Guy Daleiden (Film Fund): «Le secteur ne peut vivre que grâce au soutien public.» (Photo: Julien Becker/archives)

Guy Daleiden (Film Fund): «Le secteur ne peut vivre que grâce au soutien public.» (Photo: Julien Becker/archives)

Monsieur Daleiden, à quoi sert Film Fund Luxembourg?
«Le Fonds est un établissement public, qui met en œuvre l’ensemble de la politique du gouvernement en matière de soutien à la production audiovisuelle. Il s’agit donc de la promotion du secteur au Luxembourg et à l’étranger des œuvres réalisées et des professionnels, via deux mécanismes de soutien. Le budget atteint 25 millions d’euros au total.

Le premier est un mécanisme d’aide directe. Les producteurs luxembourgeois basés au Luxembourg bénéficient d’une aide financière sélective du fonds. C’est une avance sur recettes remboursable. Son budget est de 5 millions d’euros.
Le deuxième mécanisme est indirect et fiscal. Il s’agit du certificat d’investissement audiovisuel. Le producteur peut alors recevoir un avantage financier sur base des dépenses faites lors d’une production, en les déduisant de ses impôts. Ce deuxième volet représente environ 20 millions d’euros. Pour l’Etat, ces 20 millions d’euros représentent des non recettes fiscales.

Redoutez-vous qu’avec la crise l’Etat ne réduise les budgets alloués à la production audiovisuelle?
«Je crois que le niveau d’aide est actuellement suffisant pour satisfaire les demandes que nous souhaitons soutenir. Cela dit, le secteur ne peut de toute façon vivre que grâce au soutien public. C’est vrai au Luxembourg et en Europe. Entre 500 et 600 personnes vivent de ce métier au Luxembourg. Il faut être conscient que ces personnes ne peuvent travailler que si l’Etat soutient les œuvres. Une réduction des subventions aurait des conséquences en termes d’emplois. Pour 2011, le gouvernement a maintenu les aides au même niveau, sans les réduire, ni les augmenter.

Que retenez-vous de ces 20 années du Fonds?
«Je retiens d’abord les 500 œuvres réalisées tous formats confondus (courts, moyens, longs métrages, séries…). Nous sommes passés du stade amateur au stade professionnel. Des acteurs et réalisateurs viennent désormais tourner au Luxembourg. Ce n’est pas négligeable. Le deuxième point essentiel, c’est la création d’un Prix du film luxembourgeois («Filmpreis»), à l’image des Césars en France ou du Filmpreis en Allemagne. Cela démontre que le secteur est vivant, en plus de souligner l’excellence de la production. Il y a une vraie demande pour réaliser des œuvres au Luxembourg. Pour l’avenir, nous devons être prêts à évoluer. Il y a trois ans, nous avions déjà reconfiguré nos aides pour les ouvrir vers l’Europe.»