Laura Foschi et Corinne Molitor n’arrivent pas en terrain inconnu. (Photo: Nader Ghavami)

Laura Foschi et Corinne Molitor n’arrivent pas en terrain inconnu. (Photo: Nader Ghavami)

Le hasard aura voulu que le changement de gouvernance à la tête d’Ada (Appui au développement autonome) débouche sur un duo féminin. L’assemblée générale de l’ONG, qui s’est déroulée ce jeudi, a en effet validé les nominations de Laura Foschi en tant que directrice exécutive et Corinne Molitor en tant que présidente. 

La nouvelle directrice exécutive n’arrive pas en terrain inconnu, elle qui a rejoint Ada en 2013 et secondait déjà Olivier Massart – parti vers de nouvelles aventures – depuis 2016. Il lui revient donc de poursuivre le travail entamé en 1994 par l’ONG afin d’aider les populations exclues des circuits financiers traditionnels et en particulier des services bancaires, dans les pays en voie de développement.

Donner un sens à la finance

«Après un parcours dans la banque, j’ai souhaité m’orienter vers la microfinance pour donner un sens à la finance qui, selon moi, doit donner une possibilité aux personnes de concrétiser leurs rêves, leurs ambitions», déclare à Paperjam Laura Foschi. «Je vois d’ailleurs que la finance ‘mainstream’ s’interroge, que les investisseurs cherchent à obtenir de l’impact avec leur argent.»

Grâce à son expérience auprès du réseau Etimos en Italie qui regroupe différents acteurs – dont des banques – pour soutenir des populations dans des pays en voie de développement, Laura Foschi coordonne désormais le travail entamé par Ada dans le financement, l’accompagnement et la professionnalisation des Institutions de microfinance (IMF), ces organismes qui agissent sur le terrain pour financer les projets défendus par les habitants. Ada conseille également différents régulateurs des pays concernés pour ajuster un cadre légal pas forcément optimal lorsqu’il s’agit de penser microfinance.

Les fintech en support

L’action de l’ONG qui compte un budget de quelque 10 millions d’euros et emploie une quarantaine de personnes a vu le soutien du ministère des Affaires étrangères via sa direction de la coopération au développement et de l’action humanitaire renouvelé en début d’année, autour d’un plan stratégique 2018–2024.

Ada souhaite ainsi jouer «le rôle de catalyseur dans la genèse, l’identification, le développement et la mise en œuvre de solutions facilitant le développement inclusif.» Ses zones d’action comprennent l’Afrique francophone, l’Asie du Sud-Est, l’Amérique centrale et latine. 

Parmi les outils utilisés pour atteindre cet objectif, le digital et en particulier les fintech font l’objet d’actions renforcées et matérialisées depuis 2017 par la Digital Finance Initiative qui cible 12 pays d’Afrique subsaharienne.

«Le digital permet d’accéder dans des régions très éloignées où l’infrastructure n’est pas adaptée, pointe Laura Foschi. Le Luxembourg peut apporter un soutien important sur ce sujet en transférant ses compétences et en collaborant avec des fintech. Nous avons commencé à accompagner certaines institutions de microfinance qui ont intégré le digital dans leur stratégie. Nous identifions avec elles les fintech les plus adaptées à leurs besoins.» 

Du microcrédit au leasing

Partie prenante et interlocuteur de premier plan du Luxembourg Microfinance and Development Fund (LMDF) qui intervient en tant que bailleur de fonds pour les IMF, Ada poursuit la réflexion sur le financement de l’ensemble de la chaîne de valeur d’un projet, au-delà du prêt initial. Cette réflexion est concentrée en particulier sur les projets agricoles qui pourraient ainsi nécessiter des besoins en leasing pour du matériel.

«Nous sommes une plate-forme où nous pouvons imaginer de nouveaux produits, offrir une plus grande variété dans la finance responsable», déclare Corinne Molitor, la nouvelle présidente, elle-même investie auprès d’Ada depuis ses débuts.

Relais d’Ada dans la région lorsqu’elle a vécu en Thaïlande, Corinne Molitor poursuit son engagement dans la finance responsable depuis son retour au Luxembourg en 2016, elle qui avait initié les Midis de la microfinance et travaillé sur l’offre en fonds responsables et produits adaptés pour les clients de la Banque de Luxembourg au sein de laquelle elle a travaillé durant 21 ans.