On attend encore la première grande intervention du Luxembourg président, dans la cacophonie qui tient lieu d'union. (Photo: Sven Becker)

On attend encore la première grande intervention du Luxembourg président, dans la cacophonie qui tient lieu d'union. (Photo: Sven Becker)

Juncker-Asselborn. Ce fut longtemps une appellation pour le gouvernement luxembourgeois. Ce sont aujourd’hui, dans des contextes différents, deux voix luxembourgeoises, pas nécessairement concordantes mais, dans des contextes différents, qui se font entendre sur le plateau européen.

Deux voix luxembourgeoises, et pour ainsi dire les seules, ajouteront sans doute ceux qui attendaient plus de présence et de prégnance de la présidence grand-ducale.

Le dossier grec est un révélateur. On s’y attendait, mais, au bout de la nuit et de négociations à l’arraché tenues à Bruxelles, le Luxembourg président est plutôt resté coi.

Dans la cacophonie générale, alors que Juncker, de la Commission, soufflait le chaud et le froid, seul Jean Asselborn risquait une flèche en direction du grand voisin allemand. La stature de l’ancien, rompu à la diplomatie des affaires étrangères et des affaires européennes en particulier, a permis à l’ex-vice-Premier luxembourgeois de faire entendre la voix du pays censé avoir pris le lead de l’Union.

Ce faisant, l’homme de Steinfort a frappé un coup franc nourri d’expérience, par-dessus le mur des soliloques, des incertitudes et des atermoiements, en direction des buts défendus par Angela Merkel et une partie de la classe européenne, laquelle vise peut-être autant le frondeur gauchiste grec que l’orthodoxie financière.

Dans le même temps, Pierre Gramegna, grand argentier en titre du Grand-Duché, se contentait d’un prudent commentaire, le situant dans une position, aussi confortable qu’intenable, plus géographiquement que politiquement correcte, «entre la France et l’Allemagne». Dans ce qui reste, au moment d’écrire ce billet, le dernier communiqué officiel émis (le 10 juillet) par la présidence luxembourgeoise du Conseil de l’UE, le même Pierre Gramegna soulignait le «texte de compromis» adopté sur le projet de budget de l'Union pour 2016. «Je crois que l’accord politique du Conseil marque le bon équilibre entre l'assainissement budgétaire et les investissements stratégiques dont l’Europe a besoin pour atténuer les effets négatifs de la situation économique et sociale actuelle», a déclaré le ministre des Finances luxembourgeois, en sa qualité de président du Conseil.

Promouvoir et défendre

Même à considérer que les débats ne se jouent pas dans les mêmes hémicycles, l'organe luxembourgeois, si on excepte la tonalité particulière de Jean-Claude Juncker, n’aura donc que peu résonné dans le bourbier grec.

Pendant ce temps, les éminences et commentateurs de tout poil s’emparaient du hashtag «#ThisIsACoup», pour dénoncer «le coup d'État» fomenté par l’Allemagne autoritariste. Et la seule référence directe au Luxembourg plaçait le pays en gardien d’un fonds spécial, dédié à une Grèce sous tutelle. Bien qu'une «Institution for growth in Greece» existe déjà depuis 2012 au Grand-Duché, la France de Manuel Valls a souligné, ce lundi matin, que le fonds hellène serait finalement géré en Grèce.

Placer ainsi le curseur sur l'hébergement de fonds d'autrui n'était peut-être pas la meilleure façon de régler l’image. Cependant, en s'appuyant sur ses forces, le Grand-Duché veut faire de sa présidence une vraie vitrine et se promouvoir en défendant l'idée européenne. Dans le grand marchandage commercial en désunion, iI faudrait peut-être que sa voix émerge, même si c’est pour appeler un renfort caisse.