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 (Photo: Andrés Lejona)

La stratégie fonctionne… Faire du Luxembourg une e-business platform en Europe n’était sans doute pas gagné d’avance. Mais le ranking international du pays en amélioration régulière, sa réputation et, surtout, les bons exemples réussis par de puissants acteurs planétaires parlent d’eux-mêmes. «On a dû convaincre au début. Aujourd’hui, les grands acteurs viennent nous trouver spontanément», résume Jean-Paul Zens, premier conseiller de gouvernement et cheville ouvrière du développement et de la promotion du secteur ICT au Luxembourg au sein de la structure de promotion Luxembourg for Business – Proud to promote ICT.

«Le Luxembourg à la pointe en matière de datacenters», titrait, l’été dernier, une étude de PwC Luxembourg, consacrée à l’offre de services du pays pour les entreprises dont les besoins en TIC sont importants. Tout récemment, un rapport de marché européen de CB Richard Ellis relevait clairement la haute croissance du Grand-Duché en la matière, en consacrant un focus au pays «capable désormais de rivaliser avec les acteurs majeurs du marché IT».

«Nous sommes sur la carte, résume Jean-Paul Zens. Et nous y sommes de mieux en mieux cotés. Il y a cinq ans, nous n’étions nulle part, ou presque.» Le pays a rattrapé son retard et, mieux, en unissant les forces, il s’est hissé à un haut niveau. En optant pour une stratégie commune unissant divers ministères, acteurs de terrain, opérateurs traditionnels et émergents, en mixant in fine la promotion d’un e-pays avec celle de sa place financière, de son économie en général et de son développement socio­économique en tant que terre d’accueil, le Luxembourg a vu juste. Et tire à présent les marrons du feu.

Le Luxembourg, avec ses 17 datacenters (plus deux dans le pipeline) mus par différents opérateurs, publics et privés, répartis sur le territoire afin de diviser les risques, de multiplier les autoroutes optiques et de faciliter l’interopérabilité des lignes, est clairement un hub plus que crédible en Europe, et reconnu comme tel dans le monde entier. «Plus de 31.000 m2 de surface opérationnelle en datacenters de haut niveau de sûreté, c’est plus, par exemple, que les quelque 22.000 m2 disponibles sur Bruxelles, relève Peter Sodermans, conseiller IT du Service des Médias et des Communications du ministère d’Etat. On ne peut pas espérer devenir numéro un et rivaliser avec Londres, parce que notre espace n’est pas illimité. Mais on est en 6e position et on se rapproche de la 5e place, tout de suite après Londres, Francfort, Amsterdam et Paris.» «Les groupes qui réorganisent leur business en Europe ou qui désirent s’y implanter durablement ne peuvent plus ignorer le Luxembourg», développe Jean-Paul Zens.

Pas une fin en soi

Amazon, AOL, Skype et d’autres ont ouvert la voie. La tendance est là, imparable. «Le Luxembourg a les structures et des règles claires. Sur le plan légal, sur le plan des procédures, de la sécurité, de la technologie, des compétences, du business model. Tout est de notre côté. Il y a, derrière tout cela, des enjeux considérables. Car nous allons dans la diversification de l’économie et la création de centaines d’emplois. Les datacenters ne sont pas une fin en soi. Luxembourg est une base opérationnelle, où les décideurs peuvent s’installer, avec leurs équipes. La neutralité du pays, sa position centrale, la qualité de vie et la stabilité du pays, tout concourt.»

Une fois de plus, le Grand-Duché a réussi à fédérer les énergies. «Tout le monde va dans le même sens. Il y a une solidarité active. Attirer les entreprises à haute valeur ajoutée est plus important que la concurrence stérile. Nous avons mis en place tout un écosystème.» Infrastructures techniques et structure de coordination, de promotion et de proactivité mettent le pays dans la cour des grands… tout en gardant le côté «small is beautiful». La recette a déjà fait ses preuves. «Nous avons toutes les semaines des rendez-vous avec de grands donneurs d’ordre», sourit Jean-Paul Zens.

Et il ne s’agit pas de s’arrêter sur cette voie, fût-elle déjà convaincante. «Nous sommes en veille permanente. Pour agir sur la compétitivité des prix, sur la réduction des consommations d’énergie, sur l’élaboration de nouveaux modèles.» Les canaux de communication (satellites, médias Internet, flux vidéo…) évoluent et se développent, offrant de nouveaux débouchés et de nouveaux défis. Des acteurs incontournables sur un marché émergent ont placé le Luxembourg sur leur planisphère. Ce n’est pas encore une victoire. Mais ce n’est pas un hasard.