L'ancien partenaire Thierry Leyne (ici à gauche), qui s'est suicidé le 20 octobre, va-t-il porter le chapeau du naufrage de LSK? (Photo: Canal+)

L'ancien partenaire Thierry Leyne (ici à gauche), qui s'est suicidé le 20 octobre, va-t-il porter le chapeau du naufrage de LSK? (Photo: Canal+)

Le conseil d’administration du holding financier Leyne Strauss-Kahn & Partners a déposé une plainte contre X pour abus de biens sociaux le 4 novembre dernier devant le Procureur d’État, soit au lendemain de l’introduction d’une procédure en faillite sur aveu. Deux jours plus tard, le 7 novembre, le tribunal siégeant en matière commerciale déclarait LSK en faillite et nommait l’avocat Laurent Fisch comme curateur.

Ce jugement eut un effet domino sur les autres filiales du groupe LSK au Luxembourg, dont la société de gestion Assya Asset Management.

Parallèlement à cette démarche du conseil d’administration (l’avocat «historique» de LSK, Arnaud Sagnard, a signé cette procédure) amputé de la plupart de ses membres (DSK avait démissionné de la présidence le 20 octobre, soit trois jours avant le suicide du fondateur Thierry Leyne, le Russe Youri Borissov avait, lui, rendu son tablier le 30 octobre, par courrier), DSK, l’ancien directeur général du FMI reconverti dans la finance, saisissait à son tour le Procureur d’une plainte identique, mais cette fois en son nom propre, n'étant plus membre du conseil d’administration.

Tournure pénale par anticipation

L’affaire LSK a donc pris une tournure pénale par anticipation et nul n’est dupe de la démarche ayant sous-tendu à la saisie de la justice. Il paraît clair en effet qu’en saisissant le Procureur, les administrateurs ont d’abord désigné un bouc émissaire, même si leur plainte ne désigne pas nommément Thierry Leyne, cédant ainsi à la tentation de faire porter la responsabilité du naufrage du groupe sur l'associé tragiquement disparu.  

Ce faisant aussi, ils ont sans doute cherché à compromettre d’autres actions éventuelles du Parquet de Luxembourg ou du liquidateur. Reste que cette démarche pourrait se retourner contre ceux qui en sont à l’origine.

Il est encore prématuré de savoir la suite que le Parquet de Luxembourg réservera aux plaintes contre X. À ce jour, aucune information préliminaire n’avait été initiée, la justice devant attendre le premier inventaire dressé par le liquidateur, respectivement curateur des différentes entités du navire LSK, avant de pouvoir envisager une quelconque action en responsabilité et déterminer si Thierry Leyne pouvait porter seul le chapeau.

Quels moyens pour quelle procédure?

Ses anciens partenaires en affaire n’avaient pas hésité, la veille de leur plainte, à déclarer dans un communiqué leur surprise à découvrir des «engagements supplémentaires au sein du groupe dont ils n'avaient pas connaissance et qui aggravent sa situation financière délicate», selon un communiqué de LSK. «Le conseil d'administration, poursuivait le texte, a constaté que ces nouvelles informations remettaient en cause la continuation de la société LSK, dont le crédit est irrémédiablement compromis. Par voie de conséquence, il a décidé de procéder à la déclaration de cessation des paiements de la société.»

C’est désormais à l’avocat Laurent Fisch de déterminer s’il y a matière à engager la responsabilité des administrateurs et ex-administrateurs de LSK. Toutefois, la marge de manœuvre du liquidateur pour agir au niveau pénal sera largement déterminée par les moyens financiers qui seront à sa disposition pour engager des procédures, forcément à l’étranger et à grands coûts. Pour cela, il devra puiser dans les actifs. Mais qui dit qu’il reste encore quelques billes à récupérer dans le naufrage du groupe LSK?