Avant cette présomption, les entreprises préféraient conserver un original imprimé. (Photo : Licence CC)

Avant cette présomption, les entreprises préféraient conserver un original imprimé. (Photo : Licence CC)

Disruptive Innovation. Le thème est cher à l’Atelier BNP Paribas, en visite cette semaine à l’incubateur Lux future lab de BGL. Disruptive Innovation constitue même le slogan du Centre de veille technologique de la banque, dont la vocation est d’apporter des idées aux entreprises pour les faire évoluer dans leur métier.

Selon Wikipedia, une «disruptive innovation» ou «innovation de rupture» est une innovation technologique qui porte sur un produit ou un service et qui finit par remplacer une technologie dominante sur un marché. Exemples : la machine à vapeur qui remplace le cheval ou la force humaine ; la photo numérique qui chasse l’argentique ; ou bien encore la librairie en ligne qui vient à bout des Virgin Megastore. Un thème bien actuel.

Certains événements de la semaine écoulée montrent que la loi peut être plus « disruptive » encore que l’innovation en elle-même et, en tout cas, sérieusement en accélérer les effets. De quoi imposer aux entreprises un changement radical de business model.

Présumée valable

C’est le cas du texte sur l’archivage électronique, tout juste présenté par Étienne Schneider, ministre de l’Économie et du Commerce extérieur. Cette loi permettra aux entreprises de se passer de la version imprimée de la quasi-totalité de leur documentation juridique. Tout pourra désormais être dématérialisé, avec la sécurité requise. En effet, la copie numérique sera présumée valable jusqu’à démonstration du contraire. Avant cette présomption, les entreprises préféraient conserver un original «en dur».

Autant dire qu’avec ce retournement de la charge de la preuve, absent de la loi de 1986 et que la plupart des autres pays européens n’ont pas encore osé retenir, les imprimeurs vont voir fondre un carnet de commandes déjà sérieusement amoindri par la crise et la concurrence. Surtout qu’il y a fort à parier que les bilans et comptes de résultat, derniers documents à devoir être imprimés, pourront bientôt être, eux aussi, « virtualisés ».

Les acteurs du secteur devront s’adapter au plus vite, par exemple, en optant pour le statut de PSDC (Prestataires de services de dématérialisation ou de conservation), prévu dans la loi sur l’archivage et, ainsi, être en mesure de fournir à leurs clients sans papier des services numériques dont ils ont vraiment besoin. Sinon, ils risquent fort de finir comme Kremer-Muller, déclaré en faillite il y a quelques jours. La loi est dure parfois, mais c’est désormais la loi au Luxembourg.