Les films pour les adolescents brassent des sujets de société. (Photo: Patrick Muller)

Les films pour les adolescents brassent des sujets de société. (Photo: Patrick Muller)

Au cours de ses précédentes éditions, le Luxembourg City Film Festival s’est déjà illustré par sa sélection de films socialement engagés, portés par des histoires fortes traitant des complexités du monde moderne. Le cinéma a toujours été le reflet de son époque, et l’équipe organisatrice du festival croit fermement qu’il dispose d’atouts propres susceptibles d’aborder avec force et pertinence ces problématiques.

Le cinéma est, par essence, un outil éducationnel des plus efficaces, notamment auprès d’un public adolescent soucieux de se construire une opinion. Ainsi, chaque projection du programme scolaire du festival sera suivie par des discussions encadrées par des experts. La sélection de films de cette 8e édition traite du harcèlement scolaire, de l’homosexualité, du racisme, de l’intégration, ou encore de l’immigration ou du concept de frontières.

Le programme des séances publiques et scolaires

Le 3 mars, en séance publique, le film d’animation «Dans un recoin de ce monde» de Sunao Katabuchi nous entraînera dans le Japon pendant la guerre. La jeune Suzu quitte Hiroshima en 1944, à l’occasion de son mariage, pour vivre dans la famille de son mari à Kure, un port militaire. Même si la guerre rend le quotidien de plus en plus difficile, la jeune femme cultive la joie et l’art de vivre. Mais en 1945, un bombardement va éprouver son courage.

«Amelie Rennt» de Tobias Wiemann montre une jeune fille qui s’échappe du sanatorium où elle est soignée au Tyrol du Sud pour retrouver, avec Bart, un garçon de ferme, un sommet fabuleux où un ancien rituel du feu promet la guérison de son asthme.

Le documentaire «Schwaarze Mann» de Fränz Hausemer dévoile une histoire étonnante. En 1912, Jacques Leurs, un petit garçon noir, est déposé chez ses grands-parents au Luxembourg. Le père luxembourgeois retourne au Congo, auprès de la mère du petit. Jacques ne les reverra plus jamais. Si son identité complexe fait subir les pires revers à Jacques, elle est aussi à la source de sa sensibilité pour la souffrance d’autrui et devient ainsi le formidable moteur de son engagement pour le changement politique et social. Un portrait intime du premier homme noir à nationalité luxembourgeoise.

Photo de Jacques Leurs par Tony Krier (© Samsa Film)

 

«1:54» de Yan England peut être considéré comme une campagne de prévention géante contre le cyber-harcèlement en milieu scolaire. Depuis quatre ans, Tim subit les moqueries de Jeff. Mais lorsqu’il fait face au suicide de son unique et meilleur ami Francis, qui était lui aussi victime d’intimidation, Tim décide de frapper là où ça fait mal. Ainsi, il reprend l’athlétisme, au grand dam de Jeff. S’ensuit une rivalité entre les deux jeunes hommes, entre la victime et son intimidateur. Pour s’emparer de la seule place disponible aux nationaux d’athlétisme, Tim devra battre le temps de son adversaire au 800 mètres: 1:54’.

Très fort est aussi le film «Chucks» de Gerhard Ertl et Sabine Hiebler. Lorsque Mae est envoyée faire du bénévolat dans un centre de lutte contre le sida, elle rencontre Paul et tombe amoureuse de lui. Dans un livre intitulé Chucks, elle écrit sa propre histoire, entre la vie et la mort: sauvage, tendre et résolument honnête.

Le documentaire «When Paul came over the sea – Journal of an encounter» signé Jakob Preuss suit l’histoire d’une amitié extraordinaire entre le réalisateur et Paul Nkamani, un réfugié camerounais rencontré au Maroc, qui attend de traverser la Méditerranée pour rejoindre l’Europe. Au lieu de simplement relater le voyage de Paul, Jakob décide d’agir et de l’aider à rejoindre l’Allemagne.

Le festival est aussi l’occasion de voir certains films avant leur sortie en salle. L’avant-première luxembourgeoise de «The Breadwinner» de Nora Twomey aura lieu en présence de l’équipe du film, en grande partie réalisé au Luxembourg. Parvana, 11 ans, vit avec sa famille dans un minuscule appartement à Kaboul, ville sous le joug des talibans. Un jour, le père de Parvana est arrêté. Les femmes ne pouvant sortir de chez elles sans être escortées par un homme, la mère de la fillette se retrouve coincée dans leur appartement, sans moyen de subvenir aux besoins de la famille. Alors que le manque de nourriture se fait cruellement sentir, Parvana se coupe les cheveux et se déguise en garçon pour pouvoir sortir, aider sa famille et sauver son père.

Le film s’attaque à la misogynie et au chauvinisme de l’Afghanistan d’aujourd’hui tout en mettant en lumière l’importance de l’art de la narration, qui est à la fois un moyen de supporter les affres de ces situations et une manière de faire changer les choses.