Les 25, 26 et 27 mars derniers, le CRP Henri Tudor organisait les "Journées du Libre", dont le dernier volet était destiné à "lever le voile sur certains aspects connexes ? juridiques, économiques,? - à l'open source" et à "présenter des témoignages de personnes qui ont choisi cette alternative", comme l'a indiqué Jean-Charles Bernacconi, responsable de l'Observatoire des Nouveaux Médias.
Thomas De Praetere, responsable de la plate-forme de formation open source "Claroline.net" à l'Université Catholique de Louvain-la-Neuve, n'hésite ainsi pas à dire, en clin d'oeil, que le logiciel libre a changé sa vie. Des deux courants qui existent selon lui dans le libre - le fanatisme et le pragmatisme - il choisit plutôt le second, et s'en explique: "ce qu'attend la communauté du libre, c'est de séduire l'utilisateur final, qui ne connaît pas bien ce monde. Je suis un exemple parfait de converti: j'ai d'abord été un utilisateur de logiciels propriétaires, je suis devenu utilisateur de logiciels libres? avant de me tourner vers le développement en libre".
Tout a commencé en 1998, lorsque l'UCL a décidé de mettre en place un système d'e-learning. Le plus facile était d'acheter une licence de logiciel spécialisé, ce qui fut fait. Cependant, le logiciel avait beau présenter une quarantaine d'outils, un professeur imaginatif n'y trouvait pas son bonheur: un forum' fonctionnalité qui était implémentée sur d'autres logiciels. "Nous ne pouvions pas continuer à imposer un logiciel simplement parce que nous l'avions acheté, alors qu'il ne correspondait pas totalement aux besoins des utilisateurs. Nous avons donc construit un site web en 'collant' divers outils existant dans la communauté open-source, que nous avons choisis en fonction des demandes", commente Thomas De Praetere. Ainsi naquit, en avril 2001, "Claroline.net", développé en php MySQL.
M. De Praetere estime que les outils sont meilleurs grâce à l'open source: " Dans les forums consacrés au logiciel libre s'effectue une sélection darwinienne, on sait quels outils les gens préfèrent et pourquoi. Nous pouvons améliorer 'Claroline.net' constamment, puisque nous envoyons les lignes de code à la communauté, qui nous les commente". Il continue: "Nous pensions faire 80% de 'recyclage', mais nous avons fait moins. Nous avons par exemple développé l'agenda nous-mêmes".
Les économies que réalise l'université ne sont pas négligeables: pas de licence à acheter et, vu la simplicité d'utilisation, pas besoin de former les professeurs à la création de cours ou les élèves à utiliser le site, pas d'assistance technique. En outre, plutôt qu'une armada de développeurs, seules 3 personnes travaillent sur le projet, uniquement pour satisfaire les attentes des utilisateurs ? qui ont déjà déposé pas moins de 180 suggestions de perfectionnements.