Après plusieurs plans sociaux dans le secteur bancaire, l’Aleba estime que le mouvement de concentration va se poursuivre. (Photo: Christophe Olinger)

Après plusieurs plans sociaux dans le secteur bancaire, l’Aleba estime que le mouvement de concentration va se poursuivre. (Photo: Christophe Olinger)

Monsieur Scolati, les fintech sont présentées par beaucoup comme une opportunité à saisir pour la Place. Quels impacts pourraient-elles avoir selon vous?

«J’ai lu récemment qu’une House of Fintech faisait l’objet de discussions, qu’il y aurait une possibilité d’avoir une structure où les différents acteurs pourraient se rencontrer et bénéficier des compétences qui existent sur la Place. À mon avis, il faut que nous allions dans cette direction, nous ne pouvons rester en retrait sur un tel potentiel.

Et qu’en serait-il des conséquences potentielles sur les salariés du secteur?

«Il y en aura des directes et des indirectes, notamment sur leur mode de travail. Mais ce sera aux différentes entreprises de veiller à ce que les salariés soient formés pour aller dans la bonne direction. Il y a une étude qui indique qu’avec l’économie digitale, il y aurait une possibilité de perte d’emploi de 47%. Ceux qui seraient les plus impactés seraient les personnes qui n’auraient pas suivi d’études universitaires. Donc là aussi, les entreprises doivent veiller à ce que ces salariés soient formés pour qu’ils ne risquent pas de perdre leur emploi.

Dans ce cadre, la requalification du personnel de la Place vers la gestion haut de gamme est-elle achevée?

«Non. Il y a encore du travail à faire. Dans ce cadre, l’École supérieure du travail (EST) est amenée à revoir toute sa panoplie de formations. La démarche est en cours avec les partenaires sociaux.

Cela va se traduire par la mise en place d’un niveau d’études minimum?

«Depuis plusieurs années déjà, seules les personnes ayant un bagage universitaire, au minimum bac+3, sont engagées. Pour nous, il est vital de mettre en place de nouvelles formations en lien direct avec le digital ou avec la prévention des risques de l’ICT. Car la Place ne peut, encore une fois, rater les opportunités liées au secteur des fintech.

Donc, à l’avenir, les salariés devront être plus spécialisés…

«Oui. Et selon toute vraisemblance, le nombre de personnels actifs sur la Place aura diminué. Mais, selon moi, il y aura un transfert des salariés aujourd’hui actifs dans le secteur bancaire et assurance vers celui des fonds. C’est inévitable, car les petites structures qui seront amenées à disparaître vont migrer vers d’autres acteurs plus importants, que ce soient des gérants de fortune ou autres.

Une évolution qui devra être suivie de près donc.

«Absolument. Notre souci actuellement tient dans le fait que les gens qui devaient migrer comme je le décrivais ne bénéficient pas encore d’une convention collective. Notre souhait est donc de mettre en place un tel contrat pour les PSF et PSA. Pour y parvenir, nous allons continuer à établir des contacts. Nous avons déjà rencontré l’Alfi, mais cela n’a pas abouti, car eux, contrairement à l’ABBL par exemple, ne sont pas une structure patronale. Nous voulons une convention alignée sur celle en vigueur au sein du secteur bancaire et des assurances pour que les personnes qui migrent d’un secteur à l’autre ne soient pas perdantes. 

La nouvelle loi sur le dialogue social est entrée en vigueur. Quel impact peut-elle avoir sur cet aspect de la vie des entreprises de la Place?

«Le dialogue social au sein de certaines entreprises fonctionne à merveille depuis des années, dans d’autres peut-être moins. La nouvelle loi est une bonne chose, même si elle était destinée à entrer en vigueur il y a quelques années déjà. Mais c’est loin d’être abouti, elle n’est pas allée assez loin à notre goût. Certains paramètres de représentation dans les conseils d’administration ne sont pas optimums, de même que l’absence d’un vrai financement des délégations du personnel par l’employeur. Cela va tout de même dans le bon sens, car le texte permet d’impliquer davantage les délégués via la disparition des comités mixtes. Du coup, ces derniers peuvent plus facilement faire remonter les doléances.»