilience", c'est-à-dire la prise en compte de l'ensemble de la sécurité d'une entreprise, dans une approche de risk management complète. Savoir faire face aux risques, bien sûr, mais aussi les anticiper... "Nous sommes par exemple en mesure de prendre en charge le monitoring complet du périmètre de sécurité d'une entreprise, sur la base d'une bonne compréhension des risques encourus, précise M. Reding. Il s'agit-là d'une prolongation naturelle de nos activités en matière de continuity".

Cette évolution dans l'approche stratégique devrait connaître une nouvelle étape d'ici la fin de l'année prochaine, avec la mise en place de services financiers mutualisés et la mise à disposition, à moindre coût, d'infrastructures à destination de la place financière. Une solution qui s'adresse notamment à l'industrie des fonds d'investissement et pourrait permettre de ne faire payer le client qu'à l'opération réellement effectuée. En attendant, eBRC peut proposer, via la plate-forme Managed Security Services, une co-gestion, à distance, des infrastructures informatiques de ses clients.

Le développement du marché et le renforcement des structures financières et techniques de la société incitent également Yves Reding à jeter un oeil intéressé vers l'étranger. Mais pas pour y établir des copies du centre basé à Luxembourg. L'idée est plutôt de capitaliser les compétences déjà établies afin d'attirer les grands groupes internationaux ou bien... de retenir, à Luxembourg, ceux qui auraient des velléités d'aller voir ailleurs. "Au sein des groupes multinationaux, il y a une réelle compétition dans chaque ligne de métier, que ce soit en termes de compétences ou de rentabilité, explique Yves Reding. La performance dans la continuité fait partie des critères concurrentiels qui font qu'un site sera privilégié à un autre".

C'est ainsi que deux grands groupes bancaires internationaux ont décidé de regrouper au Luxembourg une partie de leurs activités, sachant qu'ils pouvaient s'appuyer sur une solution efficace en matière de "business continuity". "On ne se bat plus désormais avec des critères protectionnistes ou défensifs, mais bien plus avec des arguments de performance, résume M. Reding. C'est une réalité concrète, aujourd'hui, et ce le sera encore davantage lorsque nous aurons développé nos services financiers mutualisés".